Django Unchained de Quentin Tarantino

- 22/01/13 01:54

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Trois ans à traquer les photos de tournage et les brides d’interviews, à attendre que le casting soit dévoilé, à décortiquer le moindre teaser pour passer le temps … trois ans avant qu’enfin DJANGO UNCHAINED pointe le bout de son nez. Tout laissait présager un grand film : Inglorious Basterds avait remis unanimement Tarantino sur un piédestal et la présence de Samuel L.Jackson et Christopher Waltz, deux valeurs sûres de l’œuvre de Mr T., avaient attisé en nous un feu que les fans connaissent bien. Et c’est finalement en ce début d’année 2013 que Tarantino nous dévoile sa version du Western à la fois violente, drôle et dénonciatrice.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter l’œuvre de Tarantino, tout amateur de musique a forcément écumé les bandes originales de ses films (même des moins bons) et si vous avez êtes retrouvé devant un seul écran depuis 20 ans, j’ose espérer que c’était pour voir Reservoir Dogs ! Débarrassons nous tout de suite des critères habituels que sont les qualités cinématographiques du film, son scénario, sa réalisation, sa photographie, etc. Le scénario est simple et efficace comme souvent chez Tarantino, bien qu’il soit truffé de détails ingénieux. La réalisation est impeccable alliant d’excellentes idées un peu farfelues et des références pointues au cinéma de genre. Voilà, ça c’est dit et si vous voulez creuser d’avantage, dirigez votre pelle vers une des nombreuses critiques cinéma qui fleurissent ces jours-ci sur Django Unchained, vous y trouverez votre bonheur.

Chez Tarantino il y a deux aspects qui m’ont toujours fasciné : ses bandes originales et ses dialogues. Avec Django Unchained, il prouve une nouvelle fois sa capacité à créer tension et passion via ces deux éléments. Intéressons-nous donc à Quentin Tarantino, compositeur.  S’il a toujours préféré utiliser des musiques existantes et avec une identité forte et marquée, c’est sûrement qu’il estime que ses films sont déjà pleins de musique d’ambiance. S’il on y réfléchit bien, la qualité des dialogues écrits par Tarantino, crééent une œuvre formidable qui accompagne ses films de bout en bout, les chansons de la bande sons n’étant que des entractes entre deux dialogues. La diction est travaillée et le choix des mots est toujours exemplaire, jamais anodin. Quant aux thèmes abordés, même lorsqu’ils semblent dénués d’intérêt ou simplement futiles, ils nous plongent dans la psychologie des personnages et nous mettent dans le bon état d’esprit pour apprécier le film. Attention toutefois, il ne s’agit pas là d’intellectualiser. Ces dialogues sont presque théâtraux, puissants, ils marquent les esprits et l’on s’étonne souvent  de replacer ces « presque vers » dans une conversation de tous les jours. Ici, pas de réflexion sur le sens de la vie (de l’univers et tout ce qui est), pas de complications ou de déchirements complexes des personnages, non, il s’agit de profiter de l’instant et de l’œuvre qui s’offre à voir. Django Unchained en est une parfaite démonstration. Entre contes allemands, cours de lecture et autoréflexion sur le rôle de personnage et son costume, le film offre sont lot de tirades cultes et je me garderai bien de vous les dévoiler car cela serait un gâchis. Ces citations sont clairement indissociables du film dans son intégralité.

Avec ces dialogues musicaux, Tarantino crée des ambiances, il nous berce tranquillement et fait monter une pression presque insurmontable avant une explosion d’action et d’hémoglobine comme si, finalement, céder à la tentation et à ses instincts les plus naturels et classiques, s’avérait être la solution à tous les problèmes du genre humain. Et les bouts de chair, d’os, de peaux et autres joyeusetés tiennent, dans Django Unchained, le rôle principal. Chez Tarantino, pas de sexe. La jouissance arrive par le sang après des scènes que certains qualifieraient d’interminables où la pression grimpe jusqu’à son paroxysme. Et cette soudaine violence se veut aussi brève qu’intense. On penserait facilement ici à des morceaux de Cult Of Luna ou de post hardcore en général sauf que l’on ne retrouve pas de mélancolie chez Django Unchained ni de grandeur mélodique, c’est l’intimisme qui prime et d’ailleurs il n’y a jamais beaucoup de monde devant l’écran. L’art mineur est mis à l’honneur.

Quid de la bande originale me direz-vous ? Car c’est bien elle avant tout qui constitue l’essence de ce que nos tympans traduisent tout au long du film. Celle-ci reprend le principe développé dans Inglorious Basterds : exit les chansons désuètes reprises telles qu’elles, désormais ce sont soit de vieilles bandes originales réenregistrées pour l’occasion, soit des ovnis musicaux concoctés avec soin. Bien sûr, Django Unchained est un Western et on retrouve, plusieurs morceaux d’Ennio Morricone retravaillés. On est également agréablement surpris par l’intervention d’un morceau de hip hop (sur une instru western tout de même). Pour le reste, la musique est, une fois n’est pas coutume chez Tarantino, mise au service du film et non l’inverse. Ainsi plusieurs titres viennent nous présenter les personnages principaux Django et King Schultz.

Django est un délice que l’on ne se lasse pas d’observer et surtout d’écouter. On s’imagine bien fermant les yeux et se laissant emporter par les mots et les sons qui s’offrent à nos oreilles. Ce serait pourtant bien dommage car l’image vaut clairement le coup d’œil. Tarantino, finalement c’est un peu comme un concert, l’entendre c’est bien mais l’entendre et le voir, c’est mieux !

 

CellarDoor

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