The Darkest Hour de Chris Gorak

- 03/02/12 02:08

darkest

Des films sur les invasions extra-terrestres il y en a eu, des gentilles (E.T de Steven Spielberg, District 9 dans une moindre mesure ou la série Alf), mais surtout des méchantes avec des vilains pas beaux venus nous détruire pour des raisons pas toujours claires, qu’elles soient justifiées par un besoin d’ordre naturel dans The Day The Earth Stood Still de Robert Wise puis Scott Derrickson ou juste histoire de nous faire chier dans SignesIndependance DayLa Guerre des Mondes ou plus récemment Skyline. Bref le sujet a été visité et revisité, et les scénaristes se doivent donc de faire évoluer non seulement le fond mais aussi la forme pour ne pas réchauffer une recette qui a rarement connu un succès critique, à défaut d’ameuter le public.

Le postulat de départ de The Darkest Hour c’est que les nouveaux aliens qui envahissent notre planète fonctionnent à électromagnétisme. À l’instar des humains dans Avatar qui viennent piller sans vergogne la verdure qui nous fait défaut, ces braves viennent ici pour récupérer également des matériaux indispensables à leur survie, et au lieu de demander gentiment ils nous désintègrent violemment, donnant lieu à des scènes assez violentes et pourtant sans sang. Une scène est déjà culte, celle du chien sur la Place Rouge. Car oui ce film americano-russe (si si des fois ils collaborent) se déroule à Moscou, une occasion de voir une invasion autrement que par un œil américano-américain même si ici les protagonistes sont des ressortissant du pays de l’Oncle Sam. En créant des ennemis invisibles et en supprimant les giclées de sang et autres démembrements Chris Gorak s’est évité pas mal d’effets spéciaux à produire (et à payer), quand bien même ceux présents sont plutôt bien réalisés (de la part d’un ex directeur artistique de grosses production comme entre autres Fight ClubMinority Report et Las Vegas Parano, ce n’est pas réellement une surprise). On a donc une invasion extra-terrestre, pas d’effusions de sang, quelques lumières qui clignotent comme moyen de repaire (ils sont électromagnétique je le rappelle) et pour couronner le tout les quatre premiers jours de l’invasion sont passés dans la cave d’un club moscovite en une vingtaine de secondes : on démarre mal.

Je passerai outre le rap russe qui nous sert d’introduction pour faire un point sur les personnages, dont l’identification et la compassion nécessaire au genre se veulent immédiates, en tout cas c’est ce qu’a essayé de faire Gorak dans les premières scènes où nos deux héros (dont le bien triste Emile Hirsh qui passe de Into The Wild et Taking Woodstock à ça…) se retrouvent soumis à la cruauté du monde des affaires : un peu pathétique. En outre aucun des personnages crées ne luit, Olivia Thirlby n’a pas le charisme suffisant pour supporter la touche féminine à elle seule, et Max Minghella (The Social Network) n’existe pas vraiment, à part comme faire valoir de Hirsh avec qui il forme le duo brain/muscle classique. Le film ne partage avec le survival horror que le côté jeux vidéo : aller d’un point A à un point B sans se faire prendre par les méchants. Pas vraiment de suspense, une mise en scène et un scénario paresseux qui éludent tout ce qu’il y a de fun dans les films dits d’extra-terrestre mais en n’oubliant pas de plomber l’ambiance en nous proposant une vision « alien eye », plaçant le spectateur au dessus des personnages et non pas avec eux, détruisant le peu d’immersion que l’on aurait pu avoir. Les extra-terrestres représentent les seuls les points positifs du film…lorsqu’ils se montrent. La première scène les plaçant dans l’objectif est très bien pensée, le superbe contraste entre beauté et danger ressort parfaitement, mis en avant par le « it’s beautiful » d’une protagoniste avant de voir la bête atomiser un agent des forces de l’ordre. La version visible des envahisseurs – car ils ne restent pas éternellement invisibles – est également originale et donc une réussite.

Un film que l’on qualifierait de « bof », pas vraiment nécessaire, il se laisse regarder un dimanche de pluie, mais vraiment rien d’exceptionnel. Seul les gros amateurs de films d’invasions extra-terrestre pourront peut-être apprécier à juste titre ce film où je suis pour ma part complètement passé à côté.

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