Tintin et le Secret de la Licorne de Steven Spielberg

Rêvée par Hollywood, redoutée par les Tintinophiles, l’adaptation cinématographique du célèbre reporter belge a toujours crée des controverses. Qui de mieux que l’inénarrable Steven Spielberg pour lancer ce projet ambitieux, qu’il a longtemps fantasmé, avant qu’il devienne une réalité. Dans le premier opus de ce qui devrait être une trilogie trois albums du « premier super-héros roux » sont adaptés : Le Crabe aux Pinces d’Or, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Tous ces albums se sont entremêlés pour finalement en faire sortir un scénario complet, brillant et cohérent malgré des changements notables vis à vis des livres. Étant pourtant un grand fan des originaux de Tintin ces différences ne me dérangent pas puisqu’une réécriture linéaire des albums ou même des dessins animés de 1991 n’aurait pas été si croustillante.

Quand on sort de la salle de projection le premier mot qui ressort est « superbe » tant la texture de l’image est parfaite. Grâce à une 3D nettement améliorée on apprécie vraiment mieux l’univers crée et la fidélité des couleurs qui faisait le charme des albums. La motion capture – qui met en scène le maitre en la matière Andy Serkis en tant que Capitaine Haddock – me paraît être le compromis idéal, car un film en prises de vue sont réelles n’auraient pas rendu justice à l’oeuvre de Hergé (cf les versions avec Jean-Pierre Talbot) et les dessins animés ont déjà été fait en 1991. Cette motion capture permet des prises de vues absolument impossible et une précision dans les gestes « humanisés » des personnages, le tout donnant des scènes à couper le souffle, comme cette course poursuite à travers une ville du Maghreb transformée en plan séquence absolument époustouflant. Excepté une scène piqué à Pirates des Caraïbes 3 il n’y a rien à redire au niveau de la réalisation, et franchement on n’en attendait pas moins de Spielberg. Au delà de cette image incroyable qui vaudra probablement à Spielberg pas mal de récompenses dans les catégories meilleurs films d’animation, il y a ce scénario digne des polars, qui tient la route et qui nous aspire littéralement à l’intérieur de cet univers pour en ressortir désarçonné après le final un peu brutal. Les personnages hauts en couleurs que l’on a appris à connaître comme les Dupond et Dupont, le Capitaine, le bad guy Alan (ici secondaire) ne feront pas oublier l’absence de Tryphon Tournesol, qui manque un peu en terme d’humour même si l’impayable Capitaine Haddock et son jargon atypique rempli parfaitement son rôle. De plus comme je l’ai lu ici et là, la version française du film devrait être plus savoureuse que la V.O tant certaines expressions sont agrippés à l’univers d’Hergé et ne pourront jamais être traduites. Steven Spielberg a réalisé un travail colossal pour cette adaptation tout en respectant certaines directives de l’écrivain, comme l’absence de téléphone portable ou tout simplement d’indices temporelle, rendant l’oeuvre presque immortelle.

Une réussite pour le duo Spielberg/Jackon avec une adaptation fidèle qui a juste ce qu’il faut d’originalité. Ce dernier a d’ailleurs signé en tant que réalisateur pour le deuxième opus qui devrait couvrir les albums Le Trésor de Rackham le Rouge, Les Sept Boules de Cristal et Le Temple du Soleil. Le réalisateur de Jurrassic Park, E.T ou encore des Indiana Jones s’est bien rattrapé après sa dernière bouse cosmique qu’était Le Royaume du Crâne de Cristal.