#42 Seb of Sublime Cadaveric Decomposition

- 26/03/13 17:38

scd

À quel âge avez-vous commencé à chanter ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

L’album qui m’a fait m’intéresser à la musique c’est Live After Death de Iron Maiden que j’ai découvert en 1987 quand j’avais 13 ans (un peu après sa sortie vers 84/85).

Ça ne correspond pas du tout à mes capacités comme chanteur, mais ça m’a fait découvrir qu’il y avait autre chose que ce qu’on entendait à la télé ou à la radio, et que cette musique était « faite pour moi ».

Je ne connaissais personne qui écoutait ça à l’époque, mais à chaque nouvel album, je découvrais les variétés de style et mes préférences personnelles.

Mais ce qui m’a définitivement donné envie de chanter, c’est toute la vague death metal que j’ai découverte entre 1988 et 1990 (de 14 ans à 16 ans). J’achetais tous les albums death qui sortaient à cette époque, je les écoutais en regardant les pochettes des vinyles, en lisant et chantant les paroles. Je pense que ça commence probablement toujours comme ça …

Avec le chant vient l’écriture, écrivez-vous vos propres textes ? Si oui, sur quoi aimez-vous écrire ?

Quand on a formé le groupe, on était influencé par le death métal, qui était notre culture de base, et par la scène plus underground du crust et du grind gore qui nous avait rassemblés. Les textes des groupes de ces scènes étaient assez variés : Le death métal était caractérisé aussi bien par des textes gore (Cannibal Corpse, Carcass, …), que satanique (Morbid Angel, Deicide, …), que traitant de sujet de société (Death, Atrocity, Napalm Death, Sepultura, …), et sur un même album d’un groupe on pouvait retrouver tous ces thèmes mélangés. Le grind était encore plus marqué que le death par l’influence des films gore qui avait été à l’origine des voix dès les premiers groupes de death métal, aussi bien par les intro (où l’on retrouvait des extrait des films « massacre à la tronçonneuse », ou « Henri portrait d’un sérial killer »), que dans les textes toujours très explicites (Catasexual Urge Motivation, Gut, Dead Infection, ). Les textes et graphismes avaient de plus en plus mélangé des références pornographiques aux standards gore d’origine. Le crust traitait presque exclusivement de sujets de société ou « anarcho politique » (Disrupt, Extreme Noise Terror, …)

Dès l’origine, on a été très marqués par les références de la scène grind gore et la recherche de pousser toujours plus à l’extrême les limites du genre. Les premiers albums du groupe n’ont pas de texte et même (assez rapidement) pas de titre identifiable de morceau. Ce concept participait avec la musique, les voix et graphismes explicites, à la radicalité de la démarche pour créer l’ambiance extrême recherchée. Les deux derniers albums ont intégrés des textes traitant de sujets de société, proches des thèmes de certains groupes death et crust originels, qui collaient bien avec l’évolution de notre musique. Chaque nouvel album, est fait selon nos envies du moment, et on ne planifie pas à l’avance vers quoi on va se diriger sur l’album suivant.

Comment choisissez-vous les titres de vos morceaux ?

C’est directement lié au concept d’un album et au texte, et c’est en général la dernière chose qu’on fait sur un morceau.

Le titre d’un morceau (quand il y en a), est une synthèse du texte, c’est une fois le texte terminé qu’on voit ce qui le résume le mieux en quelque mot

Quels sont vos chanteurs modèles ?

Mark « Barney » Greenway (Napalm Death); Jeff Walker (Carcass); Frank Mullen (Suffocation); Karl Willet (Bolt Thrower); Brujo et Fantasma (Brujeria); Chuck Schuldiner (Death); Lars Göran Petrov (Entombed); John Tardy (Obituary); …

Quel est celui qui sort le plus du lot dans la scène française ?

Parmi les pionniers des groupes qui ont participés à la scène death de la fin des années 80 et début 90, il y a avait des groupes français comme Loudblast et Massacra, qui ont réussi à être reconnus dans une scène qui était vraiment d’un niveau incroyable, aussi bien par le nombre de groupe qui émergeaient que par la qualité des albums qui sortaient chaque semaine. Stephane Buriez de Loudblast, a vraiment un parcours exceptionnel, qui ferait rêver beaucoup de groupe de la scène française

Quel est l’album qui vous a le plus marqué d’un point de vue chant ?

Il y en a beaucoup qui ont été une révélation pour moi quand j’ai découvert le métal en 1987 (à 13 ans), qui ont marqués mon parcours et m’ont influencés avant la création de Sublime Cadaveric Decomposition début 1996 (la liste est bien entendue non exhaustive) :
Live After Death de Iron Maiden en 1984 (que j’ai découvert en 1987)
Show No Mercy et Hell Awaits de Slayer en 1984 et 1986 (que j’ai découvert en 1987)
Endless Pain et Pleasure To Kill de Kreator en 1985 et 1986 (que j’ai découvert en 1987)
Scum de Napalm Death en 1987
And Justice For All de Metallica en 1988
So Far So Goog So What de Megadeath de 1988
A Holocaust In Your Head de Extreme Noise Terror de 1988
Leprosy de Death en 1988
Symphonies Of Sickness de Carcass en 1989
Realm Of Chaos de Bolt thrower en 1989
World Downfall de Terrorizer en 1989
Beneath The Remains de Sepultura en 1989
Altar Of Madness de Morbid Angel en 1989
Consuming Impulse de Pestilence en 1989
Cause Of Death de Obituary en 1990
Deicide de Deicide en 1990
Harmony Corruption de Napalm Death en 1990
War Master de Bolt thrower en 1991
Mindloss de Gorefest en 1991
Clandestine de Entombed en 1991
Effigy Of The Forgotten de Suffocation en 1991
Necroticism Descanting The Insalubrious de Carcass en 1991
Butchered At Birth de Cannibal Corpse en 1991
Extreme Conditions Demand Extreme Responses de Brutal Truth en 1992
Tol Cormpt Norz Norz Norz de Impaled Nazarene en 1992
Onward To Golgotha de Incantation en 1992
Matando Gueros de Brujeria en 1993
Surgical Disembowelment de Dead Infection en 1993
Unrest de Disrupt en 1994
Odour Of Torture de Gut en 1995
Hacked Up For Barbecue de Mortician en 1996
The Encyclopedia Of Serial Murders de Catasexual Urge Motivation en 1996

Et depuis la formation de SCD en 1996, beaucoup d’autres continuent de m’influencer (et pas uniquement des albums du siècle dernier …) :
Uprising de Entombed en 2000
Brujerizmo de Brujeria en 2000
Enemy Of Music Business de Napalm Death en 2000
Return To Desolation de Phobia en 2001
Elvete de Nasum en 2003
Retroactive Abortion de Venomous Concept en 2004
Those Once Loyal de Bolt thrower en 2005
Darker Days Ahead de Terrorizer en 2006
Necropolis Transparent de Lock Up en 2011 …

Quel frontman vous a le plus impressionné sur scène ?

Barney Greenway de Napalm Death, par la constance et la régularité de sa générosité. C’est vraiment un représentant de notre scène formidable (sur et hors de la scène).

À qui vous a-t-on déjà comparé vocalement (en bien ou en mal) ?

On m’a comparé à bien des choses (pas toujours des personnes), en bien et en mal, selon les auteurs des comparaisons (ce qui n’est pas surprenant étant donné les voix extrêmes qui caractérisent SCD)

Le death/grind est une musique très surprenante pour quelqu’un qui la découvrirait sans avoir progressivement assimilé les codes du métal par des groupes moins extrêmes (dans un premier temps).

Je me souviens avoir laissé de côté, pendant de nombreux mois, des albums comme Scum de Napalm Death en 1987, ou Reek of Putrefaction de Carcass en 1988, que je ne comprenais pas quand je les ai écouté la première fois, et que j’ai redécouvert bien plus tard, après avoir fait mon apprentissage du death puis du grind, d’album en album.

Quel a été le compliment le plus marquant que l’on a fait sur votre voix ?

Dans les groupes les plus marquants pour moi, il y a beaucoup d’exemples pour lesquels la voix n’est pas une « performance physique », mais est exceptionnelle par la qualité des placements, des textes, et par l’intention du moment, qui transmet une urgence et une vérité.

Il y a une part de qualité physique, de technique, et de pratique régulière, qui permet de dire que tel ou tel chanteur a une bonne voix (et qui permet d’être à l’aise et aller au-delà), mais l’essentiel est dans la qualité des placements et dans l’intention de l’interprétation.

C’est selon moi, peut-être encore plus important dans un style de musique extrême comme le notre, de sentir la sincérité et l’investissement total dans l’interprétation, qui ne recherche pas uniquement la maîtrise, mais plutôt la limite et le risque

Avec qui aimeriez-vous faire un featuring ?

Ça rejoint forcément la liste de chanteur qui m’ont marqués, et que j’ai indiquée précédemment, mais pour éviter un choix trop attendu, disons un featuring avec : Alyssa Murry (additional vocals de Disrupt)

Quel est le morceau de votre groupe où vous vous sentez à votre paroxysme ? Celui qui vous rend le plus fier ?

Le prochain, toujours le prochain ! C’est ça qui fait qu’on a toujours envie de recommencer à composer, à répéter, à faire des concerts. Chaque morceau correspond à un moment de nos vies des 17 dernières années. Chacun est le reflet de nous-mêmes à chaque époque.

Tous ces morceaux nous rappellent, qui on était, et les personnes avec qui on a partagé ces moments durant :
- Les quelques heures pendant lesquels ils ont été composés
- Les quelques jours pendant lesquels ils ont été enregistrés
- Les quelques semaines pendant lesquels ils ont été joués en concerts et tournées
- Les quelques années pendant lesquels ils ont été répétés

Donnez-vous un traitement spécial à votre voix avant un concert ?

Non pas de traitement particulier (j’ai jusqu’à présent jamais eu de problème pour ça), mais j’évite de manger juste avant de jouer (ça reste une activité assez physique !!).

Quel est votre pire souvenir de concert ?

Le pire souvenir de concert est une tournée au Canada pour laquelle on n’avait pas toutes les autorisations nécessaires (apparemment) et pour laquelle on a été arrêtés à la douane à notre arrivée à l’aéroport et renvoyés en France quelques heures plus tard (avec interdiction d’un an de territoire canadien).

Résultat : la tournée s’est limitée à l’avion de Paris à Montréal ; une détention de quelques heures à la douane de l’aéroport de Montréal; l’avion de Montréal à Marseille ; puis le train de Marseille à Paris ; et une tournée d’un mois annulée …

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes qui veulent s’aventurer comme frontman ?

La seule motivation à avoir, est de prendre sincèrement plaisir à faire sa musique, et à participer à la scène qu’on aime (quelque soit le côté de la scène sur lequel on se trouve).

Le plaisir doit être le même pour faire de la musique et monter sur scène, que pour écouter de la musique et à aller voir d’autres groupes jouer (ni plus, ni moins).

Dans ces conditions c’est un loisir et un plaisir dont on ne se lasse pas, quelque soit le succès du groupe (car c’est pas là, l’objectif principal).

Pour découvrir ou redécouvrir SCD:

Crédit photo: Romain Vives

Reagir a cette nouvelle :