Report: Amenra + The Black Heart Rebellion + Birds In Row @Glaz’art (25.04.2013)

- 11/06/13 12:10

amenra

Kongfuzi Booking avait mis les petits plats dans les grands pour célébrer l’amitié franco-belge en ce 25 avril 2013, et c’est dans un Glaz’art étrangement peu rempli que l’on se retrouve pour écouter successivement Birds In Row, The Black Heart Rebellion et Amenra.

Entrée à 19h00, premier show à 20h00. C’est un peu raide mais je ne fais que payer ma naïveté de m’en tenir à l’horaire papier (également dû au fait que les trains ne m’avaient pas laisser un immense choix). En attendant désespérément de voir du monde je me suis tapé un fixe sur la protubérance qu’un type avait à la place de son nez, et qui m’a fait curieusement penser au chanteur de Transit. Bref, à la base The Black Heart Rebellion était en bas de l’affiche mais lorsque je vois trois personnes monter sur scène je comprends que c’est Birds In Row qui va se lancer en premier, plusieurs mois après leur ouverture pour Converge dans cette même salle. Pour faire un bref résumé de l’état d’esprit dans lequel j’étais : pour moi Birds In Row est aujourd’hui le meilleur groupe français tous styles confondus.

La fête commence avec la très appliquée « Grey Hair », déjà magnifique en studio, elle est une alternative intéressante à Pilori en introduction. Cette dernière arrive juste après dans un marasme étourdissant, face à une foule absorbée et concentrée. Première remarque : le son est génial, et ce sont des déferlantes que l’on se prend à chaque riff ; deuxième remarque : Bart himself n’arrive pas à tenir le débit de ses premières lignes sur « Pilori », ce qui me rassure lorsque je chante chez moi en bafouillant ces mêmes mots. Nous sommes peu à hurler les « basterds, fucking basterds », « one more conversation one more wound one more war » et « a war for every mistake made » mais nous sommes là. Incontestablement LE Morceau. On poursuit la tracklist du dernier album avec « There Is Only One Chair In This Room » puis on bifurque par « Colossus ». Bien qu’il soit très bref, il y a tout de même un passage ahurissant dans ce morceau qui me donne l’impression de me prendre une balle dans la tête tellement les instruments convergent vers un seul point d’impact.

Les applaudissements sont longs et appuyés pendant les interludes, et j’aime autant entendre ce genre d’accueil et de marque de respect. Le voyage va continuer en axant naturellement sur la dernière sortie, « Cold War Everyday », « Cages » ou encore la particulièrement incroyable « Police & Thieves » qui prouvent que l’album tient la distance et les promesses que l’on était en droit d’attendre après le studio. Ils termineront leur prestation dans l’euphorie générale grâce à « You, Me & The Violence » qui sera abondamment repris ; puis un « A Kid Called Dreamer » d’anthologie qui subira le même sort, et qui leur permettra de sortir avec grâce, sous de longues minutes d’applaudissements (on se serait cru à une projection au festival de Cannes).

Pour revenir sur la globalité de la prestation, je l’ai trouvé particulièrement intéressante et instructive. Déjà au niveau de la puissance phénoménale dégagée par leur musique, à la hargne et à l’énergie qu’ils transmettent à seulement trois (le batteur est tout de même un fou furieux) qui me laissa la chair de poule cinq minutes après que le show soit fini. Puis également autour de la « mythologie Birds In Row », leur concept promotionnel de ne jamais montrer le haut de leur visage, qui se poursuit partiellement en live puisque le bassiste joue dos à la scène et le guitariste/chanteur cache sa face via une mèche interminable et une tête majoritairement baissée. Mais tout cela n’est que détails.

Au cas improbable où cela ne se serait pas remarqué, j’étais avant tout venu pour BIR. The Black Heart Rebellion est le seul groupe que je ne connaissais pas avant de venir, j’avais simplement regardé trois ou quatre vidéos sur la toile. Leur style est assez difficile à définir finalement, car on sent qu’il y a de grosses grosses influences post-rock, et que la plupart des morceaux sont teintés de longues parties instrumentales ; mais à côté il y a cette voix assez étrange lorsqu’elle est en mode chant, et assez touchante lorsqu’elle est en mode cri. Ce serait mentir que de dire que j’ai été subjugué par leur performance et à vrai dire j’attendais impatiemment Amenra sur la fin, mais leur set m’est apparu fort plaisant, absorbant de part en part pour ceux qui y sont entrés dès les premières secondes. Hélas c’est majoritairement la voix qui m’a empêché d’être bien à mon aise durant leur prestation, cependant j’irai me replonger au calme sur leurs sorties studio, histoire de peut-être revoir mon jugement.

Setlist :
Avraham
The Woods I Run From
Some Of Them Howling
Animalesque
Ein Avdat
Erase.Redraw Our Maps
Into The Land Of Another

Après – une nouvelle fois – une bonne demie heure de balances pendant laquelle tout le monde bouillait un peu, le deuxième combo belge monte sur scène. Amenra ou Amen Ra s’est déplacé en terre conquise ce soir à en juger les cris déchainés qui proviennent d’une foule un peu plus compact qu’en début de soirée. The Church of Ra est dans la place. Le spectacle – car là il s’agit de spectacle – ouvre ses portes sur « The Pain It Is Shapeless We Are Your Shapeless Pain » de l’album Mass III. Une fois n’est pas coutume, une bonne partie du line-up nous tourne le dos dont le frontman (que l’on n’entendra pas toujours très bien, notamment sur les passages plus parlés que criés). Derrière eux sur le fond blanc y sont projetées des images en noir et blanc de paysages et autres photographies, qui soutiennent l’atmosphère angoissante de la musique du quintet, et qui n’est pas sans rappeler le procédé utilisé par My Education lors de leur récent concert à Paris (en plus joyeux).

C’est dans un silence de cathédrale (sans mauvais jeux de mots) que les coups de bâtons en fer du début de « Boden » retentissent alors dans le Glaz’art, une intro qui change radicalement de la folie que l’on avait eu dès les premières notes de « Razoreater » qui avaient provoqué une certaine hystérie chez les fans. Il est déjà tard (23h30) et le set est loin d’être fini, les jambes commencent à fatiguer mais pas le cœur qui lui veut absolument aller au bout. Je retrouve dans leur prestation, la froideur et la cohérence d’un concert de Cult of Luna, pas un mot de lâché, un set parfaitement filoché et une ambiance très visuelle. En revanche, là où les suédois sublimaient la noirceur en lui donnant un goût presque astral, les belges eux sont plus dans l’oppression, l’étouffement et la destruction constructrice. En tout cas moi c’est comme cela que je perçois leur musique. Ils ne joueront que des morceaux de Mass III, IIII et V (celui qu’ils venaient promouvoir), dommage donc pour les vieux fans espérant les premières productions. Leur show m’a littéralement épuisé mentalement mais je pense pouvoir dire que cela en valait la peine, et si ils repassent je me ferai un plaisir de retourner les voir pour mieux me morfondre dans ma petite flaque d’eau croupie.

Je ne peux pas ne pas en placer une petite pour le public. Il faut admettre qu’avec une tête d’affiche aussi alléchante on pouvait s’attendre à plus de monde, mais c’est également vrai que cette musique est difficile d’accès et assez élitiste, et ce soir nous avions donc très peu de curieux, mais beaucoup de connaisseurs, ce qui fait vraiment plaisir à voir, tant les dates pour ce style de musique en France n’abondent pas.

Setlist :
The Pain It Is Shapeless We Are Your Shapeless Pain
Dearborn And Buried
Razoreater
Boden
Terziele
Nowena | 9.10
Am Kreuz
Silver Needle. Golden Nail

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