The Holiday Chronicles: Greenfield Day Three; Patriotisme, Full Retard et Mauvaise Foi

- 05/07/13 17:59

Greenfield Flyers

On doit dégager la chambre d’hôtel à 10h, je suis désolé mais je trouve tout de même cela un peu raide, enfin je veux dire quand on manque de sommeil, devoir lever le camp à 10h c’est comme se passer les bourses sur du papier de verre. Toujours est-il que le boui-boui semble vide, donc on grappille tout ce que l’on peut comme minutes de repos avant qu’on nous foute dehors. Le temps de régler la note auprès d’Otto et nous revoilà partie pour visiter à nouveau le coin, et jeter un dernier coup d’oeil aux cascades qui nous ont servi de réveil. Oui monsieur, des cascades, et j’aime autant vous dire que l’endroit est parfait pour lever de la belette, si tant est que belette à soulever il y eut.

On se retrouve quelques heures plus tard pour commencer la journée avec les seuls français présents à ce festival (en tant que groupe j’entends), les fantasques Betraying the Martyrs (ou smarties comme aiment à les appeler leurs détracteurs les plus inventifs). Même si cela va à l’encontre de la mentalité française, je me sentais fier de les voir sur cette magnifique scène face aux montagnes suisses, et fier de pouvoir dire « ce groupe vient de chez moi » comme un bon patriote que je suis. Mais trêve de plaisanteries, passons au gros son car c’est avant tout pour cela que l’on est venu. Encore une fois je déplore qu’ils se refusent à jouer « Tapestry of Me » pourtant incontestablement leur meilleur morceau, et qui me force à lâcher un gros « bof » pour ces choix de setlist (surtout qu’il n’y a pas eu – à mon souvenir – un seul morceau du premier EP). Quasiment un Damage bis donc. Pour le reste, c’était tout même vachement coolos. Aaron est toujours aussi méchant en live, ils transmettent une réelle énergie que le public ressent et rend sur chaque breakdown, le scream de Victor semble s’être stabilisé et amélioré, et on aura même droit à un bon vieux wall of death. Lucas, toujours impeccable, a encore amélioré son jeu de scène en chantant également par dessus les parties claires de Victor (qui revient souvent comme le point faible du groupe en live). Bref très énergique et très patate comme on dit, un bien bon début de journée.

 

Bon on a une heure à tuer, parce que sur l’autre scène c’est Mono Inc. et que franchement ça ne m’intéresse pas, mais aussi parce qu’il doit faire un bon 40° et qu’une bière s’impose. Cuisant comme une vulgaire tranche de bœuf sur le capot d’une Lada, je me donne l’occasion de réfléchir sur le retour pour la saison 2013-2014 de Derrick Rose lorsque j’aperçois un homme portant le maillot des Bulls. Aura-t-il toujours confiance avec sa grosse blessure ? Pourra-t-il emmener son équipe jusqu’au sommet ? Retrouvera-t-il son niveau de MVP ? Hey mais attends c’est un mec qui boit du vin à la paille là….BRÛLONS LE !

 

Ceci est une démonstration prouvant que les suisses n’ont aucun respect pour ce qui est bon. Justement, en parlant de la Suisse, le frontman de Adept nous raconte – peut-être pour flatter – que les non européens confondent régulièrement Swiss/Sweden et qu’il s’agit d’un honneur pour eux d’être comparé à la Suisse bla bla bla. Un discours chiant pour un show qui le sera tout autant. Mesdames et messieurs, je vous présente le chanteur le moins carré du monde. C’est un groupe dont j’ai adoré le premier album mais qui m’a déçu au fil du temps et que j’ai tout simplement abandonné ; d’ailleurs de ce premier album ils ne joueront de bonne que « Sound the Alarm », qu’ils massacreront jovialement comme les souillons qu’ils sont. Sérieusement, le chant clair – lorsqu’on l’entendait – a été horrible tout au long du set, mais il m’a fait mal sur cette chanson en particulier, et que dire du normalement magique « we are the storm ! » au climax du morceau transformé lâchement en « one two three four » : j’étais scandalisé. Si la prestation a frôlé le désastre vous l’aurez compris c’est à cause d’un frontman qui est passé à côté de sa prestation, et même si je ne comptais pas énormément sur ce groupe, je ne pu être que déçu.

Setlist :
Forever and a Day
Secrets
The Ivory Tower
The Ocean Grave
An Era of Treachery
Sound the Alarm
Dead Planet
The Lost Boys

 

Les prochains sur la liste sont Boysetsfire, groupe dont j’avais supprimé le souvenir jusqu’à ce qu’ils jouent « Walk Astray », l’unique morceau que j’ai jadis apprécié, et encore c’était uniquement pour l’introduction. C’était plutôt chiant honnêtement, et ça nous a donné l’occasion de lâcher un petit « il est peut-être temps d’arrêter du coup non ? » lorsque le groupe a célébré le 41ème anniversaire de leur chanteur sur scène. Hélas cela ne va pas aller en s’arrangeant, en tout cas pas immédiatement.

 

Car ce qui vient ensuite, c’est Eskimo Callboy. Je voulais la jouer très courte en lâchant un « no comment », mais je vais faire légèrement moins concis : ils représentent tout ce que je n’aime pas dans la musique, aussi on ne fera que l’aller-retour pour aller attendre BFMV, un comble. Et comme le monde est bien fait, sur le chemin qui sépare la Club Stage de la Main Stage on a croisé un type avec une casquette Suicidal Tendencies (jusque là tout va bien), mais estampillée « YOLO » sur le revers de la visière. J’ai eu envie de lui dire…

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Oh mon dieu mais c’est un homme qui a deux chapeaux, ce serait donc cela ce fameux « double chapeau » dont les scientifiques parlent tant. Comme toutes les personnes de mon âge j’ai aimé The Poison, comme toutes les personnes de mon âge j’ai été déçu par tout le reste de la discographie de Bullet For My Valentine. Du coup j’y suis allé avec le moins d’attentes possibles…et franchement j’ai été agréablement surpris. Les gallois arrivaient tout juste du Download Festival (il me semble) et ils avaient l’air à plat mais on sent que les années d’expériences leur ont servi à assurer tout de même ce genre de show. J’en suis même venu à trouver super agréable « Breaking Point », le titre d’ouverture de Temper Temper leur dernière galette. Bien sûr Matt Tuck ne crie plus du tout, bien sûr les nouvelles compos sont assez flemmardes, et bien sûr « 4 Words (to choke upon) » fut une sorte de délivrance à un début de show pas très vigoureux. Mais franchement le duo Tuck/Padge à la gratte c’est tout de même pas mal. J’ai bien conscience que ce ne sont pas les meilleurs guitaristes du monde, ni les plus techniques ou les plus catchy, mais ils ont quand même du bon level et ils redonnent la pêche en live sur chacun de leurs solos. Ce sont finalement ces guitares et rien d’autres qui m’ont permis de trouver le show très agréable au final.

De plus, j’ai pu faire de nouveau un high five virtuel avec le moi de seize ans lorsqu’ils jouèrent « Tears Don’t Fall », car c’était tout de même un rêve de jeunesse. Ces dernières notes m’ont fait vibrer. Bah oui, car quand on a quinze ans, qu’on ne connait rien à un genre musical et que l’on a devant soi une liste de cinq cents groupes, on s’intéresse à ceux qui ont le nom le plus attractif, et c’est comme cela que l’on se retrouve à écouter les discos de Bullet For My Valentine ou My Chemical Romance avant le reste. Le fait que l’on sortait de deux concerts plutôt décevants a probablement aidé à apprécier celui ci.

Setlist :
Breaking Point
Your Betrayal
Waking the Demon
Saints & Sinners
4 Words (To Choke Upon)
Suffocating Under Words of Sorrow (What Can I Do)
The Last Fight
Temper Temper
Guitar Solo
Scream Aim Fire
Tears Don’t Fall

 

Qu’est-ce qu’il y a comme australiens à ce festival ! Deez Nuts n’est pas un groupe que je porte dans mon cœur, et c’est grandement dû au message qu’ils véhiculent dans leurs chansons. Néanmoins il faut admettre qu’ils ont du pep’s en live, et j’avais déjà eu un très léger aperçu de leurs compétences au Never Say Die 2011. En festival, sous le soleil, ça annonçait une ambiance pas mal. Mais du coup c’est en regardant le ciel, allongé dans l’herbe que j’ai suivi leur set, et franchement c’était pas fou-fou. Peut-être est-ce parce que je n’étais pas dedans, mais la bande à JJ Peters ne m’a pas convaincu du tout.

 

Après ce petit passe temps on se dirige à nouveau vers des australiens : Airbourne. Ce qui m’embête un peu c’est que le show a été vraiment classe, j’ai vraiment bien aimé, mais je n’ai en fait rien à dire dessus. Je ne connais pas leurs albums, je ne connais pas leurs morceaux, je les voyais pour la première fois et je ne me suis jamais intéressé à eux ; ce qui ne m’a pas empêché d’adorer leurs solos, leur punch façon briscard et leur look improbable (le frontman est arrivé à moitié à poil alors qu’on commençait sérieusement à se les geler). Ils m’ont très largement fait penser à un autre groupe australien qui joue aussi du hard rock : AC-DC bien évidemment, mais je ne sais pas si les fans du groupe apprécieront ma comparaison de novice. On décolle une dizaine de minutes avant la fin pour être aux premières loges du dernier show de la journée, de notre festival, et finalement des vacances. Oh mon dieu mais c’est un homme qui a une pastèque en guise de chapeau !

 

Bon et bien voilà, on y est, le dernier groupe que je verrais au festival et qui est également mon groupe favori : The Devil Wears Prada. Autant vous dire tout de suite, les prochains mots qui vont être lus seront probablement empreints d’un fanatisme certain, d’une mauvaise foi chronique et d’un manque complet d’objectivité. Si ils étaient venus sur scène, avait joué la moitié d’un morceau puis avait déclaré « c’est de la merde on se barre » j’aurai tout de même dit que le show était superbe. C’est donc en avance que l’on se place assez proche de la scène, en attendant pour le combo chicagoan de prendre la Club Stage en otage.

Je vais passer rapidement sur le show car il fut assez semblable à celui de novembre pour lequel on avait déjà fait un copieux live report. Ils ont gardé leur big three de With Roots Above and Branches Below et le duo de Zombie tout en confirmant que Dead Throne le dernier en date est bien meilleur en live qu’en cd. Les breaks de « Mammoth » sont toujours aussi impressionnants en ce qu’ils soufflent littéralement tout ce qu’il y a devant la scène et « Born to Lose » jouée en outro, est vraiment devenu un classique incontournable. La surprise du chef en revanche n’était pas « Gloom » le nouveau morceau qui sera sur le prochain album (à venir en septembre) mais un autre nouveau morceau qu’ils jouaient pour la toute première fois en live (là aussi : « j’y étais »). Tout d’abord pour « Gloom », il a vraiment l’air d’être un très bon morceau, très glauque dans l’atmosphère, et comme pour l’autre piste (qui n’a pas encore de nom) il y a une disparition totale du chant clair et un gros alourdissement du son, qui se rapprocherait donc plus de Zombie. Croyez-moi, et là ce n’est pas uniquement le fan qui parle, cette prochaine galette va être mémorable.

Si il y en a qui ont assisté au show ils pourront trouvé bizarre que je passe sous silence les quelques absences de Mike au chant. Je vais tout expliquer. D’abord je tiens à en placer une petite pour ceux qui disent qu’il est en train de perdre sa voix : non, clairement non, avec ce que je me suis pris dans la gueule je ne peux que dire non. Ensuite, sur ces « absences » j’ai ma petite théorie ; je le sais, Mike est quelqu’un qui donne plus d’importance aux paroles qu’au chant, et c’est quelqu’un qui aime se donner à fond en live sans trop regarder ce qui se passe autour ; aussi, pour quelqu’un d’aussi pointilleux que lui sur ce qu’il raconte, le voir délibérément oublier de prononcer certains passages n’est pas un synonyme de fatigue, de manque de voix ou de flemme, mais simplement un symbole qui nous dirait qu’il ne se reconnaît plus dans ces paroles d’un âge lointain. Car ce sont exclusivement sur « Dez Moines », « Assistant to the Regional Manager » et « Danger : Wildman », toutes les trois provenant de l’album de 2009, qu’il se refusa à hurler certaines choses. Je me dis peut-être cela pour me rassurer mais c’est ma théorie. En revanche, le fait que le groupe semble se diriger vers un album quasiment sans chant clair (on en a vu un peu lors des studios updates) coïncide avec la voix de Jeremy qui s’essouffle, puisqu’il a zappé pas mal de passages lui aussi, ce qui a laissé le loisir au public de chanter à sa place.

On aurait pu me croire perché pendant ce live, car c’est l’un des seuls groupes sur lesquels je m’autorise à péter les plombs et à tout relâcher. J’étais en communion face à cet espèce de bohémien en transe qui gesticulait et lâchait des gutturaux dans tous les sens. Que je suis rassuré d’avoir entendu ces deux nouveaux morceaux vraiment magnifiques, et que je suis heureux d’avoir pu les vivre dans un cadre naturel pareil. Comme un symbole (encore) la pluie commencera à tomber une fois qu’ils auront terminé leur campagne, comme si les derniers rayons de soleil de ce samedi leurs avaient été offerts par les cieux.

Cet ultime paragraphe va narrer une petite histoire, peut-être pas celle qui s’est réellement passée, mais celle que je raconterai à mes héritiers au coin du feu lors des soirs d’orage. Le show est terminée, le son s’est coupé, Daniel Williams vient de lancer ses baguettes, et les gratteux leurs mediators. Il ne reste donc que Mike nous remerciant encore et encore, puis cherchant dans la foule des personnes à qui lancer sa bouteille d’eau. En bon fan débile, je lève les bras parmi tant d’autres, mais je suis relativement devant, donc j’ai une chance. Jusque là tout va bien, jusque là rien d’incroyable, mais c’est ensuite que le réel va peut-être se séparer de ce que je raconterai. Les bras levés en attendant la sentence, je remarque que Mike s’arrête sur le groupe de personne dont je fais partie, il pointe du doigt vers ma direction (ou tout du moins vers le groupe de personne) puis lance sa bouteille. Je ne l’ai pas eu et en même temps je ne cherchais pas tellement à l’avoir, suite à quoi Mike regarda toujours dans ma direction, mais en haussant les épaules comme pour dire « désolé que tu ne l’aies pas eu ». Qu’est-ce qui peut bien me pousser à croire que ce doigt pointé et ces haussements d’épaules m’étaient destinés ? Et bien parce qu’en débardeur et bras levés on voit parfaitement mon avant bras droit, et que sur mon avant bras droit il y a de tatoué le logo du groupe (le triangle avec ses trois barres). Peut-être l’a-t-il vu, peut-être ai-je fantasmé…c’est en tout cas sur cela, que notre séjour s’est terminé.

Setlist :
Mammoth
Escape
Untidaled
Gloom (New Song)
Dez Moines
Danger: Wildman
Constance
Dead Throne
New song
Outnumbered
Assistant to the Regional Manager
Born to Lose

 

Le point sosie : Pas grand monde ce dernier jour puisque nous n’avons vu que Dale de Walking Dead, Michel Serrault ainsi que Josef Altin (le premier type à se faire buter dans Misfits et acteur récurrent de Game of Thrones).

Reagir a ce live report :
Greenfield Flyers
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