Architects – « Daybreaker »

- 23/05/12 18:15

 37. Architects - Daybreaker

Un peu plus d’une année seulement s’est écoulé depuis la sortie de The Here And Now. Il n’en fallait pas plus au quintette anglais d’Architects pour nous proposer un successeur à cet album tant controversé par les fans de la première heure. En effet, devenue plus post-hardcore que mathcore, la bande emmenée par Sam Carter s’était « FMisée » aux dire de certains. Avec ce Daybreaker, le groupe avait annoncé avoir « remis ses couilles » dans la galette, mais qu’en est-il vraiment?

Daybreaker débute par « The Bitter End », un titre qui, en guise d’ouverture, s’avère être aux antipodes de ce que la bande a su nous proposer sur ses précédents albums (on se souvient de la puissance d’ « Early Grave »  sur Hollow Crown ou du catchy de « Day In/Day Out » sur The Here And Now). Ici, Architects nous propose un morceau en deux parties bien distinctes : tout d’abord une instrumentale très lente, ponctuée d’éléments électroniques pour parfaire l’ambiance froide du titre, le tout surplombé par des couplets presque murmurés. Puis s’entreprend un crescendo qui voit apparaître des synthétiseurs puis les guitares et enfin la voix de Sam Carter qui se sature enfin pour amener vers un résultat chaotique et apocalyptique qui plante d’entrée de jeu le décor de ce cinquième album, Daybreaker. S’en suivent les deux singles balancés par le groupe avant la sortie de leur opus : « Alpha Omega » – qui est probablement le meilleur morceau jamais écrit par le groupe en terme de musicalité (tant dans la complexité technique que dans les mélodies d’une efficacité extraordinaire) – et « These Colours Don’t Run » (où  Jon Green de Deez Nuts vient semble-t-il donner de la voix) qui, si vous vous remémorez les images du clip, est, en termes de paroles, l’un des morceaux les plus efficaces du groupe. Avec ces trois premiers titres, Architects relève ainsi haut la main son pari de vouloir renouer avec la puissance sonore des albums précédents tout en conservant la parfaite maitrise de la mélodie de The Here And Now.

Le morceau « Daybreak » continue sur la lancée des morceaux précédents avec des couplets toujours très techniques qui filent à une vitesse folle avant un refrain au tempo plus ralenti et l’apparition du chant clair de Sam Carter qui s’écorche la voix à la fin des phrases pour apporter un côté torturé au morceau. « Truth, Be Told » se veut plus mélodique mais plus efficace que « Daybreak » avec un refrain entêtant qui reste en tête tout au long de l’album – probablement le meilleur présent sur ce nouvel opus des anglais – et des couplets qui prévoient d’être repris en chœur par le public. Un morceau presque facile et taillé FM mais d’une qualité non-négligeable. L’agressivité reprend le dessus sur « Even If You Win, You’re Still A Rat » où Oliver Sykes de Bring Me The Horizon vient donner de la voix. Le titre se veut être le plus rapide de la galette et aux sonorités proches de BMTH – on pense peut être à « Sadness Will Never End » sur Suicide Season -. Les couplets empressés sont entrecoupés de quelques breakdowns et de parties de chant clair quasi-a capella de Sam Carter qui apporte la dose de mélodie nécessaire à ce titre taillé pour le circle-pit. Mais ce qui fait toute la puissance et l’excellence de ce morceau c’est avant tout, il faut se le dire, le chant d’ Oliver Sykes qui se colle idéalement à la voix de Sam Carter comme sur ce final en mid-tempo des plus redoutable qui amènera sans aucun doute l’hystérie dans les pits du monde entier! Ou en tout cas, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. Troisième et dernière collaboration de ce Daybreaker, il s’agit de la venue de Drew York de Stray From The Path sur « Outsider Heart » qui nous donne la véritable impression d’un titre né du pressage intense d’un Architects nouvelle génération et d’un Stray From The Path des plus catchy, une autre pièce maitresse de l’album des anglais.

La dernière partie de l’album se veut hétérogène au possible. Tout d’abord avec le magnifique « Behind The Throne » qui est un petit peu la ballade permettant de reprendre son souffle pendant l’écoute de l’album. Après une somptueuse introduction au piano, le morceau défile dans une atmosphère lourde avec des petites touches électro comme saurait si bien le faire Thrice sur le deuxième chapitre de The Alchemy Index. Le final des plus aériens laisse place à des synthétiseurs presque religieux qui dominent la voix torturée de Sam Carter qui hurle de plus belle avant de nous plonger dans un long silence qui nous laisse bouche-bée. On retrouve ensuite, le déjà emblématique « Devil’s Island » aux paroles énervées et à l’instrumentale dévastatrice, l’occasion pour nous  de pouvoir s’égosiller à nouveau sur les « Take it back! Take it back! » qui ont su mettre sans dessus dessous bien des salles… « Feather Of Lead », avant dernière piste de Daybreaker, semble tout droit sortie des sessions d’enregistrement d’ Hollow Crown tant il est rugueux de par sa complexité mais aussi par son ambiance – et notamment son refrain – survolté. Seule petite touche du « Architects 2012 » : ce final instrumental decrescendo amenant vers les premières notes du dernier titre de la galette : « Unbeliever ». Cette sur cette ballade, un peu molle pendant plus de trois minute et qui n’est pas sans faire écho au morceau d’ouverture « The Bitter End », que les cinq anglais d’ Architects achèvent leur opus. Un morceau à la structure proche de celle du morceau éponyme « Hollow Crown », le final emblématique en moins, qui prend à revers tant on en attendait mieux d’une fin, surtout quand on voit le niveau des dix autres titres.

Il faut le dire, Daybreaker est le chef d’œuvre d’ Architects. A mi-chemin entre la puissance d’ Hollow Crown et la mélodie de The Here And Now, tout en ajoutant une importante et nécessaire touche de nouveauté qui passe essentiellement par l’apparition d’éléments électroniques, ce cinquième album de la bande emmenée par Sam Carter est résolument une véritable bombe dans la scène hardcore comme prévu. Seules quelques parties de chant saturé viennent parfois à se ressembler et les idées de riffs à se superposer provoquant une impression de redondance, mais sans pour autant apporter une tâche d’ombre conséquente sur l’ensemble des onze titres qui composent Daybreaker. L’album de l’année, à voir ; l’album de leur carrière, c’est sans aucun doute.


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