Arctic Monkeys – Suck It And See

- 30/05/11 15:40

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Deux ans à peine après leur dernier effort, nos quatre anglais remettent ça. Humbug avait amorcé un changement, une métamorphose, que dis-je un cataclysme dans le son Arctic Monkeys. Délaissant leur rock frénétique et leur sens aigu de la mélodie entêtante, on nous offrait un album au songwritting plus fin, plus arrangé, plus travaillé, plus mature dirigé de main de maître par Josh Homme (Queens Of The Stone Age, Kyuss, Them Crooked Vultures, etc.) pour un rendu plus pop et volontairement passéiste. Humbug n’avait donc pas fait l’unanimité et en cette année 2011, on attendait la bande à Alex Turner au tournant. Alors qu’en est-il de ce Suck It And See ? Aura-t-on droit au retour de la recette miracle du combo ou bien à un nouveau virage à 180 ° ? Malheureusement, un peu des deux.

Un petit mot sur le titre de cet album qui impose de suite le respect. En effet, ne serait-ce pas une gentille allusion au « Peel Slowly And See » de l’album The Velvet Underground and Nico : Andy Warhol ? En tous les cas, l’artowrk épuré évoque le rétro et la pop. On entame donc l’écoute sur une pseudo ballade et ceux qui avaient fait une overdose de morceaux lents sur Humbug n’ont pas finis de se foutre en l’air. On doit néanmoins reconnaître que c’est très bien fait et on sent que cette fois encore Alex Turner a pris le dessus sur ses petits camarades tant on ne peut s’empêcher de repenser à son side projet « Last Shadow Puppets ».

Cet album nous offre donc non pas 2, ni 3, ni même 4 mais bien 9 titres lents, dont l’esprit oscille entre les classiques des 60’s et le peu que les années 80 ont pu offrir de bon. Certains titres s’en sortent particulièrement bien comme « The Hellcat Spangled Chalalala » ou « Black Treacle ». Nous ne nommerons pas les trop nombreux titres un poil soporifiques qui font trainer l’album en longueur. On se surprendrait presque à penser : « C’est un Humbug 2 ». Oui mais avec des influences plus proches de Joy Division et la vague New Wave anglaise en général. Et puis on pousse un peu l’écoute et arrive une flopée de titres déroutants mais Ô combien excellents.

« Brick By Brick » que l’on connaissait déjà donne montre l’autre facette de l’album. Visiblement la rencontre avec Josh Homme a laissé des marques et on ne peut s’empêcher de penser à lui à l’écoute des leads de guitares. Si cela change clairement des anciennes productions du quatuor, ça nous titille l’oreille comme il faut. Energie, son gras à souhait pour un rock nerveux, idéal. On retrouvera cette hargne et cette originalité sur « Don’t Sit Down Cause I  Moved Your Chair » ou sur le coup de cœur « Library Picture ». Un petit Ovni avec « All My Own Stunts », une intro folle, et un titre assez inhabituel pour nos singes du grand nord. Les deux grands héros de cet album sont donc Alex Turner et Jamie Cook. Si la voix de l’un fait encore une fois merveille tout au long de l’album, les leads dérangés de guitare de l’autre permettent à l’album d’être digne d’intérêt.

Constat final, la moitié des titres sont d’excellente facture tandis que les autres nous laissent de marbre. On retrouve quelques tubes, beaucoup de prises de risques et on se plait à se dire que c’est un album qu’on apprendra à aimer au fil des écoutes. Il faut néanmoins souligner que l’ordre des morceaux est des plus décevants (les 5/6 bons titres sont au milieu) le début et la fin de l’album s’en retrouvent clairement affaiblis. On notera aussi que l’album a peut être été préparé trop vite. Avec deux ou trois bons titres en plus et une ou deux ballades en moins, on serait en présence d’un excellent opus. C’est vrai, les Arctic Monkeys ont changé, leur son est en perpétuelle évolution et cela force le respect mais on ne peut s’empêcher d’attendre plus de la part d’un groupe qui a battu tous les records en moins de dix ans d’existence.

Reste que les récentes performances lives du groupe étaient de grande qualité, nous ne sommes donc pas prêt d’en vouloir aux Arctic Monkeys.

 

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