August Burns Red – Leveler

- 09/07/11 00:32

Leveler
Et oui déjà deux ans depuis la parution de l’ovni musical Constellations, l’un des meilleurs albums de 2009 et l’album de la consécration ultime pour August Burns Red, groupe de metalcore de Pennsylvanie. Aujourd’hui et après pas mal de tournées (dont deux passages en France en compagnie de Bring me the Horizon, A Day to Remember puis de BlesstheFall) ils sortent Leveler, leur quatrième LP, attendu par tous comme l’album de l’été 2011. La bande va-t-elle assumer sont nouveau statut de tête majeure du metalcore ou vont-ils s’écraser sur le sol en n’arrivant pas à amener leur musique « to another level ».

Après tant d’excitation je lance la galette dans mon mac et je m’enivre, du moins j’espère pouvoir m’enivrer. Empire débute les hostilités, et le moins que l’on puisse dire c’est que les guitaristes n’ont pas perdues de leur doigté, leurs riffs font trembler mes enceintes et ma tête commence déjà à headbanger. Le refrain est constitué uniquement de choeurs en background, les oh-ooooh-oh-ooh sont assez touchant, mais ne vous y méprenez pas, ce ne sont pas des oh-oh beaufs (comme on peut en trouver sur le denier Simple Plan par exemple) mais bien des oh-oh de chorale qui ajoutent une touche émotionnel à cette première piste. L’Empire est bel et bien installé. Internal Cannon commence comme une piste de Constellations, puissante, rapide, élégante et étouffante d’intensité, pourtant quelques riffs blues/jazzy viennent s’installer furtivement dans le morceau, et ça passe à la perfection, Between the Buried and Me, Dillinger Escape Plan, tenez vous bien ABR est présent. Un solo de JB plus loin et la piste reprend de plus belle pour terminer le morceau dans l’apocalypse ambiante. Le morceau était le premier extrait mis en ligne par le groupe et il avait déjà suscité l’acclamation des fans. On ne ressort clairement pas indemne de ces deux premières pistes, ABR a augmenté son niveau de jeu et a décidé de mettre tout le monde d’accord : le futur c’est eux, le meilleur groupe metalcore du moment, c’est eux. J’en redemande et j’en ai pour mon argent avec Divisions, le 3ème morceau. Ici c’est la deuxième partie qui est la plus intéressante, quand le tempo ralenti, quand le cœur bat moins vite, là on peut se concentrer sur la voix de Jake Luhrs, puissante et roque au possible. On en oublie pas pour autant le tricot de JB Brubaker, qui est impressionnant même en jouant au ralenti. Riffs qui ne s’arrêteront pas puisqu’ils serviront d’introduction à Cutting the Ties, morceau qui contrebalance avec tous les up-tempo qui caractérisent le groupe. Lui aussi fini par tomber dans une douce « melancholia », des screams sur une guitare triste, une guitare lente, une guitare qui donne à l’atmosphère une teinte bleue, symbole des larmes et du désespoir. Puis le rouge revient, il revient très vite, la rage, la haine, le sang et la douleur qui reprennent le contrôle du morceau ; on est en train de passer cinq minutes de folies, entre double-pédale, breakdowns, growls, two-steps et la mosh part finale, on ne sait plus quoi faire de nos membres. C’est tout simplement de l’ivresse.

Ma prochaine cible ? Pangea, qui démarre avec des loud screams et des riffs plutôt orientés heavy metal. C’est celle qui – pour l’instant – ressemble le plus à une piste du dernier opus. La batterie, très présente, se fait entendre à sa juste valeur, l’attention n’étant pas ici focalisée sur les deux guitares elle se permet d’exister. Cela ne veut pas dire que les deux guitares n’existent pas, au contraire, le combo rythme metal et riffs aiguës survitaminés marche à merveille, vraiment de grands musiciens. Carpe Diem fait office pour moi de plaque tournante, tant dans le jeu que dans la symbolique. Des rythmes très lents, une alternance loud/clear dans les screams qui me renverse totalement. De longs passages musicaux absolument bluffant, ABR est à l’apogée de son jeu et de sa maturité. « We stay for you », phrase de Salt & Light qui reste encrée dans ma tête, Jake le vocaliste nous a sorti sa plus belle voix d’ours pour cet album. À l’image de 40 nights la fin de cet opus est moins expérimentale, plus « règlementaire » même si il y a quelques surprises. Dans n’importe quel cas, que ce soit expérimentale ou « basique » August Burns Red excelle. La véritable interlude n’intervient qu’à deux chansons de la fin (sauf les 4 pistes bonus), elle permet de reprendre son souffle et de calmer un peu ses tympans. Ensuite vient la violente Boys of Fall, piste qui ressemble étrangement à Existence sur Constellations, tant par les riffs que par le vocal, autant dire que ce morceau est grandiose. Enfin Leveler, titre éponyme, termine l’album tout en violence et en brutalité, on pose ses burnes sur la table et on montre qui est le patron. Un putain d’album qui se termine, un des temps forts de 2011 à coup sûr. Les fans ne seront pas déçu et ceux qui n’avaient pas aimé les précédents opus (je suis sûr qu’il y en a au moins deux) pourront tester le nouveau côté prog de ABR. Les musiciens par leur jeu léché et leur maestria (surtout Brubaker bien évidemment) sont les grands acteurs de ce monument sans oublier le vocal de Jake qui est parfait et qui n’aura à souffrir d’aucun reproche. La galette mérite en tout cas un bon gros 9/10.

Pour ce qui est des pistes bonus, il y en a quatre, et ne vous attendez pas à voir quatre hidden tracks de la même tenure que l’album. Non ici ce sont quatre pistes existantes remisent à neuf. La première à se prendre au jeu est Internal Cannon, le tube en puissance se donne en spectacle en acoustic version, sans voix, uniquement à la guitare. Une piste aux couleurs hispaniques puisque l’on se croirait en Andalousie, pratique pour ceux qui veulent s’entrainer au vocals sans être abattu par la voix de maestro de Jake. Ensuite c’est Pangea qui est repris par Bells, le groupe de l’ancien vocaliste d’ABR. C’est minimaliste, c’est intéressant, c’est très bon si on aime cette nouvelle vague de style musical, en tout cas moi j’aime beaucoup. Décidément les pistes bonus sont placés sous le signe de la sagesse et de la tranquillité puisque Zachary Veilleux reprend Boys of Fall au piano. Alors cet homme est inconnu du champ de bataille, même en le googlant je n’ai rien trouvé mis à part cette musique, en tout cas il faut reconnaître qu’il a lui aussi de la maestria une fois le piano en main. Pour finir c’est Empire qui est reprise façon MIDI (Musical Instrument Digital Interface). C’est…hum…c’est assez drôle, un peu brouillon mais je pense que c’est plus un délire du groupe qu’une vraie envie de faire quelque chose de musicalement concret.

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