Devil Sold His Soul – « Time »

- 02/10/13 19:00

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Qu’on l’ai attendu, redouté, ou même craint, l’heure du jugement premier a sonné pour Devil Sold His Soul. Nous n’avions pas eu de nouvelles depuis mars et le départ d’Ed Gibbs, on savait simplement que c’était Paul Green (The Arusha Accord) qui reprenait le flambeau, rien de plus. Plus d’un an après Empire of Light, ils envoient « Time », morceau sensé signer une nouvelle ère pour le groupe. Ah oui, vraiment ?

Non, « Time » ne surprend pas. Il ne déçoit pas non plus. C’est bien plus gênant, il indiffère quasiment. Il défile, fulgurant, il tape fort sans créer de sursauts, il est mélodique sans être véritablement beau ou, du moins, planant. En fait, Devil Sold His Soul reprend ici toutes les formules qui font l’efficacité de ses morceaux majeurs mais s’emballe en les condensant d’une traite. Du coup, on attend une chute, un rebond, une émotion. Rien. Nous nous contenterons d’opiner du chef en réalisant que les grandes lignes instrumentales sont un pastiche éhonté de l’épique « End of Days ».

Les screams, incisifs, sont très efficaces mais miment sans surprise ceux d’Ed, à l’exception que l’on a troqué le plaintif hargneux par une hargne haineuse, sans émotion. Juste une mimique. Le chant clair est lui aussi des plus honorables. Le refrain est (presque) entêtant et la voix de Paul Green – encore obscure à bien des oreilles – se révèle être une bonne surprise. Malheureusement, il poursuit la logique du morceau : toujours dans les rails des précédents DSHS en sapant l’aspect émotionnel. Le refrain porte d’ailleurs la voix trop en valeur, quitte à éclipser la guitare et donner des élans presque « popy » dans le placement.

En fait, nous pourrions comparer cette piste à de somptueux ornements en or que l’on aurait fait fondre pour obtenir un lingot, une brique qui brille sans élégance. On sait qu’on n’a pas affaire à n’importe quoi mais le charme n’y est plus tellement, on ne fait que deviner sa valeur à défaut de pouvoir la contempler directement. Bref, pour ceux qui sont passés à côté de cette pépite qu’est Devil Sold His Soul, « Time » reste malgré tout un morceau de haute facture. La recette est efficace bien que les ingrédients ne soient pas toujours dosés avec parcimonie. Pour les aficionados de DSHS, vous nous rejoindrez sûrement sur ce point : ce morceau nous démontre que Paul Green est largement à la hauteur pour reprendre le flambeau d’Ed Gibbs, mais Devil Sold His Soul devra encore nous prouver qu’ils peuvent renouer avec la puissance et le charme d’antan.

Victor

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