If These Trees Could Talk – « Red Forest »

- 02/04/12 11:37

 31. If These Trees Could Talk - Red Forest*

Loin de la scène que nous propose les labels à la mode comme Rise ou encore Sumerian Records qui nous vendent souvent des formations toutes plus homogènes les unes que les autres, il y a une scène, disons alternative, qui joue  une musique plus subtile et qui sait d’avantage se rénover au fil des décennies. If These Trees Could Talk est un groupe originaire de l’Ohio signé chez The Mylene Sheath Records. Forts d’un deuxième album studio, intitulé Red Forest, le quintette américain revient en ce début de printemps nous balancer sa sauce à laquelle on peut (trop?) rapidement prendre goût. Récit.

Aux premières notes ambiantes de l’intro de cet opus (« Breath Life« ), on pourrait penser qu’ If These Trees Could Talk est un groupe de post-rock  instrumental dans la belle lignée des This Will Destroy You et autres Explosions In The Sky. Cependant, ce serait ne pas tenir compte du titre suivant, « The  First Fire« , qui, tout en reprennant les éléments de la musique post-rock des groupes précédemment énoncés, y ajoutent des éléments plus rock comme cette distortion plutôt sale. Un régal. « They Speak With Knives » est le plus flagrant exemple du melting-pot que nous propose le groupe où des éléments de plusieurs styles éloignés se heurtent pour arriver à un résultat qui frôle la perfection. A ces éléments post-rock précités ainsi qu’à la distorsion, s’ajoutent une double-pédale et un riff rapide pour un court passage aux sonorités metalcore, une rythmique très groove et une outro quasi-électro. Le morceau phare de cet album que je recommande à tout le Monde au moins une fois. Après cette véritable claque qu’est « They Speak With Knives« , le groupe marque une pause très silencieuse avec le titre « The Gift Of Two Rivers » avant de reprendre les hostilités avec le morceau éponyme, « Red Forest » aux sonorités proches du dernier album d’ Explosions In The Sky, Take Care, Take Care, Take Care, une fois encore la distorsion en plus. La fin du morceau apporte une touche de nouveauté à l’album avec l’apparition de riffs appartenants au post-metal et un solo utilisant le floyd. Les morceaux suivants, « Left To Rust And Rot » et « The Aleutian Clouds » suivent cette tendance post-metal en incluant une impression de lourdeur paradoxale aux débuts très légers et planants sur chacun de ces deux titres. La dernière piste de la galette est le morceau « When The Big Hands Bury The Twelve« , de près de dix minutes, qui reprend un peu les éléments post-rock laissés de côté depuis quelques titres en y ajoutant une rythmique groovy pendant les deux tiers du morceau, avant de remettre du bois sur le feu en replaçant des parties de double-pédale et des riffs légers qui tendent vers la lourdeur et un apocalypse musical dense précédent un silence de plusieurs secondes.

Que de chemin parcouru depuis l’album Millions Now Living Will Never Die de Tortoise sorti en 1996 qui avait révolutionné le genre et instauré les prémices du post-rock. L’alchimie d’ If These Trees Could Talk est présente sur toute la totalité de Red Forest offrant une richesse et une complexité unique à leur musique. Un album exclusivement instrumental qui a de quoi, pour le meilleur et seulement pour le meilleur, séduire un large public très varié et qui présente un somptueux portrait de ce qu’est l’expérimentation musicale. Un album sophomore délicieux d’un groupe à découvrir d’urgence.

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