Merge – Elysion

- 12/02/14 20:44

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Merge, l’album. Je ne saurai pas vous donner le titre exact de l’épisode mais chez All The Rage TV, vous avez eu la chance de pouvoir suivre l’évolution de Merge tout au long de leur courte carrière ces deux dernières années. Vous saviez donc que l’album arriverait un jour et le voilà. Presque 2 ans se sont écoulés depuis la sortie du 1er et seul E.P du groupe Transmission et il est inutile qu’en 2 ans, dans ce milieu, les choses bougent très vite. Alors, véritable progression, ou un coup d’épée dans l’eau de plus dans le joli monde du hardcore français ?

Je ne reviendrai pas en détail sur cette…vague qui consiste à ce que les groupes sortent des albums très tôt dans leur carrière. Les incriminer ne serait pas juste car c’est toute la transformation de l’industrie musicale qui les pousse à tout faire trop vite. Un groupe qui voudrait prendre son temps prendrait le risque de se faire oublier. Et à une époque où une formation peut passer du Klub au Groezrock en moins d’un an, il vaut mieux être omniprésent pour espérer réussir un minimum. Malgré toute cette conjoncture, les gars de Merge ont pris leur temps pour sortir leur album dans les meilleures conditions possibles, sans pour autant se faire oublier. 2 clips très bien réalisés (c’est toujours mieux que ces horribles lyrics video qui pullulent sur le net – merde ils viennent d’en sortir une…), pléthore de concerts et une relation toujours très proche de son public.

Toujours est-il que musicalement, cet album est vraiment réjouissant car sa composition permet de constater l’évolution qu’il y a eu depuis  Transmission. On est passé d’un post hardcore inspiré mais un peu naïf à un metalcore nuancé et plus mur. Lancer la galette, c’est se prendre un tsunami de tubes sur les 25 premières minutes de cet album. L’ambiance si particulière de « Joy Illusion » et son break dévastateur, la bipolarité jouissive de « Wolf ‘s Dagger » ou encore le gang vocal de « Us Against Our Cities »… Bref, le groupe regorge de bonnes idées dont les influences sont reconnaissables mais d’une manière suffisamment travaillée pour que l’on ne crie pas au plagiat comme on a pu le faire sur d’autres productions Made In notre beau pays. Pour preuve ce « Lighters » d’ouverture calme d’entrée de jeu. On y entend un Merge plus violent qu’à l’accoutumée et encore plus déstructuré. Les guitares soutiennent une voix qui assume pleinement ces deux aspects. Le scream d’Anthony a évolué, a grandi. Doué d’une technique remarquable, le chanteur gagne en interprétation et gère bien mieux ses temps forts qu’il nuance parfaitement entre voix claire et hurlement déchirant. Sans aucun doute la meilleure chanson de l’album. J’ai également adoré le travail mélodique sur « Wolf’s Dagger ». Les guitares et la basse sont savamment orchestrées pour que l’on oscille entre une ambiance très Satan ou très lumineuse. Sans parler de l’apport ultra qualitatif d’Alex de The Prestige qui vient poser sa gouaille pour durcir le ton. Un passage qui nous entraîne dans les abîmes avant que les 3 dernières phrases nous tendent la main vers un lendemain plus éclairé. Surement la chanson qui m’a donné le plus de fil à retordre à l’écoute mais qui s’avère vraiment profonde une fois adoptée. Vous l’aurez compris, cette première moitié d’album se révèle d’une qualité rare, et véritablement rafraichissante. Quelque chose qui fera taire les plus vils détracteurs.

Cependant, si je me suis permis d’ouvrir cette chronique sur cette mode qui est de faire des albums très tôt dans la carrière d’un groupe, c’est qu’il y a (selon moi) une raison. Si les 6 premières chansons sont bonnes à faire bander un âne mort (et je pèse l’émo), le reste de l’album perd en originalité malheureusement. Si l’on trouve toujours un élément dans chaque chanson qui nous entrainera sans trop de difficultés vers la fin de cet album, on se trouve face à des chansons metalcore assez basiques et j’avoue que j’aurai aimé que le groupe expérimente plus. Qu’il aille plus loin dans la recherche d’ambiance et de mélodies alambiquées. Qu’il exploite d’une manière moins convenue la voix d’Anthony lorsque les guitares tirent pourtant leur épingle du jeu avec un son et un style qui commence à devenir reconnaissable.  Ou alors qu’il se contente de sortir 1 ou 2 E.P contenant ces excellentes chansons. Les 6 premières à laquelle on peut ajouter la frissonnante instrumentale « In Details Part II – Is this my Wish, Is this my Will », suite du « In Details » sur Transmission.

Vous l’aurez compris, Elysion est le genre d’opus qui enthousiasme autant qu’il frustre. La faute à une seconde partie qui semble avoir été composée un peu trop rapidement pour clôturer une tracklist spéciale LP. Si l’on peut associer ce défaut à un manque de maturité, on ne peut cependant pas nier le talent qui habite chacun des musiciens au sein de cette formation. Un groupe qui se taille une jolie réputation au milieu d’une scène qui commence à vraiment tourner en rond et qui, heureusement, salue pourtant les initiatives brillantes d’un groupe tel que Merge.

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