Report: The Dillinger Escape Plan + Maybeshewill + Circles @Divan du Monde (28.09.13)

- 30/09/13 16:55

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Drôle de date que celle qui nous était proposée ce soir par Gerard Drouot Production, puisqu’en plus d’un des plus gros noms du mathcore si ce n’est le plus gros, nous avions l’un des plus beaux noms du post-rock, deux style musicaux que l’on associe rarement. En toute première partie nous étions également supposé voir Circles, un groupe pour lequel j’ai peu d’affection, et c’est pour quoi je suis volontairement arrivé en retard au Divan du Monde. La joyeuse place de la rue des Martyrs n’était d’ailleurs pas bondée mais presque (il y avait encore de la place à l’étage), même si la fin de soirée fut pratiquement irrespirable tant l’agitation globale de la part de Dillinger et du public a été grandiose.

 

J’arrive donc un peu après l’heure prévu et me pose devant le merch (c’est un détail important) tout en écoutant ce qui devait être Circles et en me disant que j’avais peut-être mal jugé le groupe. Il m’aura fallu deux bonnes minutes avant de comprendre que j’étais finalement devant Maybeshewill, le groupe de post-rock fantasque du Royaume-Uni au piano très présent et aux fluctuations électroniques éparses. Dieu qu’ils sont bons, mais du fait de mon retard je n’ai aucune idée depuis combien de temps le set avait commencé, et j’ai vécu leur show dans l’angoisse que « Not For Want of Trying » avait déjà été jouée. Pour du post-rock quasi exclusivement instrumental les musiciens occupent bien la scène, ce qui ne rend pas le manque de frontman préjudiciable (même si les non habitués du genre leur reprocheront cette absence de voix), bien aidé par un bassiste déchaîné et un claviériste disposé de façon à parfaitement disposer de l’espace. Je suis satisfait de leur prestation mais il leur manquait une chose pour me faire vibrer, et cette chose est finalement arrivée, cette fameuse « Not For the Want of Trying » que j’ai mentionné. C’est sans contestation le meilleur morceau du groupe avec son sample emblématique du film Network (« I want you to get MAD »). L’intensité de cette piste peut être illustrée par le fait qu’une fois leur show fini (c’était leur dernier morceau) j’étais transformé en mi-homme mi-frisson. Un bonne prestation disais-je même si leur place sur l’affiche ne leur a pas permis de disposer d’effets visuels qui auraient transcendé leur univers. Dommage.

 

Ce qui a été assez amusant à observer durant ce premier set, c’est ce qui se passait aux alentours du merch. Voyez vous, la jeune fille qui s’occupait de vendre les goodies de Dillinger était d’une beauté à couper le souffle, et absolument tous les hommes placés devant les tables de vente (moi y compris bien évidemment) se sont retournés au minimum trois fois pendant le set pour l’admirer. C’est peut-être très sexiste à dire – en même temps je ne vois pas comment on pourrait me contredire – mais je pense que sur cette tournée DEP a dû faire sauter son chiffre de vente. L’autre chose ‘moins’ amusante que je dois mentionner avant de continuer, c’est que j’ai cru jusqu’à l’arrivée de The Dillinger Escape Plan que l’ordre des groupes avait été inversé, et que Circles allait venir après Maybeshewill. Car oui, quand je vous dis que je suis arrivé en retard, je vous dis que je suis arrivé à 20h06 pour 20h qui était l’horaire inscrit sur la place. Sauf que la seule fois où je ne regarde que l’horaire papier (qui est d’habitude l’horaire d’ouverture des portes), le concert avait dû commencer trois quart d’heures avant. Donc j’ai bel et bien loupé Circles ainsi qu’une partie de Maybeshewill (mais pas plus de deux morceaux à mon avis) à cause d’une information fnac erronée. FACK.

 

Venons en cependant au fait, aux stars de la soirée, à ceux pour qui 95% des gens s’étaient déplacées : The Dillinger Escape Plan. C’est lorsque j’ai vu les artworks de One of Us Is the Killer sur les deux écrans placés sur scène que j’ai compris que non seulement on ne verrait pas Circles, mais qu’en plus on aurait droit à quelques effets visuels. Dans un Divan qui se réchauffe de plus en plus, les lumières s’éteignent, les zicos arrivent sur scène sous les cris et applaudissements, seulement quelques notes sont joués frénétiquement, puis silence complet se fait…….HOW COULD IT ALL BE !! Voilà, ça fait à peine trente secondes qu’ils sont sur scène, Greg Puciato est déjà en train de crowd surfer, laissant l’espace scénique aux gratteux. Vous l’avez deviner c’est donc le – à mon sens – meilleur morceau de One of Us Is the Killer qui sert d’introduction : « Prancer ». Quelle énergie, quelle patate, quelle présence scénique ils ont tous les cinq, c’est bluffant. Seulement je n’avais pas fini d’être impressionné, puisque leur trois premiers morceaux « Prancer » inclus m’ont donné l’impression d’être au concert de l’année. « Farewell, Mona Lisa » et ma préférée « Milk Lizard » ont vraiment placé DEP au dessus du reste pour ce qui est de l’entame d’un show.

La suite est un petit florilège de leur discographie puisque se suivent cinq titres issus de leurs cinq dernier albums studios (seul le premier éponyme ne sera pas représenté mais en même temps Puciato n’y était pas à cette époque) pour se confondre avec un enchaînement sur quatre extraits de leur dernier bébé : « Hero of the Soviet Union », « Nothing’s Funny », « One of Us is the Killer » et « Crossburner » (ils joueront plus de la moitié de l’opus). La plupart d’entre eux contiennent des passages en chant clair très catchy qui seront parfaitement repris par la foule (notamment le « one of us must die but the killer won’t survive » de la piste éponyme). On fera un petit détour par le cover de Depeche Mode « Behind the Wheel » mais sans Chino Moreno avant de terminer le set par le single « When I Lost My Bet », que je n’apprécie pas trop même si le live lui a redonné ses lettres de noblesses, et « 43% Burnt ». Un petit rappel lancé par une blague « tant que vous restez on reste, on va rejouer le set depuis le début » plus tard et le show d’1h15-1h20 se termine en apothéose, sous la clameur des fans, impressionnés que nous sommes par le concert le plus énergique de l’année, même si toute ce marasme a tendance à donner mal à la tête sur la fin.

Voilà, c’était donc pour la prestation globale et le bon déroulement du show qui n’a eut aucun accroc, aucun problème technique, de la bonne humeur et du bon feeling ininterrompu (c’est assez rare pour le signalé), et donc ce que l’on pourrait appeler une énorme soirée. Mais il faut revenir en détail sur deux choses : les membres de The Dillinger Escape Plan et l’univers scénique. Les membres d’abord ; on m’avait dit…..non en fait on ne m’avait rien dit mais j’avais lu et compris que Greg Puciato était l’un des mecs les plus imposants en live, et il l’est, réellement, mais ce n’était pas de la façon dont je l’imaginais. Certes il a une présence scénique et un charisme incroyable avec ses muscles saillants et son air de Tom Hardy, mais je m’attendais à une puissance vocale dévastatrice, alors que ce qui le différencie des autres serait plus sa maitrise et sa technique. Voyez-vous, Puciato c’est le genre de mec qui a le visage d’un type qui demande du rab’ de pâtes à la cantine, mais qui vous lâche en même temps un cri long et maitrisé, sans effort, sans s’essouffler, et à la perfection s’il vous plait. D’ailleurs sa capacité à ne pas perdre sa voix alors qu’il court un marathon durant le concert est proprement ahurissante, entre crowd surfing et sauts dans tous les sens, il y en a beaucoup qui seraient allongés par terre au bout de deux morceaux. Cette remarque doit être également faite aux gratteux, et plus précisément au soliste Ben Weinman, qui non content de faire tourner la guitare sur son bras, de jouer au milieu de la salle debout sur la foule et de temps à autres de slammer, il garde tout de même suffisamment le nord pour gérer les riffs stratosphériques et les taping endiablés de la musique du groupe. Un fan est même monté sur scène pour lui faire une révérence, avant que le bassiste le jette de scène avec un coup de pied au cul. Visuellement DEP est dans la même veine que The Chariot (R.I.P), et il est de votre devoir d’un jour le constater de vos yeux.

Il nous reste le dernier point, l’univers visuel du groupe. Comme vous l’avez compris plus haut, il y avait deux écrans placés de chaque côté de la scène, mais ils ne diffusaient pas que les artworks du dernier album ou des économiseurs d’écran style windows media player. Ce qui y était projeté était beaucoup plus intéressant lorsque l’on avait dans les oreilles quelque chose d’aussi barré que la musique de Dillinger. Pendant toute la durée du set il y avait diffusé en boucle de très courts extraits (deux à trois secondes) de films ou de séries ayant tous une connotation psychédélique, dérangeante ou tout simplement stylistiquement intéressante. Parmi ces extraits on y trouvait un peu de tout : Scary Movie 3 (un des passages de la fausse vidéo de Ring ou la chaise tourne à l’envers), un majeur levé de Bryan Cranston dans Breaking Bad, la tête de Louis Del Grande explosant dans Scanners, les extra-terrestres de They Live (si le film ne vous dit rien, c’est lui qui a introduit la citation mythique : I have come here to chew bubble gum and kick ass…and I’m all out of bubble gum ; que vous pouvez entendre dans « Piano Lessons Can Be Murder » de Dr.Acula), mais également des squelettes qui dansent et des poupées qui applaudissent lorsque le show touchait à sa fin (faisant l’effet d’un miroir sur le public se comportant lui même comme une marionnette, applaudissant machinalement etc etc…). Ce procédé m’a rappelé un peu l’univers et l’ambiance du film The Theatre Bizarre, qui bien qu’extrêmement différent avait parfois ce parti pris esthétique dérangeant (on a eu droit également à une pupille qui se fait malaxer, niveau dérangeant je ne sais pas ce qu’il vous faut). On ajoute à tout ce beau monde des jolies effets au stroboscope et vous avez alors une bonne idée de ce à quoi ressemblait ce concert qui fera date.

 

Setlist :
Prancer
Farewell, Mona Lisa
Milk Lizard
Panasonic Youth
Room Full of Eyes
Black Bubblegum
Sugar Coated Sour
Hero of the Soviet Union
Nothing’s Funny
One of Us Is the Killer
Crossburner
Behind the Wheel (Depeche Mode cover)
Good Neighbor
When I Lost My Bet
43% Burnt

Encore:
Gold Teeth on a Bum
Sunshine the Werewolf

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