Bring Me The Horizon + Pierce The Veil + Sights & Sounds @ Le Bataclan 15/11/13

- 18/11/13 19:44

Bring-Me-The-Horizon-UK-Tour-2013

Il y avait comme un sentiment de revanche dans l’air ce soir. Bring Me The Horizon revient à Paris pour la première fois, en tête d’affiche, depuis le désastre du Bataclan de janvier 2011. Petit rappel des faits : Oli, sous diverses substances, était incapable d’aligner plus de deux phrases et le set fut considérablement écourté puisque seulement 7 chansons furent jouées, dont 5 quasi-totalement instrumentale. Mais depuis les choses ont changé, apparemment. Depuis, Bring Me The Horizon a sorti Sempiternal, surement le disque de l’année. Depuis, les prestations scéniques du groupe sont moins critiquées même si la plupart émettent beaucoup de réserve tout de même. Du coup, le Bataclan de ce soir affiche complet, et ce depuis quelques semaines. En première partie, il y a les californiens de Pierce The Veil, ambassadeurs d’un popcore édulcoré au relent latino mais disposant d’un très grand capital sympathie en France et Sights & Sounds. Mais ce concert, véritable marasme ou coup d’épée dans l’eau ?

C’est Sights & Sounds qui va entamer les festivités de la soirée et se confronter à la fosse sur excitée. Je ne connaissais pas du tout ce groupe, à l’inverse du public qui a fait résonner tout le Bataclan à leur arrivée. Sans doutes les ont ils pris pour Pierce The Veil. Pour les premières chansons de la formation canadienne, je ne suis pas de suite emporté car certes, l’énergie est présente, c’est incontestable, mais le son n’est pas bien calibré. L’énorme reverbe sur la voix la rend inaudible et on ne distingue rien là d’où je suis. Mais le problème sera réglé sur le troisième titre, et là, je redécouvre une sonorité qui me plaît vraiment. Musicalement, je suis de plus en plus attiré par les effluves sonores que dégage le groupe. La guitare lead nous transporte à l’aide de la voix qui semble sortir de tous les murs du Bataclan. La bande réussi à installer son univers et le public semble réceptif. Les chœurs sont parfaitement en place et rajoutent du volume et de l’intensité à la musique. De plus, les compositions de Sighs & Sounds sont véritablement variés, on passe part des paysages planants, puis des reliefs de puissances et d’énergies. Le chanteur nous dira qu’il est content de retrouver Paris pour la deuxième fois, j’ai eue l’envie de lui répondre que j’étais heureux de découvrir leur musique pour la première fois. Les canadiens s’approprient comme il se doit l’espace scénique grandement réduit par le backline imposant des groupes suivants. Tout était au rendez vous. Ce qui fut vraiment intéressant, c’est que le quintet détonnait considérablement de l’univers musical des deux autres troupes, et cela n’a posé aucun problème. Leur musique, parfaitement maîtrisée, c’est imposée et ils ont réussi à accrocher le public, majoritairement conquis par ces sonorités enivrante. Une très belle découverte pour ma part.

Le choix de Pierce The Veil en guise de guest de luxe pour cette tournée européenne fut un choix extrêmement judicieux. Comme je le dis plus haut, le groupe n’est pas inconnu et dispose même d’une grosse fan base en France (pour info, la page FB Pierce The Veil France rassemble pas moins de 500 personnes). Pas mal pour un groupe qui n’a jamais joué en headline dans notre pays ! Ainsi, lorsque l’installation de la scène est entamée, on sent une véritable attente, une véritable excitation dans la salle. Le groupe débarque sous l’acclamation d’un Bataclan à 80% acquis à la cause du groupe californien. La géniale « Bulls In Bronx » est balancée d’entrée et Vic Fuentes se permet même de laisser la salle chanter le début du refrain. Tour de force, Pierce The Veil a un public et ce « Maybe we’re just having too much fun » résonne très très fort dans nos oreilles. Wow. L’énergie du groupe est non négligeable. Fuentes, toujours lui, se débarrasse facilement de sa guitare pour assurer au mieux son rôle de frontman, bien épaulé par Jaime Preciado le bassiste qui s’occupe à merveille des chœurs. Bien entendu, le groupe n’est pas exempt de tout reproches. Si leur niveau technique est admirable, Fuentes peine parfois à assurer certaines parties très hautes. Mais vu l’énergie mise dans ce set, ces légères fautes leur sont largement pardonnées. Le dernier album du groupe Collide With The Sky est représenté en majorité. Ainsi, « Hell Above » fait jumper la fosse au point de faire trembler le Bataclan. Si l’intro extrêmement sucrée de « Bulletproof Love » fait hérisser certains poils parmi nos chers coreux vénères, il n’y pas à chier, le groupe s’emploie vraiment à satisfaire au mieux le public parisien. Passage sympathique lorsque le groupe récupère un drapeau dédicassé par la fan base spécialement pour l’occasion et l’affiche sur scène. Le groupe termine son set tout d’abord sur la géniale « Caraphernelia » habituellement en duo avec Jeremy McKinnon d’A Day To Remember. Cette fois ci c’est Jaime qui assure les screams avec plus ou moins de réussite. Puis, « King Of A Day », sans Kellin Quinn (pourtant je suis sur qu’Oli Sykes aurait adoré l’avoir avec lui en tournée !) est balancée afin d’achever un Bataclan déjà brulant.

L’excitation est palpable bordel. On sent que le Bataclan a envie d’en découdre, qu’il croit en la naissance du phénix devant ses yeux ce soir. A son envol plutôt. Car si BMTH peut être considéré comme un gros groupe aujourd’hui à la vue de la qualité des 3 derniers albums sortis, les prestations live du groupe restent un gros bémol. Ce petit grain de sable qui enraye la machine et l’empêche d’exploser le Monde sur son passage. On est donc partagés. Une immense attente atténuée par cette peur de la déception. Une magnifique parabole à la vie. Est-ce que l’assistance très nombreuse du Bataclan ce soir a eu raison d’aller au devant de sa peur et d’accorder une ultime chance à un groupe à qui il ne manque ça pour véritablement devenir légendaire.

On découvre sur la scène des lettres géantes en fond de scène « B.M.T.H » comme lors de la tournée triomphale de Suicide Season. La batterie et l’espace de Jordan Fish surélevés et excentrés. La rupture entre eux et le reste des musiciens se fait par un mur d’ampli blanc. Moche honnêtement.

Les lumières s’éteignent, le groupe entre en scène sur une intro ou Matt, à la batterie, et Jordan dialoguent pour introduire un « Can You Feel My Heart » d’une pureté et d’une puissance émotionnelle dingue. On y est. Oli semble en forme, il assure ses parties avec précision et émotion. Le jeu de lumière est impressionnant et reflète à merveille l’aura céleste qui se dégage du morceau d’ouverture de Sempiternal. Quelle claque. Le concert se lance d’autant plus que l’intro de « Shadow Moses » se fait directement entendre et le public n’attend pas Oli pour entonner le refrain avec des « We’re Going Nowhere » à vous foutre des frissons. Les chansons de Sempiternal rendent très bien sur scène et l’on peut déjà observer que si Jordan Fish est encore dans l’ombre d’un Oli Sykes toujours aussi charismatique, il est, un peu à la manière d’un Martin Gore ou d’un Mike Shinoda, la nouvelle tête pensante du groupe. Il gère tous les éléments électroniques lui-même et appuie Matt sur de puissantes percussions. « WE WILL NEVER SLEEP, ‘CAUSE SLEEP IS FOR THE WEAK ! » et le Bataclan ne réfléchit plus à rien. « Diamonds aren’t forever » fleure bon 2008 et l’ingénieur des lumière ne s’y trompe pas, le vert de Suicide Season domine désormais une salle qui hurle les paroles de ce tube metalcore.

3 chansons et le Bataclan est à genoux devant l’Angleterre. Que se passe t’il ce soir ? Oli chante toutes les paroles presqu’aussi bien que sur CD, le son est puissant, la scénographie carrée et ce jeu de lumière, je me répète, est vraiment impressionnant. Inutile de s’étendre pour constater que le groupe a pris une toute autre dimension en deux ans et demi. Il s’est remis au travail pour proposer un live à la hauteur de la qualité incroyable des CD. Je prends un verre d’eau pour ne pas tomber dans la liste de superlatifs.

Là où l’on attendait Sykes ce soir c’était sur ces chansons beaucoup plus posées qu’à l’accoutumée. Ces chansons sur lesquelles on pourra déterminer l’utilité d’un vocodeur en studio. Première du nom « And The Snakes Start To Sing ». Bien qu’exécutée avec beaucoup d’émotions et de justesse, la ligne beaucoup trop basse du refrain ne permet pas de vraiment juger car la voix de Sykes était à peine audible. Donc on se reporte sur « Deathbeds », véritable chef d’œuvre présente sur le Deathbeds E.P accompagnant la sortie de Sempiternal l’an dernier. Et Dieu que la surprise fut agréable. Au milieu de toute cette rage, de cette fougue, c’est un véritable moment de grâce que BMTH nous a offert avec cette chanson parfaitement jouée et complètement habitée. J’en ai des frissons rien qu’en y pensant.

Entre temps, quelques tubes du dernier album sont venus mitrailler le public du Bataclan. Les « Brick by brick by brick » de « House Of Wolves » furent scandés par les 2000 personnes présentes alors que le refrain de « Go To Hell For Heaven’s Sake » retourna le Bataclan. Et c’est pile à ce moment que le rapprochement s’est fait dans mon esprit. Le parallèle musical avec Linkin Park avait déjà été mis en avant lors de la sortie de Sempiternal. A la vue de la prestation de ce soir, l’aspect ultra carré du set sans pour autant négliger une puissance hors du commun m’évoque les live du groupe californien. Espérons seulement que les prochaines sorties de BMTH soient bien au dessus des 3 derniers albums de Linkin Park !

« Chelsea Smile » et « Antivist » arrivent pour retourner une fois de plus un public qui, à l’image du prêcheur Sykes, n’a pas envie de s’essouffler ce soir. Le tube de Suicide Season est toujours aussi apprécié et plus encore lorsqu’il est interprété dans son intégralité ! Si les musiciens quittent alors la scène, le public ne s’y trompe pas, nous auront bel et bien droit à un rappel. L’ultra émotionnelle « Blessed With A Curse » fera chavirer bon nombre de cœurs alors que « Sleepwalking » achèvera le Bataclan. Les dernières cordes vocales seront brisées sur le refrain de cette chanson, sauf celles de Sykes qui tient bon jusqu’au bout.

Inutile de le préciser, ce concert fut mémorable, un des meilleurs de l’année. Bring Me The Horizon s’impose définitivement comme un très gros groupe de la scène metal actuelle. Nul doute que, s’ils continuent à sortir des albums de qualité, le public s’amassera autour d’eux et il ne fait aucun doute qu’on les retrouvera en tête d’affiche sur des salles plus grandes dans peu de temps. Et que c’est mérité.

 

David et Nathan.

 

Setlist BMTH :

- Can You Feel My Heart ?
- Shadow Moses
- Diamonds Aren’t Forever
- The House Of Wolves
- Go To Hell For Heaven’s Sake
- And The Snakes Start To Sing
- Empire (Let Them Sing)
- It Never Ends
- Deathbeds
- Chelsea Smile
- Antivist

- Blessed With A Curse
- Sleepwalking

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