A Lot Like Birds – « No Place »

- 11/11/13 21:11

ALLB

Prenons les choses comme elles le sont, sans hypocrisie et sans fioritures : A Lot Like Birds est un groupe composé essentiellement de génies. Leur créativité, leur charisme et leur nonchalance apparente en fait le groupe atypique par excellence, inimitable et inénarrable, dont les frasques expérimentales viennent apaiser nos cerveaux trop simplistes pour comprendre entièrement la substance de leur talent ; indigne que nous sommes d’assimiler ce nectar des dieux, cette ambroisie auditive qui tous les deux ans depuis maintenant 2009 met le monde à ses genoux, si tant est que le monde se sente prêt à remettre en cause tout ce en quoi il croit.

Voici pour vous en guise de deuxième introduction une petite maxime qui pourrait expliquer comment le son de ALLB baise violemment votre cerveau sans avoir l’élémentaire politesse de vous tripoter le petit frère : le talent c’est d’atteindre une cible que personne ne peut atteindre, le génie c’est d’atteindre une cible que personne n’avait vu. En ce sens, en plus de jouer à un niveau avec lequel très peu de personnes sont capables de rivaliser ils arrivent à nous faire ressentir des choses dont on ignorait jusqu’à l’existence, sans tomber dans l’auto-paluchage ou la démonstration technique un peu lourdingue. Dans une continuité légitime de Conversation Piece comme en témoigne son artwork extrêmement similaire, No Place est l’une des plus belles histoires de 2013, et l’un de ses moments les plus uniques et les plus exceptionnels.

Bien entendu il est nécessaire d’être ouvert à ce genre d’expérimentations ou tout simplement d’être curieux musicalement parlant pour savoir apprécier les albums de ALLB, et il faut notamment aimer le spoken words. Pratiquement un morceau sur deux en contient, ce qui est beaucoup plus important par rapport à Conversation Piece ; donc ceux qui n’en raffolent pas risquent de râler par moments, mais pour des gens comme moi capables de s’envoyer les albums les plus racontés de Listener ou les Here, Hear de La Dispute en boucle c’est du vrai pain bénit. De plus et je l’ai déjà dit dans les nombreuses chroniques de ses albums solos où lors du live de ALLB en début d’année : je suis un inconditionnel de ce duo de vocalistes. Cory Lockwood est un poète avant d’être un chanteur (assez exceptionnel au demeurant), et Kurt Travis est l’une des voix claires les plus époustouflante du paysage musical actuel, No Place ne fait que confirmer ces acquis.

J’aimerai également faire un parallèle avec le dernier album de The Mars Volta Noctourniquet, du fait qu’il ne soit pas réellement un condensé de ballades macabres, mais en ce qu’il est nettement plus penché sur les ambiances un peu nocturnes, voir même un peu rêveuses, laissant de côté les grosses parties math rock et énergiques de leur précédent effort. C’est à la fois un gros point fort, et un gros point faible. Un bon album se raconte, mais je ne saurai de tous mes mots narrer avec le mérite qui lui revient les méandres dithyrambiques provoqués par le bruit de No Place. « No Nurture », « Connector », « Kuroi Ledge » ou encore « Hand Over Mouth, Over and Over » sont des pièces de maitres absolues qui toutes se subjuguent dans leurs derniers instants, pour des climax qui resteront dans l’anthologie du grand livre de la musique. Puis enfin que dire de « Myth of Lasting Sympathy »…je n’ai pas de mots pour commenter cette histoire touchante, uniquement en spoken words, qui a su me troubler au plus profond des vallées ténébreuses de mon âme, là où à l’accoutumée la lumière ne passe pas.

Aujourd’hui encore je suis capable après une bonne cinquantaine d’écoutes complètes de redécouvrir des moments précieux de Conversation Piece, tant le potentiel de leur musique est immense. J’ose alors espérer que dans un an j’aurai autant de ferveur à réécouter No Place, et que j’en aurai saisit bien d’autres subtilités. Bravo messieurs, merci et au revoir.

When we grow up do we still get scared when the lights go out ?

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