AFI – « Burials »

- 22/11/13 18:00

AFI_-_Burials_artwork

Le voici, le nouvel album d’AFI, attendu par toute une communauté de fans. Le groupe californien était resté silencieux depuis 2009, pour notamment permettre à Davey Havok (chant) et Jade Puget (guitare) de continuer leur aventure électronique sous le nom de Blaqk Audio. Si le groupe a commencé à distiller il y a quelques mois des indices concernant Burials, (artwork, singles) on pouvait quand même s’interroger sur le contenu de cette nouvelle production, et sur l’orientation musicale du groupe, très punk-rock à leurs débuts, puis alternative rock notamment avec Crash Love qui n’a pas fait l’unanimité. Personnellement, je considère Sing The Sorrow (2003) comme un de ces albums qui a changé ma vie musicalement parlant, et celui-ci reste pour moi la pièce maîtresse de leur discographie. Crash Love qui ne m’avait guère emballée, suivi de quelques années d’attente ont presque eu raison de mon intérêt pour le groupe, si bien que je m’attendais à un album très mainstream et sans âme…Une pochette presque entièrement noire, un titre éloquent ainsi qu’un premier clip en noir et blanc (« I Hope You Suffer ») commencent à rassurer, mais c’est bien sûr le contenu qui importe, et autant le dire de suite, il est bon.

« The Sinking Night », morceau d’introduction, suivi de « I Hope You Suffer », nous mettent de suite dans une ambiance sombre, où le son puissant mêle guitare et claviers. Les influences darkwave sont très présentes, mais le plus souvent pour apporter une dimension atmosphérique à l’album qui va jouer de la complémentarité des sonorités électroniques et rock. « A Deep Slow Panic » apporte un peu de dynamisme, avec une basse mélodique, véritable fil conducteur du morceau. Le riff d’intro de « No Resurrection » incite à monter le volume, le morceau accrocheur se veut rassurant : ceci est bien un album rock !

Puis arrive « The Conductor » qui représente bien cet album. Guitare rock sur fond de synth-pop, refrain catchy pour un résultat convainquant. Car les morceaux qui osent et assument l’exploration d’autres contrées musicales sont la plus grande réussite de cet album. « The Embrace » se présente comme la ballade de l’album, rythme mid tempo pour un refrain tout en émotion, « Wild », morceau le plus surprenant, le moins « AFI-esque » : pop electro survitaminée aux accents 80s. Si cette description est répulsive, ce morceau est aussi réussi qu’inattendu. « Rewind », qui délivre un refrain assez émotif au chant légèrement écorché. Non, aucun retour à un chant crié n’est prévu sur Burials. On retrouve néanmoins des « whoa-oh » typiques et des quelques refrains chantés en chœur.

Bien sûr, il y a aussi des titres plus traditionnels, plus rock tels « Greater Than 84 » qui sonne très AFI période Decemberunderground, ce qui devraient ravirent les fans nostalgiques de cette époque, et le radiophonique « 17 Crimes », morceau plutôt pop-punk sympathique mais qui laisse un peu sur notre faim. Les textes, signés Davey Havok, sont peut-être moins complexes que par le passé, mais toujours aussi mélancoliques, ou la mort côtoie les amours malheureuses.

Enfin, l’album se clôture par l’atmosphère gothique de «Face Beneath the Waves», qui fait écho au titre d’ouverture. Un morceau intense dont le refrain résonne encore une fois terminé…

AFI continue sa route vers un monde obscur, soucieux d’essayer différents chemins à chaque album.

Moins théâtral que Sing The Sorrow, plus dark que Crash Love, cet album incorpore les influences pop et electro que le groupe affectionne, en proposant quelque chose de nouveau sans oublier leur identité. Bien sûr, ceux qui préféraient AFI période Nitro Records seront probablement déçus, le retour aux racines hardcore n’étant toujours pas prévu. Pourtant, s’il y a quelques titres dispensables, l’album se révèle passionnant au fil des écoutes et se classe parmi les meilleurs productions du groupe.

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