Arctic Monkeys – AM

- 27/09/13 18:00

arctic-monkeys-am-580x580La fin d’un cycle. Une des toutes premières chroniques que j’ai faite pour All The Rage Tv était un album des Arctic Monkeys, l’excellent Suck it And See. Seulement deux ans après, revoici la bande de Sheffield, les Anglais les plus doués de leur génération. Vont-ils encore pondre l’album de l’année avec AM ?

Le problème des Monkeys c’est que depuis Humbug, ils ont lâché le son festif et supersonique de leurs débuts pour s’essayer à des tonnes d’autres choses et du coup beaucoup ont du mal à suivre. Dans le même temps, force est de constater que dans toutes ces prises de risques, ils s’en sortent toujours relativement bien et les attentes sont toujours grandes quand on parle d’Alex Turner et de ses hommes de main.

Il y a un an sortait « R U Mine ? » Une véritable bombe. A tous les niveaux, le titre montrait que les singes polaires pouvaient encore monter d’un cran. De la qualité des lignes de chant superposées en passant par la batterie percutante et toujours cet excellent travail d’arrangement à deux guitares, tout était là et en toute simplicité. Beaucoup reprochaient aux Arctic Monkeys les arrangements trop pompeux des derniers albums et  ils réussissaient ici la prouesse de mêler simplicité et délicatesse. Le monde du rock se mit à rêver.

Et ce fut le drame forcément. Il y a quelques mois, les Monkeys de posent une nouvelle question : « Do I Wanna Know ? » et beaucoup n’y voit qu’une repompe d’ « R U Mine ? » mais ils se trompent. « R U Mine ? » était simplement symptomatique de ce que nos lascars avaient prévus pour ce nouvel album et finalement « Do I Wanna Know ? » s’impose comme un excellent titre avec son côté mécanique, presque électro par moments.

Voilà que l’on plonge dans l’écoute de ce nouvel album, sobrement intitulé AM qu’Alex Turner décrit volontiers comme la bande son de nos souvenirs de soirées les plus folles. D’emblée ce qui marque c’est l’esthétique et l’homogénéité de cet album. La simplicité d’ « R U Mine ? » est là tout du long. On retrouvera ces rythmes entêtants, ces leads guitares suaves et cette drôle d’impression que malgré les décibels nous sommes en présence d’un excellent album de pop.

Parmi les bons points la voix d’Alex Turner toujours capable de créer de nouvelles choses, de s’ouvrir de nouveaux espaces en gardant ce grain si particulier. Notons aussi que la prod’ confère à cet album une ambiance unique et c’est là un excellent point. Quand on sait que l’album a été enregistré au Rancho de La Luna, le fameux studio de Josh Homme, cela devient tout de suite évident. On appréciera aussi de ressentir enfin l’apport de chaque membre du groupe et on sent que tous ont eu l’occasion de s’exprimer sans être coincé entre le charismatique Alex Turner et l’énergique Matt Helders (batterie).

Et puis il y a les lyrics. De ce côté-là, on n’a jamais été déçu et ça ne va pas commencer maintenant. Précisons aussi que si beaucoup ont cru que cet album était un hommage aux années 80, « N°1 Party Anthem » et « Mad Sounds » profitent d’une faille spatio temporelle pour nous ramener à la fin des 60’s en s’inspirant respectivement du meilleur de Bowie et de Lou Reed. Plus tard avec « Snap Out Of It » c’est directement du côté des Beatles que nous nous envolons.

Il y a aussi des mauvais points et pour commencer, bien que composé de seulement 12 titres, l’album est difficile à digérer, justement comme ces soirées qu’il souhaite nous remémorer.  L’overdose de backups vocals de notre ami  Matt Helders vient aussi baisser un peu la note. Le choix d’enchaînement des titres est quelque peu troublant lui aussi. Alors qu’on commence plutôt fort, le milieu de l’album est une énorme pause avant que la tension remonte finalement. Beaucoup auraient sûrement préféré une autre approche. Et c’est là que ça saute aux yeux : cet album semblera mauvais à beaucoup d’auditeurs mais tous ces défauts lui procurent un charme fou.

Outres les 3 singles qui résument extrêmement bien ce que l’on peut attendre de cet album, nous conseillerons l’écoute d’ « Arabella », véritable perle pop rock avec son soli endiablé et un son presque garage. « I Want It All » aurait sûrement su se frayer un chemin dans une setlist de Them Crooked Vultures et là encore, les leads guitars parlent d’elles mêmes.

« Fireside » est sûrement le titre qui m’a le plus marqué, ce rythme de batterie si présent, cette simplicité, ce côté brut et cette ligne de basse ronde et chaleureuse, ont eu vite fait de me convaincre.

Allez, je vais le dire. Le seul titre qui ne m’a pas emballé du tout, c’est « Knee Socks », pourtant, Dieu Homme (Josh de son prénom) a bel et bien posé sa voix sur ce titre mais rien à faire, je le trouve fade et c’est sûrement le morceau de trop sans lequel l’album aurait gagné en dynamisme. Même le pont malgré ses bonnes intentions perd toute son intensité.

On sort de l’écoute avec un sentiment étrange de nostalgie et de bonheur comme après ces fameuses soirées. Comme disait Bruel « je suis dégeux mais je suis pas dégueulasse ». C’est un peu comme ça qu’on se sent en se remémorant nos pires moments qui font finalement les meilleurs souvenirs. Ca finit même par un déjà vu, « I Wanna Be Yours », réinterprétation  onirique de « 505 ». Et ça continue, à chaque album les Arctic Monkeys perdent une part de leur public et en récupèrent une autre. A chaque fois on dit que l’album n’est pas top et finalement quelques temps plus tard on comprend son intérêt. Et quand je dis plus tard, c’est parce qu’AM se déguste jusqu’à la fin de la nuit.

Reagir a cette chronique :
suck_it_and_see