Atlantis – « La Petite Mort »

- 06/06/12 20:11

 36. Atlantis - La Petite Mort EP

Bien que probablement inconnu sur le territoire français, Atlantis est l’œuvre d’un seul homme, Gilson Heitinga, qui nous vient des Pays-Bas et plus précisément de la ville d’ Utrecht. Entre post-metal, post-rock et musique noise, Heitinga nous propose des compositions qui dépassent les limites de l’alchimie musicale avec des sorties qui sont à rendre fou tant le son est riche en détails. Après un album studio intitulé Mistress Of Ghosts sorti en avril 2011, Atlantis nous revient avec un quatre titres auquel il a donné un nom français, La Petite Mort.

Si nous devions lister les styles musicaux qui s’entrecroisent au sein de ce quatre titres, il nous faudrait probablement dresser un portail des styles les plus méconnus par la majorité des kids de notre époque. Allant du doom au noise-punk en passant par le post-metal ou encore le post-rock, La Petite Mort est une véritable orgie de sons autant plaisants que violents. Les quatre titres qui figurent sur cet extended-play sont en réalité deux préludes de deux morceaux. Le morceau éponyme « La Petite Mort » et « Breathe Slowly » ne durent qu’un peu plus de trois minutes et sont des préludes, respectivement, de « Everest » et « Esther » qui durent entre huit et neuf minutes. La première piste de la galette, qui est donc un prélude, est très empruntée au noise-rock avec ces sons de guitare et de batterie sales – presque irritants – qui vont en s’accélérant vers le morceau « Everest ». Les premières notes d’ « Everest », empruntées au post-rock, succèdent au vacarme du premier titre et font office de véritable lumière aveuglante surgissant dans la nuit noire. Les premières minutes du morceau sont donc assez post-rock avant de voir arriver quelques lead-guitars avec un son typiquement blues venu de la Nouvelle-Orléans. Au fil des minutes de plus en plus d’instruments viennent s’ajouter aux autres jusqu’à ce que « Everest » prenne une tournure doom.

« Breathe Slowly », autre prélude du quatre-titres, débute sur des éléments électroniques avant d’accueillir  une guitare au son aérien et quelques synthés parasites. Une recette efficace qui rappelle un peu celle utilisée par Porcupine Tree sur l’album Voyage 34. Cependant la magie de dure qu’un peu plus de deux minutes avant de s’éteindre laissant un silence amenant au dernier morceau, « Esther ». Sur le papier, « Esther » est le seul morceau à être le fruit de plusieurs personnes. En effet, tandis que Gilson Heitinga assure la programmation et la quasi-totalité des instruments, les parties de basses et de guitares sont assurées respectivement par Samir Boureghda et Gido Leijtens. Mais le meilleur atout de ce titre orienté post-metal – et donc instrumental dans 90% des cas – c’est l’apparition d’un chant qui est assuré par Johannes Persson de Cult Of Luna. Tout part d’une simple guitare qui se voit rapidement entourée d’une rythmique lente et de synthétiseurs qui donne toute la dimension post-metal voulue et même une impression de metal à proprement parlé. Les cris de Johannes Persson apportent une conséquente dose de violence et d’anxiété au titre qui défile sans que jamais aucune minute ne paraisse longue. Après plus de neuf minutes, les sons disparaissent un à un avant d’arriver à un silence de quelques secondes, un silence qui nous laisse face à une somme d’émotions et de ressentis accumulés pendant la durée de La Petite Mort.

Cet EP de quatre titres est donc dans la continuité de ce que Gilson Heitinga a su nous proposé jusqu’ à son dernier album, Mistress Of Ghosts, avec quelques petites nouveautés qui enrichissent d’avantage sa musique avec Atlantis. Ce choix de support et de durée est judicieux pour les novices en matière de musiques dites « expérimentales ». Seulement un gros quart d’heure et deux oreilles grandes ouvertes sont nécessaire afin de percer les mystères de La Petite Mort. Le temps d’une courte pause déjeuner ou d’une pause dans ses révisions et une écoute de ce nouvel EP d’ Atlantis devrait pouvoir permettre d’évacuer les mauvaises ondes…

 


Reagir a cette chronique :