Black Sabbath – 13

- 27/08/13 14:53

Black Sabbath 13Votre honneur, pour ma défense, je commencerai par dire que l’on se devait bien quelques mois de réflexion pour chroniquer un album attend depuis 30 ans. Et puis, on voulait avoir le fin mot de l’histoire : pourquoi Bill Ward a-t-il été écarté du projet ? Enfin votre honneur, je ne souhaitais pas balancer ma critique et apprendre quelques mois plus tard qu’Ozzy se lançait à nouveau dans la télé réalité sans que j’en aie parlé dans ma review. Soyons réalistes, des excuses comme ça j’en ai des tonnes, la vérité c’est que c’est les vacances et, obnubilé par les sortie de Qotsa, Vista Chino ou Valient Thorr, j’en ai complètement oublié de faire cette chronique de 13 de Black Sabbath. En tant que Tonton Stoner d’All The Rage Tv, je me devais de rectifier le tir. Et puis, comme ont voulu le prouver nos papys rockers préférés en sortant un disque 30 ans après leur dernier effort tous ensemble : « Mieux vaut tard que jamais ».

Remarque, beaucoup de fans ne sont pas d’accord et la sortie de cet album a fait couler énormément d’encre cet été. Entre les guerres intestines pour savoir quel batteur enregistrera l’album et fera la tournée et les fans tiraillés entre l’excitation et la quasi certitude d’une déception programmée, beaucoup sentait venir le bon gros raté. Disons le tout net, cet album n’est pas une tuerie intersidérale. Dès qu’on lance l’écoute, le côté lourd, lancinant, presque doom de Black Sabbath s’exprime et si Mr Iommi semble encore faire des merveilles on est vite interpellé par la fadeur des pistes de batteries et on comprend que tant de fans en aient voulu au groupe de ne pas avoir collaboré avec Bill Ward à nouveau. A la place c’est l’ancien Rage Against the Machine, Brad Wilk, qui est derrière les fûts. Ozzy tient plutôt bien son rôle, presque parodique mais bien au dessus de ce qu’il a pu proposer depuis plus de 20 ans. Sa voix n’est pas vocodée comme souvent par le passé et on lui pardonne aisément les petites erreurs de justesse tant le charme opère toujours. Mais surtout, on retient d’emblée la puissance et l’efficacité de la paire Iommi / Buttler. La qualité des parties de guitares et de basse reste hallucinante, certes on a entendu ça 1000 fois mais il demeure un doigté, une expérience qui les rendent remarquables bien que presque aseptisées. On clos ce « End Of The Beginning » très partagé entre cette impression de maîtrise d’une part et tout de même un manque de fraicheur criant de l’autre. Cela ne vient pas que de la réelle pauvreté des parties de batterie, la production elle aussi est plutôt mauvaise. En effet, à force de ne pas choisir entre modernité et son vintage, on se retrouve avec un entre deux assez fade. Reste que pour les fans, la saveur inégalée du Django du rock, Mr Iommi, reste un délice pour les oreilles, à s’en lécher les doigts … ah ben non en fait non ce n’est pas une bonne idée.

Par contre, aussi kitsch soit il, j’adore l’artwork qui sied si bien au groupe. On notera aussi que le groupe n’a pas hésité à faire dans la longueur, avec des titres de 7 ou 8 minutes le groupe renoue avec sa grande tradition des titres à rallonge propice à la création d’ambiances vraiment particulières. Ambiance toutefois souvent déconstruites par un Ozzy toujours plus limité par ses capacités vocales proches du résultat de n’importe quelle multiplication par 0.

Ah et pour en rajouter une couche, précisons quand même que les lyrics frôlent parfois le ridicule mais sont surtout d’un cliché : « I don’t want to live for ever but I don’t want to die » ! En même temps difficile de ne pas paraître cliché en reprenant des thèmes écoulés depuis 40 ans par tous les groupes que Black Sabbath a influencé.

On conseillera à tous les batteurs d’écouter l’intro d’ « Age of Reason » où l’art de gâcher un titre par un jeu de batterie insipide et une production datée. Dommage car le titre reste un des plus survoltés.

J’en vois certains au fond qui s’insurgent : « oui de toutes façons c’est un vieux réac et il déteste Brad Wilk ! », ils ont même rajouté « Le salaud ». Et ils ne pouvaient pas avoir moins raison. Contrairement à beaucoup je ne vénère pas tout ce que Black Sabbath a pu sortir même dans son âge d’or et surtout je suis un très très grand fan de Brad Wilk au sein de RATM ou même d’Audioslave. Je pense juste que son jeu ici a été bridé par la pression d’une part et surtout par sa place relativement ambigüe au sein du groupe.

Parmi les titres à garder en mémoire « Zeitgeist », ballade classique et efficace reste dont la courte durée évite de tomber dans la monotonie. J’ai particulièrement aimé « Damaged Soul » et son riff d’intro jouissif avec un son de guitare à faire tomber et enfin une batterie plus raffinée. Et puis ce petit Harmonica il fait quand même carrément du bien non ? Et puis ce final crade, fuzzy à souhait, voilà à quoi aurait dû ressembler toute la prod’ de l’album.

Il est vrai qu’après trente ans on est tenté de trouver ces titres plutôt bons et il est vrai qu’il y a d’excellents riffs, de la lourdeur, des leads endiablées, une basse charnue et percutante … oui mais après on se refait un petit Master of Reality ou Paranoid et on comprend le gouffre qui sépare ces productions. Ce qui était innovant, révolutionnaire, parfaitement sublime il y a 40 ans, ne l’est plus aujourd’hui. Tellement de groupes se sont inspirés de Black Sabbath au travers des âges que l’on a finalement la même impression qu’en écoutant un album récent de Maiden, on se sent à l’aise, on connait ça par cœur mais ça n’a pas la même saveur. Finalement les premiers amours devraient toujours rester des souvenirs, ceux que l’on peut sublimer.

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