Checkmate – « Immanence »

- 03/07/13 19:07

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Quatre années se sont écoulées depuis la sortie de leur extended play intitulé D’Or et D’Acier. Depuis, les parisiens de Checkmate ont écumé les routes françaises, européennes et ont même traversé l’Atlantique le temps d’une tournée américaine. L’attente fut longue mais a porté ses fruits car voici arriver le premier album du groupe, Immanence, enregistré par Guyom Pavesi (The Prestige, Devianz) hormis les guitares par Lucas D’Angelo (Betraying The Martyrs) et masterisé par Alan Douches (The Dillinger Escape Plan, Mastodon, Whitechapel).

Dix titres qui débutent par le single « Days Slip By » et ses quelques notes d’arpège avant l’arrivée une caisse claire martiale qui sonne le début des hostilités. Le son est massif, les guitares sont extrêmement aiguisées tandis que la batterie frappe vénère et que le chant de Julien s’est affûté et a gagné en puissance. Aucun doute : c’est la guerre. S’en suivent les excellents « Fake Golden Kingdom » et son refrain terriblement accrocheur, puis le single mis en image « Invictus » qui reprend le poème du même nom de William Ernest Henley  et dont le final nous fait dresser le poil tant les émotions qui en découlent sont nombreuses.  L’ambiance du morceau « I.M.A. » nous rappelle ensuite un tantinet les premières heures du groupe tout en rajoutant ce petit grain de folie supplémentaire. Les parisiens marquent ensuite une petite pause avec l’interlude oppressante « Moving Backwards » avant que « Despite The Years » ne vienne remettre du bois sur le feu. Un morceau en puissance qui s’achève par un breakdown acéré accompagné ensuite de quelques notes de guitares qui viennent parachever cette véritable bombe. Et alors qu’on est déjà à genoux à ramasser ses dents, arrive « Blank Page », un titre taillé pour le live où les parisiens mêlent rage et douceur avec une facilité déconcertante en nous proposant en plein milieu un interlude aérien – dans la veine de celui de « Profil Bas » – avant de remettre le couvert pour un dernier couplet acharné. Et ce n’était qu’une mise en bouche pour vous appâter.

Que dire de « Fragments » qui envoie Julien faire un tour pendant un peu plus de trois minutes nous laissant les quatre musiciens le temps d’un morceau instrumental gojiresque de toute beauté. Sans aucun doute le point culminant d’Immanence qui, de ce fait, rend le titre suivant, « A Maze », quelque peu fade, malgré un très bon final qui fait hérisser le poil. Le premier album de Checkmate s’achève sur « By Any Means Necessary ». Si vous avez croisé le chemin du quintette, vous savez de quoi je m’apprête à vous parler. En reprenant les premières notes de « Days Slip By » accompagnées de la caisse claire de Marcant, on se croit en plein flash-back avant l’arrivée d’un riff… Non ! LE riff. Probablement l’attaque de corde la plus magistrale, la plus débordante de hargne qui m’ait été donnée d’entendre à ce jour. Ensuite, on en prend plein la gueule pendant un peu plus de trois minutes jusqu’à ce que le cri le plus plaintif de Julien ne sonne le glas avant d’entendre à nouveau le leitmotiv de l’album. En guise de dernier effort, le groupe nous offre une partie apocalypto-chaotique où Julien s’époumone sur les paroles « This is all I have / And this is all I can do » dans un élan de rage colossal sur fond d’une instrumentale complètement déstructurée : la folie à son paroxysme en guise de bouquet final.

Infiniment attendu, Immanence est là. Un album profond et débordant d’émotion qui est le fruit d’une attente terriblement longue dans les deux camps. Le temps. Voilà ce qui a façonné Checkmate et ce jusqu’à ce que l’alchimie soit parfaite. Le résultat, c’est ce premier effort qui regorge de morceaux fuyant les étiquettes du metal et du hardcore et qui s’inscrivent avec brio dans un paysage musical à la croisée des horizons. Sorti chez Klonosphere et Season Of Mist, Immanence va faire l’effet d’une bombe dans la scène tant il est réussi et méticuleux dans les moindres détails. Terrible.

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