Eminem – « The Marshall Mathers LP 2″

- 12/11/13 20:31

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On ne s’offusque pas et on ne fait pas l’affront de demander ce que branle Eminem sur All The Rage TV. Artiste estampillé rap certes, mais véritable génie de la musique. Génie dépassant toutes frontières musicales ou culturelles. Alors bien sur, n’étant pas chroniqueur rap de base, je ne vais pas avoir la prétention de proposer un travail irréprochable. Le rap étant une musique essentiellement basée sur les lyrics (oui Booba, je sais…), je ne parlerais que partiellement de cet aspect de l’album car, mon désir de perfection me pousserait à les étudier dans leur intégralité et ceci me pousserait surement à un détachement de toute vie sociale. Légèrement abrasif non ?
Mea culpa terminé, penchons nous sur le vif du sujet, ce nouvel album d’Eminem.

The Marshall Mathers LP 2 a beaucoup plus la gueule d’un véritable come back que la doublette Relapse-Recovery d’il y a 4 ans. Pourquoi ? Déjà parce que, sans être mauvais, ces deux albums présentaient un Eminem de retour dans le game après quelques rehab. Par conséquent, son phrasé, bien que reconnaissable entre mille, s’était un peu aseptisé et que les instrus surfaient beaucoup trop sur la vagues de l’époque. A l’image d’un 50 Cent ayant perdu sa verve au profit d’un rap devenu beaucoup trop commercial. Bref, aujourd’hui, et 13 ans après son premier volet, The Marshall Mathers LP 2 nous amène un Eminem réconcilié avec sa personnalité.

Véritable suite ou simple tentative de raviver la flamme d’antan ? Aucun des deux en réalité. A l’image d’un premier single résolument rock (« Berzeck »), Eminem revient avec de vraies intentions agressives. Et il frappe là où ça fait très mal. On prend ce « Bad Guy » en pleine face dès l’ouverture du CD et ce chef d’œuvre nous permet d’entrer au mieux dans cet album d’un grande consistance. Un flow en dilettante, s’affirmant au fur et à mesure que la chanson avance avant un final épique et apocalyptique. Ouch.

La prod’ est confiée à l’habituel Dr. Dre qui s’accompagne cette fois d’un nom bien connu dans nos contrées… Rick Rubin ! Oui oui, Mr. SOAD ou Red Hot ! Et le résultat s’en ressent chacune des pistes car c’est très rock tout ça.

« Survival » découpe tout avec ses riffs de guitares incisifs et son refrain très stadium rock. A contrario, « Legacy » pourrait être la suite de « Stan » tant dans la thématique que dans l’instru, ou le refrain féminin. De manière générale, on retrouve l’esprit Eminem que l’on avait perdu sur les derniers albums. Marshall réussit de faire sonner chaque chanson comme très actuelle mais, on sent également que chacune pourrait figurer sur la première version du Marshall Mathers LP.

On retrouve surtout cette émotion palpable qui habitait Slim Shady dans ses premiers émois. « Stronger Than I Was » nous émeut aux larmes, pendant que « Rhyme Or Reason » nous expose à quel point l’homme fut blessé par l’amour. L’amour qu’il jugeait abusé de ses fans, l’amour inconditionnel envers ses filles, et l’amour déchu par sa relation destructrice avec Kim. De cette manière, il statue d’ailleurs qu’Eminem fut tué par Marshall Mathers. Tout ça parce qu’Eminem avait tué Marshall Mathers avant ça. Et voilà la réponse au titre : Eminem/Shady/Mathers sont tous réconciliés et c’est comme ça qu’ils pondent aujourd’hui un véritable chef d’œuvre. Bien évidemment, personne ne le reconnaitra jamais en tant que tel car l’industrie du disque actuelle ne permet pas à la musique d’avoir l’impact sociologique qu’elle devrait avoir. Alors Eminem s’égare parfois. Que Rihanna ferme définitivement sa gueule par exemple. Mais que  Nate Ruess de Fun. se sente tout à fait confortable sur le « Headlights » extrêmement pop. Et que Kendrick Lamar se sente honoré de figuré sur la même piste que Dieu himself sur un « Love Game » old school à souhait.

L’album s’éteint avec « Evil Twin ». Brulot destiné à l’ancien Eminem incapable de s’assumer et aux nouveaux pantins du star system (Gaga et Bieber en tête d’affiche).  Et on respire enfin.

Bouleversant album que nous livre Eminem. On a bien fait d’attendre car il nous offre suffisamment de contenu pour se palucher sur le meilleur flow du monde. Les chansons font toutes plus de 4 minutes et aucune ne sonne comme une autre. Mathers confirme qu’il est un véritable génie et que son absence avait laissé un putain de vide que personne aujourd’hui ne pourra jamais combler. On aurait juste aimé un petit feat. avec ses compères de toujours, Dr. Dre et 50 Cent juste histoire de jouir un peu plus sur un line up de fou mais bon… Shady se suffit à lui même. A jamais.

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