Fallaster – « Disclosing »

Fallaster ou Fallstar ? Les deux groupes sortent un pourtant un album cette année. Mais laissons de côté l’album sophomore, Backdraft, des américains de Fallstar et intéressons-nous de plus près aux lyonnais de Fallaster qui sortaient le 18 Février dernier leur second LP de onze titres intitulé Disclosing chez Emodays Production, symbole du début d’une nouvelle ère.

Il y a de cela six ans, ce combo made in France sortait un premier album intitulé Everything Is Alright avec un chant tantôt dans la langue de Molière, tantôt dans celle de Shakespeare. Deux années plus tard,  la formation laissait totalement de côté le chant en français avec l’extended play qui les a révélés, Mystar. Ensuite, tandis qu’un guitariste s’en allait pour fonder le groupe Septanbre, le groupe recrutait deux nouvelles têtes : Antoine et Xavier. C’est avec ce line-up tout neuf que le groupe revient avec un second LP à l’ambition démesurée produit par Luc Tellier (Simple Plan, Mary Has A Gun). Et Disclosing part sur les chapeaux de roues avec l’intro instrumentale aérienne « As Long As Senses Last » qui précède le premier morceau phare de l’album, « Say Goodbye ». Au vu de l’intensité de ce titre, on est ravi de voir que le groupe n’a pas perdu de son sublime et a même revu sa copie en trempant ses titres dans un post-hardcore à la fois énervé et mélodique qui a gagné en maturité. Au fil des titres, on ne se lasse pas une seule seconde de la galette grâce à des morceaux comme « In The Long Run » ou « There Is No Sound ».

« Breathing » marque ensuite une pause dans l’album. Après un départ pauvre en paroles, le tempo s’accélère et les cris reprennent peu à peu le dessus pour une fin tout simplement cataclysmique. Les hostilités reprennent avec « What We Are Here For », un morceau mid-tempo où la double pédale d’Olivier se mêle aux riffs à la fois tranchants et aériens des deux nouveaux guitaristes. Arrive ensuite « Hear Me ! ». Le morceau a fait l’objet d’un lyric video déjantée faite par un fan où les paroles (en anglais) sont adaptées en français pour un résultat purement hilarant, voyez par vous-mêmes. Un peu plus sérieusement, ce titre est un véritable brulot de moins de trois minutes très énervé ; une sorte de morceau « right-in-the-fucking-face » où les lyonnais laissent momentanément de côté leur recette fétiche au profit d’une influence plus punk. Direct mais efficace. Après un « Living For You » efficace mais d’avantage en demi-teinte, l’enchaînement des deux derniers morceaux vient achever l’édifice Disclosing avec une beauté déconcertante. D’abord, « Alike In The Distance And Difference » alterne les passages post-hardcore énervés et les parties d’avantages ambiantes avant un pont instrumental où un solo tout en finesse débouche sur une moshpart bien grasse tout droit sortie d’un opus d’Of Mice & Men et nous amène au bout des cinq minutes. Enfin, « Now I See Blues Skies » débute sur les notes du morceau précédent mais fait dans la dentelle et permet de faire redescendre gentiment la pression. Sur ce dernier titre, le chant d’Anthony nous envoute littéralement à la manière d’Ed Gibbs (ex-Devil Sold His Soul) tandis que progressivement les instruments disparaissent au profit de quelques notes de piano et d’un tic-tac résonnant avant que le temps ne s’arrête.

Disclosing arrive à son terme après onze morceaux pour un peu moins de quarante minutes de post-hardcore made in France résolument attachant. Ceux qui connaissent Fallaster pour leur single « Mystar » trouveront ici un groupe très différent : plus sincère, plus mature avec des compositions d’avantage travaillées et joliment trempées dans une recette dont on se lasse difficilement. Du refrain catchy de « Say Goodbye » aux parties ambiantes de « What We Are Here For » en passant par le délicat « Now I See Blue Skies » ou encore le rugueux « Hear Me ! », les français de Fallaster viennent, avec Disclosing, d’inscrire leur nom sur la scène post-hardcore française. Un disque presque sans tâches d’ombres qui, on l’espère de tout cœur, les emmeneras par-delà nos frontières car ils le méritent.