Florence + The Machine : « MTV Unplugged »

- 04/05/12 15:39

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La tradition des MTV Unplugged se perpétue depuis déjà plusieurs décennies, offrant parfois des CD lives magiques. Qui n’a pas en tête la reprise sublime de « The Man Who Sold The World » de David Bowie par Nirvana ? Ou, plus récemment, Korn qui avait surpris son monde en réorchestrant ses plus grands tubes de manière acoustique avec un « Falling Away From Me » d’anthologie notamment.

A regarder la scène rock actuelle, l’idée de voir Florence +The Machine participer à ces concerts cultes semble une évidence. Vœux réalisé le 15 décembre dernier dans une église New Yorkaise. La magnifique Florence Welch s’est, pour l’occasion, construit une Machine plus grande mais moins expérimentale. Pour l’accompagner, rien de moins qu’un chœur gospel en entier, un guitariste acoustique, un batteur, un pianiste, le traditionnel harpiste devant un ensemble de cordes en tout genre. L’assemblage parfait pour transcrire les expérimentations habituellement électroniques présentes dans les chansons du groupe. Le tout est disponible dans une version CD/DVD toute simple, sans artifices. 11 chansons pour le CD et 10 pour le DVD. « Cosmic Love » étant absente de la captation vidéo.

Le concert commence religieusement sur le titre d’ouverture de Ceremonials, « Only If For A Night ». Le chœur gospel apporte une puissance émotionnelle rare sur le refrain de la chanson qui passe l’épreuve de la réorchestration sans embuches, et c’est déjà une victoire ! La voix de Florence est pure, cristalline et parfaitement maîtrisée comme à son habitude. L’une des meilleures chansons composées par le groupe à ce jour. Le public écoute silencieusement les chansons, profitant de chaque intertitres pour manifester sa joie et sa gratitude envers les musiciens de leur offrir un moment aussi beau.

La seconde chanson est la bien connue « Drumming Song », présente sur Lungs, premier album de la formation. Deuxième chanson et déjà un temps fort du concert. La réorchestration permet à la chanson de gagner, paradoxalement, en puissance, notamment lors du refrain. Une très belle réussite qui permet d’envisager le meilleur pour la suite tant le groupe maitrise parfaitement ce contexte acoustique.
Le concert se poursuit sur « Cosmic Love », toujours du premier album. Si la chanson me laissait un peu de marbre sur Lungs, cette version revisitée met vraiment l’accent sur la tendresse et la sensibilité qui se dégage de cette chanson. La harpe et le piano se mélangeant subtilement pour créer une ambiance calme et posée avec un brin de mélancolie provenant de la voix de Miss Welch.

Retour à Ceremonials avec « Breaking Down », chanson que je trouve moyenne et en version studio et en version unplugged. Je profite donc de cette légère déception pour rattraper le tout en parlant du travail de captation. L’image est parfaite, le montage est très intelligemment construit reflétant parfaitement la douceur et l’émotion procurée par le concert. L’avantage des MTV Unplugged est que le public ne doit pas se manifester durant les chansons ce qui a l’avantage de ne pas parasiter les prises de son. Chaque instrument (voix y comprises) sont magnifiquement retranscrits. Le son global est le juste milieu entre un son travaillé issu d’un studio et le son brut des instruments live.

Seconde bonne surprise de la soirée, la chanson « Never Let Me Go » issue de Ceremonials. Si sur le CD la piste était déjà excellente, je regrettais seulement une production un peu trop « kitsch » qui donnait un léger aspect ballade années 80 à cette chanson. Profitant de ce contexte acoustique, la chanson prend une dimension toute autre. L’émotion gâchée par la production trop invasive sur le CD est ici sublimée par une montée en puissance de chaque instrument. Un moment magnifique !

Vient le temps de la première reprise de la soirée. « Try A Little Tenderness » d’Otis Reading est décrite comme la chanson préférée de Florence Welch, celle-ci la reprenant avec un accompagnement guitare-piano-voix intimiste. N’étant pas fan d’Otis Reading, cette reprise ne m’enthousiasma pas trop. Au contraire de la deuxième reprise de la soirée qui n’est autre que celle de « Jackson », chanson composée par Jerry Leiber et Billy Edd Wheeler mais rendue célèbre par Johnny Cash et June Carter. Pour l’occasion, le géant Josh Homme des Queen Of The Stone Age se joint à la belle pour apporter la touche masculine. Une reprise tout en progression, commençant calmement avant de s’enflammer à mesure que les voix vont chercher des notes toujours plus hautes. Les voix parlons en justement, devant le coffre de Florence, la voix de Josh Homme se trouve souvent noyée et c’est dommage car pour les moments les plus bas, l’association des deux est très efficace. Entre temps, un « No Light No Light » mettant surtout l’accent sur la voix de Florence aura ramené le public très haut puisque la jolie rousse ne s’est pas gênée pour en mettre plein la vue avec des vocalises impressionnantes sans être pour autant de la masturbation artistique !

La fin du concert arrive puisque le premier single de Ceremonials, « What The Water Gave Me » est joué. Si l’orchestration est différente, je trouve que la chanson ressemble beaucoup à la version CD et ne perd donc pas de sa puissance ! Le tube « Dog Days Are Over » est acclamé par un public qui se paie même le luxe d’accompagner la fin du morceau avec des applaudissements (fait rare dans la longue tradition des Unplugged !). Une réussite sans grande surprise ! Puis le deuxième single de Ceremonials, « Shake It Out » clôt ce concert. Et c’est une légère déception, tant la version CD est épique avec ses envolées lyriques absolument ahurissantes. La version acoustique souffre justement de l’absence de côté épique et se contente d’être une bonne réorchestration malgré tout décevant devant le potentiel de la chanson.

Au final ce MTV Unplugged est tout à fait justifié. Le contexte purement acoustique réussit parfaitement à la formation anglaise mais ce n’est pas une si grande surprise tant les musiciens ont une parfaite maîtrise de leurs instruments. On regrettera des reprises pas transcendantes mais on applaudira certains arrangements sublimant encore plus le répertoire de l’ange Florence.

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