Jonny Craig – « Find What You Love And Let It Kill You » EP

- 15/10/13 21:00

96. Jonny Craig - Find What You Love And Let It Kill You EP

Pour certains, Jonny Craig est un vocaliste d’exception ; pour d’autres, il n’est qu’un vulgaire bad boy de la scène émo. Il faut cependant admettre que malgré un comportement déplorable le garçon est quand même bon lorsqu’il s’agit de pousser la chansonnette. En tout cas, ce mois d’Octobre marque son retour artistique avec Find What You Love And Let It Kill You. Un extended play en solo de sept titres financé par son public qui fait suite à de houleuses mais néanmoins fructueuses apparitions dans les rangs de Dance Gavin Dance, Emarosa ou encore Isles & Glaciers.

Si on passe sur l’artwork qui regroupe tous les clichés possibles (le triangle et l’œil en son milieu, les typographies et polices…), la galette est à des années lumières d’un Downtown Battle Mountain  d’un Relativity. En effet, exit un éventuel post-hardcore ou toute sonorité proche des groupes qu’il a fréquenté car Find What You Love And Let It Kill You est composé de sept titres r’n’b. Les hostilités débutent immédiatement par « The Lives We Live », un premier morceau qui va annoncer la couleur pour la demi-heure à venir : une ambiance lounge – avec beaucoup de synthés –  rythmée par un beat tout droit sorti d’un album d’Usher sur laquelle le bad boy alterne les passages chantés au creux de l’oreille et les envolés où il casse sa voix à la perfection. Ça énerve, c’est sûr, mais c’est diablement bien foutu. A première vue cette nouvelle orientation semble plutôt assumée et maitrisée, mais le rouquin va nous la rendre indigeste en faisant tous (ou presque tous) ses titres de la même manière ; voilà comment il ne sera même pas la peine d’aller au terme de morceaux comme « The Upgrade » ou encore « The Open Letter ».

Ce serait trop méchant de s’arrêter là en disant que Jonny Craig vient de pondre un long morceau de vingt-huit minutes. Même s’il est indéniable que cet extended play est redondant au possible, on note quand même la venue d’un certain Kyle Lucas sur la deuxième piste, « I Still Feel Her pt. 5 », le temps de deux petits couplets hip-hop après cette ligne de chant affreusement cliché, « I’ll buy roses, many many roses… but you’ll never get them, never never get them ». Sur « Diamond », Craig sort les violons et même un pompeux solo de guitare qui vient rendre le morceau totalement incohérent là où, je suis sûr, d’autres – comme Tyler Carter – auraient réussi le pari. Autre petit détail qui agace fortement sur Find What You Love And Let It Kill You, les « fuck », « motherfucking » et autres grossièretés sont mises en avant par la production – en étant par exemple chanté a capella… Peut-être pour accentuer la touche bad boy ; mais au pire il n’avait qu’à retourner sa casquette. L’EP s’achève sur « The Ratchet Blackout », un morceau un peu plus en lumière que les précédents. En effet, ici, le beat est plus rapide et on a un peu moins l’impression de s’endormir même si on aurait quand même espérer un petit quelque chose de vraiment différent pour terminer l’objet sur une bonne note, ou au moins un moins mauvaise.

Find What You Love And Let It Kill You n’est pas conseillé aux aficionados d’Emarosa ou de Dance Gavin Dance ayant l’esprit un peu fermé (quoique même avec une grande ouverture d’esprit, il est difficile d’apprécier la galette). Le garçon semble avoir trouvé sa voie car sa recette est bien maitrisée et sa voix se prête joliment à ces nouvelles sonorités ; nous, on reste sur le souvenir de bons albums qui appartiennent maintenant au passé. Le disque que vous pourrez conseiller à la prochaine réunion de famille à votre cousin Martin qui n’aime pas quand ça crie dans le micro.

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