Merge – « Transmission EP »

- 20/02/12 15:02

 merge

Découvert en première partie de La Dispute et de Touché Amoré en juillet dernier alors qu’ils arboraient à l’époque le doux nom de Marie Kimberley, Merge (depuis fin 2011) est un groupe que je suis avec attention, tant l’impression qu’ils m’avaient faite était grande. Quelques changements de line-up au niveau de la guitare rythmique et ce fameux changement de nom plus loin, ils nous offrent leur premier EP Transmission, une bombe qui devrait les faire grimper dans la liste des groupes français qu’il faut absolument connaître. Passer à côté de Transmission, c’est passer à côté de quelque chose de fort et de vrai, comme la plupart des zicos de la scène « metal » les gars sont des crèmes qui jouent avec leurs tripes, leur cœur et leur tête. Leur post-hardcore expérimental est dans la lignée des Dance Gavin Dance, A Lot Like Birds ou encore Emarosa (notez la similitude entre la superbe pochette de Robin Huqueleux et celle du S/T d’Emarosa). Merge pioche malgré tout ses influences dans un large panier, que ce soit jazzy, hardcore ou même pop et r’n'b, tout se ressent dans l’EP, de manière plus ou moins flagrante.

Première piste, première claque : « Calypso » est un concentré de tout ce que sait faire Merge, des guitares qui savent être lourdes sur les screams, plus mélodiques sur les chants clairs ou complètement stratosphériques lorsque Julien (soliste) se branche en mode ambiant. Ce sont ces parties ambiantes/atmosphériques qui font la différence chez Merge, cette césure dans les morceaux qui permet non pas de souffler mais d’apprécier leur talent, tant celui des musiciens (batterie bluffante et basse suffisamment présente pour ne pas l’oublier) que de la voix.

Parlons en de la voix, celle d’Anthony, le frontman qui assure aussi bien les chants criés que clairs. Étrange que cette voix, très grasse, grave et puissante en scream, quand le chant clair est physiquement bluffant car très haut, très technique et si fin. Le playboy ne se repose malgré tout pas sur la qualité de son grain, non, il recherche plus que cela, sa voix non contente d’être haute et juste ira chercher la moindre intonation qu’il est possible d’atteindre. Beaucoup se seraient reposés sur une voix pareille, mais ce sont les variations et les effets de styles mis dans cette voix qui rend chaque morceau inoubliable. Essayez donc de ne pas rester bouche bée devant le bridge atmo de « Calypso », chaque mot est prononcé différemment du précédent avec une élégance qui se doit d’être respectée, et ce long « Skiiiin » tenu à la perfection mettra – je le pense – tout le monde d’accord. Merge c’est la rencontre de musiciens qui connaissent leurs qualités et qui se connaissent bien, c’est ce pour cela que leur musique est fusionnelle. La symbiose instru/chant est réelle.

Bien sûr Transmission ce n’est pas que de l’atmosphérique, c’est aussi des morceaux plus violents, entrainants avec des breaks qui seront j’en suis sûr dévastateurs en live, des morceaux qui montrent que le post-hardcore n’est pas un genre figé. Je pense au duo « A Ghost Town » / « Ecclesiast » qui sont là pour montrer que les parisiens en ont dans le bide. Le deuxième morceau cité est probablement l’un des plus épiques de l’EP avec son scream très arraché, et toujours très gras, parfait opposé du côté dansant des passages plus calmes. Après l’interlude qui aurait pu être optimisé en tentant quelque chose de plus expérimentale arrive déjà le dernier morceau : « Twelve/Nine ». Premier extrait de l’album a être révélé, c’est le morceau le plus intime et le plus rempli de sens au niveau des lyrics. Il est légèrement moins violent que les autres, car plus basé sur le chant clair, toujours bien placé, accompagné de riffs transcendants, tant sur l’atmo que sur la partie plus lourde. La dernière phrase, « I’ll be there til the end, til you lose your breath » est un peu à l’image de ce que je ressens pour Merge, un groupe que j’ai envie de suivre jusqu’au bout. Tout n’est pas parfait, comme notamment la qualité de l’enregistrement qui n’est pas optimale, mais j’ai préféré souligner les bons côtés, ceux qui feront de Transmission un EP qui tournera beaucoup ce printemps.

Reagir a cette chronique :

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