Queens Of The Stone Age – « … Like Clockwork »

- 01/06/13 17:04

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Considéré par de nombreux médias comme l’album le plus attendu de l’année (et déjà celui de l’année dernière) … Like Clockwork, 6 ème album de la bande à Josh Homme, nous est enfin dévoilé, 6 ans après Era Vulgaris. Depuis l’automne dernier les informations sont lâchées au compte-goutte pour faire monter la pression autour de cette sortie et le moins que l’on puisse dire c’est que nous tenons là bien plus qu’un simple disque.

Petit retour sur le contexte très particulier dont découle … Like Clockwork : L’enregistrement a commencé dès 2011 autour d’un line-up fixe depuis plus de 4 ans, un record pour Qotsa ! Oui mais voilà, Joey Castillo, batteur depuis 2003 annonçait son départ l’été dernier et c’est Dave Grohl qui faisait son grand retour. Si beaucoup ont cru que nous aurions droit à un Songs For The Deaf 2 - théorie corroborée par les guests annoncés de Nick Oliveri et Mark Lanegan - les autres ont vite compris qu’il s’agirait plutôt d’un Them Crooked Vultures bis, projet qui avait réunis Homme, Grohl, Jones et Johanes en 2009. Cette tendance fut vite confirmée par la présence de Johanes à la production et aux choeurs. Et si cette liste d’invités comblait déjà les puristes, c’est toute la sphère rock qui s’est emballée avec les participations d’Alex Turner (Arctic Monkeys), Jake Shears (Siscor’s Sisters), Trent Reznor (Nine Inch Nails) et surtout  Sir Elton John lui-même.

Mais le plan marketing ne s’arrête pas là ! Dès Novembre 2012, des lettres ont été envoyées aux plus grands magazines rock américains et anglais, chacun embrouillant d’avantage le cerveau des fans cherchant à déchiffrer les nombreuses énigmes soulevées. Tout s’accélère en Mars dernier avec une mini-tournée de festival en Amérique du Sud. « My God Is The Sun », premier single de … Like Clockwork est présenté et confirme que cet album sera bien le petit frère spirituel d’Era Vulgaris et Them Crooked Vultures. Cette tournée est aussi l’occasion de présenter le nouveau batteur du groupe qui n’est autre que Jon Theodore, prodige derrière les fûts de Mars Volta ou encore One Day As A Lion.

Toujours plus fort, toujours plus loin, Qotsa nous invite début Mai à inscrire notre numéro de téléphone sur leur site web et c’est carrément une animation flash qui se lance et nous appelle en direct sur notre mobile pour nous balancer une énième phrase énigmatique.  Et pour finir, depuis la mi-Mai le groupe propose régulièrement des vidéos teaser particulièrement bien réalisées présentant la moitié des tracks de l’album.

Enfin. Après tous ces rebondissements, ce marketing génial, ces annonces alléchantes et ces 6 longues années d’attente, nous pouvons jeter une oreille sur … Like Clockwork.

Soyons clair, les amateurs de stoner et des premières productions du groupe ne s’y retrouveront pas. Qotsa a toujours su évoluer sans se soucier de l’avis de ses fans et c’est une fois de plus le cas. Cet album est la suite logique des deux précédentes productions de Josh Homm et on retrouve ce son très vintage, les influences 50’s et des arrangements toujours plus travaillés et aboutis. Les lignes de voix sont particulièrement soignées, aériennes et comme toujours rien n’est laissé au hasard. La majorité des guests est finalement très difficilement audible, ceux-ci  venant juste ajouter leur tessiture à des chœurs.

Le deuxième constat c’est que c’est album est calme, presque majestueux. Si beaucoup auront tendance à le trouver sombre à la première écoute, les suivantes révéleront un album équilibré avec ses fulgurances plus optimistes mais l’omni présence de piano et de synthé renforce cette impression de noirceur.

Plus encore que sur n’importe quelle production de Josh Homme le son est magistral. De l’avis même des professionnels de la musique, la production est exceptionnelle. Les leads guitares et les lignes de chant frôlent la perfection et sortent des habitudes d’Homme. J’ai parfois l’impression qu’il a voulu, avec cet album, répondre à Mark Lanegan et son sublime Blues Funeral tant le son se veut travaillé et captivant.

Si l’album peut sembler moins pêchu, il n’en reste pas moins un album très rock dont le premier single « My God Is The Sun » est un bon exemple. « Smooth Sailing » nous rappelle plutôt du Eagles Of Death Metal arrangé par Qotsa tandis que « If I Had A Tail » semble une suite quasi évidente à « 3′s and 7’s ».

Les pistes de batterie de Grohl sont parfois déroutantes de minimalisme, laissant une grande place aux orchestrations colossales bâties par le trio Troy Van Leuween, Mike Schumann et Dean FertitaSchumann prend une place toute particulière avec des lignes de basses rondes et puissantes, pleines de groove, tandis qu’il offre des choeurs d’une incroyable justesse.

Alors finalement, quel titre retenir sur … Like Clockwork ? En ce qui me concerne la perle de cet album sera définitivement attribuée à « Kalopsia ».  Envoûtant, puissant, je manque de superlatif pour décrire ce titre et je vous invite à aller voir la vidéo teaser l’accompagnant car là encore c’est une tuerie. La déflagration sonore qui amène les refrains en est même salvatrice.

Saluons encore le travail réalisé par le graphiste Boneface non seulement sur cette bien jolie jaquette, sorte de symbiose des différentes époque que Qotsa a traversé avant, mais également les lettres, les vidéos teaser, etc, etc.

Des défauts, cet album en déborde : manque de pèche, de spontanéité, de modestie … c’est vrai mais en même temps Qotsa continue son évolution, nous propose du neuf et encore une fois, le fait à la perfection. La maniaquerie d’Homme est certes critiquable mais lorsque les 46 minutes de l’album se termine, je ne trouve rien à jeter. C’est vrai qu’une ou deux chansons plus bourines auraient été les bienvenues mais elles n’auraient pas collé avec cet album. Il est d’une homogénéité incroyable et en cela s’éloigne toujours d’avantage du patchwork qu’était Songs For The Deaf par exemple. Allez, je dirais tout de même que l’ultime piste éponyme de l’album manque un peu de folie et d’ampleur et que, bien qu’excellente, le titre d’introduction ressemble bien trop à un titre des frenchies de Loading Data pour ne pas me perturber.

Comme chaque album des Queens, il faudra du temps pour le digérer et on sent que c’est après une centaine d’écoutes qu’enfin l’album se dévoilera comme le chef d’œuvre qu’il est assurément. Alors oui, cet album fera des déçus, oui je suis une sacrée groupie mais que voulez-vous, on ne se refait pas.

 

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