Sed Non Satiata – « Mappō »

- 01/08/13 18:07

SEDNONSATIATA

Dire que j’attends cet album depuis longtemps est un doux euphémisme, et pour tout vous dire lorsque j’ai pour la première fois posé mes oreilles sur du Sed Non Satiata il y a de cela trois ans je ne savais pas vraiment ce que j’avais en face de moi, je savais juste que j’étais fasciné. Après une discographie méchamment squattée et des rognures de frein éparpillées un peu partout autour de moi je n’en pu plus d’attendre Mappō, vu dans ma tête comme l’une des grosses sorties de cette année.

Inutile de vous dire qu’à la seconde où j’ai vu via les réseaux sociaux que les toulousains mettaient en streaming leur dernier bébé sur bandcamp, j’ai convulsé, et je me suis réveillé quelques heures plus tard dans mes pertes et excréments divers. Visuellement c’est déjà magnifique, car la hargne et la passion du rouge leur va si bien, tout comme cette forme abstraite (ou peut-être pas) qui se prête à interprétations, parfaitement en adéquation avec le monde musical. Après une première écoute, j’ose espérer que l’intitulé Mappō signifiant la fin du bouddhisme (la fin du cycle de la cosmologie bouddhiste) n’est pas annonciateur de la fin du groupe et de leur musique, parce qu’on en veut encore et encore, et on se dit d’ailleurs rapidement que la maxime « plus l’on attend, plus le plaisir est grand » tient son embryon de vérité. Mappō signifiant également la fin de la troisième ère du cycle, et Mappō étant le troisième LP du groupe après Le Ciel de Notre Enfance et S/T (le reste de la disco étant des splits avec entre autres Daitro et Aghast ainsi qu’une participation à la compilation de Dog Knights en hommage à Orchid), on pourrait simplement voir là la fin d’un triptyque débuté en 2005. Peu importe, pour l’instant concentrons nous sur ce que nous avons sous les yeux.

Comment ne pas adorer sérieusement ? Lorsque l’on n’est pas subjugué par les envolées instrumentales ou par les passages pleins d’espoir que sont les balades atmosphériques qui jalonnent la plupart des pistes ; ce sont les cris stridents et insolents qui nous donnent au choix des frissons d’angoisse ou des dilatations de pupilles. Ces passages plein d’espoir sont d’ailleurs contradictoire lorsque l’ont regarde un peu les thèmes abordés par les textes, plutôt sombre et peu heureux, il semblerait que le parolier ait besoin d’exprimer une tristesse sous-jacente, jamais trop explicite ni démonstratrice, mais tellement suggéré qu’il n’y avait finalement pas besoin d’aller lire ses textes pour se convaincre de la nature un peu noir des dessins de Sed Non Satiata. Chacune des pistes est un trésor sans nom et une ode à la poésie musicale, au chant en français, à l’héritage screamo hexagonale et finalement à la musique tout simplement. Mon esprit n’est cependant passé du « c’est un bon album » au « c’est un grand album » qu’à l’aube des cris d’« Entropia » qui résonnent encore…« Alors quitte à s’isoler, quitte à se battre, à se déchirer, on s’accroche aux branches, on ramasse les morceaux, quitte à se que tout ça finisse dans un bain de sang ».

Déjà fervent défenseur de mes compatriotes en temps normal, je dois dire que la scène française me surprend de plus en plus cette année, et me fait voir l’avenir sous un ciel radieux. Mappō de Sed Non Satiata était donc le chef d’oeuvre attendu, qui je l’espère en amènera d’autres.

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