The Melvins Lite – « Freak Puke »

- 13/06/12 19:42

Freakpuke-cover

Les Melvins sont imprévisibles. Ce mythique groupe se permet toutes les folies depuis pas loin de 30 ans. Après avoir embauché un second batteur ou s’être fait accompagné par Jello Biaffra au chant un certain temps, cette année les Melvins voient grand : Un EP sorti en début d’année The Bulls and The Bees et maintenant un nouvel album signé Melvins Lite. Sous ce patronyme on retrouve la paire mythique : King Buzzo au chant et à la guitare et Dale Dover à la batterie. Pour l’occasion, ils délaissent leur bassiste habituel Jared Warren pour s’offrir les services de Trevor Dunn (Mr Bungle, Fantomas, Tomahawk). L’album est donc là « Freak Puke by The Melvins Lite ». Mais attention, si le line-up est plus léger qu’à l’accoutumée, le son, lui, ne l’est pas. Voyons ce que cette galette a dans le ventre.

Dès les premières notes, le ton lugubre est donné. Certains y verraient des relans de doom, moi j’y vois surtout des airs de Melvins. Bien sûr il y a cette noirceur, cette lourdeur et ce tempo lent caractéristiques du doom mais il y a aussi cette envie de casser les codes et de faire des choses très rock n’roll comme sur cette superbe introduction de batterie. Et très vite l’ambiance bruititste sombre laisse place à un délire Melvinesque très tournoyant comme si vous étiez coincé dans un manège avec une bande son détériorée. Finalement le morceau finit sur des notes aussi noires que celles qui l’avaient entamé.

Par la suite on retrouvera cette alternance de riffs lourds (oui ce mot revient souvent lorsqu’on parle des Melvins) et de bruits, le tout parfaitement mixé donnant un volume presque aérien à l’album. La méthode ? C’est simple, les parties de basses et de batteries sont mixées de manière vraiment old school et s’éloignent le plus possible des productions métal actuelles n’enlevant ainsi rien à la puissance de l’opus mais évitant de tomber dans les clichés du doom. Rajoutons des structures complètements barrées, des solos à tout va, des changements de rythmes permanents et un non respect total des conventions et nous voilà pris au piège. Une brique de plus dans le mur de son de ces martiens de Melvins (oui je l’avoue, celle là elle était facile).

Chaque titre mériterait description puisque les Melvins ne font jamais la même chose. On se retrouve très vite avec des violons désaccordés à droite à gauche et des grosses guitares saturées qui viennent se poser dessus à la perfection rappelant les expérimentations du Velvet Underground. Les Melvins c’est aussi d’incroyables lignes heavy et là encore on en a pour son argent.  King Buzzo s’éclate toujours autant au chant, changeant d’intonation au gré de ses envies tandis que ses solos de guitares rappellent la grande époque de Dinosaur Jr, autres rois sacrés du proto grunge. La basse a forcément la part belle sur cet album et je dois dire que l’apport de Trevor Dunn n’est pas pour me déplaire. Cette rondeur et ce côté sautillant presque funky parfois pourrait déranger certains pour autant jamais la basse ne détonne et le trio offre un son très homogène.

Alors oui cet album est un pur album des Melvins bien qu’il apporte son lot d’originalité, pour autant s’agit-il d’un bon album des Melvins ? Pour moi, il rentre dans la case expérimentale de leur discographie. Il manque le morceau qui reste en tête et qui marque dès la première écoute par ses riffs. Difficile par exemple de séparer les titres tant ceux-ci pourraient ne composer qu’une seule masterpiece ou, à l’inverse, une bonne cinquantaine de mini chansons. Toutefois la deuxième partie de l’album me semble plus structurée et moins déroutante. La reprise de « Let Me Roll It » de Paul Mc Cartney & Wings n’y est pas étrangère.

Âmes sensibles s’abstenir. Si c’est votre première écoute d’un album des Melvins, passez votre chemin, celui-ci suit la ligne de conduite du groupe depuis pas mal d’années. Expérimental, puissant, débordant d’idées et surtout remplit de fun, ce disque prouve une nouvelle fois que les Melvins savent faire un rock ingénieux, décalé et pourtant rentre dedans sans jamais se prendre la tête et en alternant parfaitement les ambiances. Il me faudra sûrement plusieurs écoutes supplémentaires pour me forger un avis plus pointu sur chaque titre mais pour l’heure mon verdict est sans appel : Enorme. Précisons que l’année 2012 sera décidément une année Melvins puisque le groupe compte rentrer dans le Guinness Book en visitant les 50 états des états unis + Washington DC en une tournée de 51 jours. Vous avez dit cinglés ?

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