Vista Chino – Peace

- 28/08/13 14:22

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Vista Chino c’est la légende, enfin une partie, enfin il parait. Ce nom ne vous dit sûrement rien pourtant vous les connaissez à peu près tous. En 2010, ¾  de Kyuss se reformaient sur la scène du Hellfest le temps de quelques titres puis messieurs Bjork (batteur), Oliveri (bassiste), Garcia (chant)  et Fevery comme remplaçant officiel de Josh Homme à la guitare ont décidé de mettre la machine en route et voilà Kyuss Lives ! Mais ça ne s’arrête pas là ! Après les tournées de festivals, le groupe commence à bosser sur un potentiel nouvel album dès 2011 mais voilà que Nick Oliveri a des ennuis avec la justice et c’est donc ce cher Scott Reeder (Kyuss, The Obsessed), qui reprend le flambeau pour quelques dates, laissant l’album de côté. Et puis finalement Oliveri revient puis repart juste à temps pour éviter le scandale ultime : Josh Homme dépose une plainte contre ses ex-camarades de jams afin que ceux-ci cessent d’utiliser le nom et la marque Kyuss. Reeder prendra d’ailleurs position en la faveur d’Homme tandis qu’Oliveri jouera les petits suisses. Rajoutons à ça les vilaines choses dites de part et d’autres et on comprend que le climat pour l’enregistrement de l’album ne fut pas des plus sereins.

Et tout cela nous mène à 2013, le groupe a changé de nom pour Vista Chino et nous propose un premier album plus de 15 ans après … And The Circus Leaves Town, dernier album de Kyuss.

Ça commençait mal, un premier extrait peu prometteur ayant déchainé la rage des fans sur internet et le nombre de scandales autour du groupe commençait à en gonfler plus d’un. Alors qu’on nous dit que Nick Oliveri est dans le groupe et à contribué à l’album, il semble pourtant ne pas prendre part à la tournée et c’est finalement seul la moitié de Kyuss que l’on retrouve ici. Autant le dire tout de suite, les attentes étaient très basses concernant cet album. Et là BIM, on nous balance une pochette pas top et un nom d’album tellement inapproprié qu’on se demande si ce n’est pas une vaste blague : Peace. Vista Chino serait-il The Great Rock N’Roll Swindle rêvé de Malcolm McLaren ?

On lance l’écoute, une intro insipide d’une minute ne nous vend clairement pas du rêve, et derrière c’est « Dragona Dragona », une sorte de sous Kyuss sans saveur avec pour seul intérêt une prod garage proche des premiers enregistrements du groupe. On passera bien vite aussi sur « Sweet Remain » dont je n’ai presque aucun souvenir … et on commence à se dire que cet album est très très mauvais. Mais ce serait oublier que Bjork bien qu’il soit batteur, est un excellent compositeur dont les albums solos en ont marqués plus d’un. Et le miracle a lieu lorsqu’enfin le groupe essaye d’évoluer, lorsqu’il laisse son gratteux jouer ce qu’il aime sans lui demander de copier Homme, lorsque le feeling et les jams ont enfin un droit de cité ! « As You Wish », 5 minutes d’une grande qualité, loin de Kyuss et plus proche d’Hermano ou Slo Burn, on est quand même dans un très bon stoner et on enchaine avec l’excellent « Planets 1 and 2 » ou notre ami Bjork prend le micro pour notre plus grand plaisir. Les leads de guitares sont décomplexées, ça frappe fort, bref c’est comme si le groupe avait enfin sorti ses tripes. La prod rend bien honneur à ces titres et certaines escapades noisy nous rappelleraient presque Rated R de Qotsa.

La très rock psyché « Adara » débarque on se dit que finalement, on va peut-être se mettre à l’aimer cet album ! Inspirée et envoutante, on a parfois l’impression d’écouter un titre de Jalamenta, album mythique de Brant Bjork. Les percussions, les superpositions de guitares  et un chant très lointain se fondent à la perfection pour ce qui pourrait devenir mon titre préféré de Vista Chino. Et ce n’est pas le somptueux break qui viendra me faire changer d’avis. Voilà qu’enfin Garcia nous rebalance des lignes de chant de malade dont il a le secret. Exit son timbre monocorde de l’époque Kyuss, ici, on est beaucoup plus proche de ses dernières productions. Même la fin faussement ratée est parfaitement géniale. Toutefois les lyrics, comme sur le reste de l’album laissent légèrement à désirer, on vous invitera donc à ne pas trop vous pencher dessus.

De rock psyché il sera encore question avec « Dark and Lovely » ou bien sûr « Barcelonian » que nous connaissions déjà ! Ces deux titres n’en forment d’ailleurs qu’un a bien des égards et je suis presque déçu qu’ils n’aient pas souhaité en faire une masterpiece de précisément 10 minutes.

Oh tiens une basse, c’est donc à ça que ça ressemble ? Force est de constater que la basse est extrêmement discrète pour un album de stoner et il faut finalement attendre le joli jam « Mas Vino » pour qu’elle prenne de l’ampleur (même si l’intro d’ « As You Wish » lui laissait déjà quelques jolis espaces). Quant à la question Oliveri ou non, difficile de se prononcer, au niveau composition cela lui ressemble plutôt bien mais niveau son et jeu, ça s’en éloigne pas mal.

Niveau gros son dégueulasse, les amateurs seront servis par une fuzz atroce sur le final « Acidize ? The Gambling Moose » dont les lignes de chant sont absolument superbes, certaines encore une fois assurées par Brant Bjork. Vista Chino prouve par ce simple titre qu’ils restent des grands patrons du rock stoner et psyché, un titre qui assure aussi bien dans ses partis posées à la Colour Haze que dans ses leads de guitares très sixties noisy. Ils en imposent et closent cet album de manière magistrale.

Pourtant relancer l’écoute est difficile car il faut se farcir un début d’album très médiocre. En fait, Josh Homme en plus d’un excellent soliste a toujours été un grand riffeur et Vista Chino en est dépourvu. Fatalement les quelques titres basés principalement sur les riffs de guitares sont assez faibles alors que les autres assurent !

Un album controversé, qui fait couler plus d’encre pour les histoires annexes que pour son contenu, un album que beaucoup écouteront en se disant « de toutes façons c’est du sous Kyuss » et c’est dommage car cet album est bon, plein de bonnes idées et s’il n’y avait pas eu cette mauvaise intro et un « Dragona Dragona » pathétique, on pourrait aisément parler de très bon album. Ce n’est pas le cas mais contrairement aux attentes, l’album tient ses promesses et en apportent même d’autres. Dans la scène stoner tout le monde le critiquera et le public réclamera principalement des titres issus du catalogue de Kyuss mais selon moi, c’est une erreur, Vista Chino doit tracer sa route, faire oublier tous les cancans, oublier leur passé et juste continuer de nous faire plaisir avec du bon vieux desert rock !

 

 

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