The Grand Budapest Hotel – Conférence de presse

- 21/02/14 15:53

GRAND BUDAPEST HOTEL

Jeudi 20 Février 2014, 14h, dans un hôtel parisien. Nous avons rendez-vous pour la conférence de presse de Wes Anderson et Ralph Fiennes respectivement réalisateur et interprète principale du long métrage The Grand Budapest Hotel en salle ce mercredi 26 février.

Visiblement détendu, malgré la fatigue apparente (leur tournée promotionnelle les a conduit un peu partout à travers l’Europe), ils apparaissent à l’heure vêtus de vestes très old school. Après une entrée sous les applaudissements, les deux stars du cinéma Hollywoodien ont pris plaisir à répondre aux journalistes pendant presque une heure. Un jeu de question-réponse qui laissent une grande place à la complicité que réalisateur et acteur semblent visiblement partager.

La conférence commence justement par des questions sur cette dite relation et le fait de savoir si Ralph Fiennes, connu mondialement pour son rôle de Voldemort, reviendra dans un autre Wes Anderson. L’intéressé à répondu de la manière la plus simple du monde : « Si je suis invité ce sera avec plaisir ça a d’ailleurs était un plaisir de travailler sur celui-ci! » des propos auxquels Wes Anderson réagit immédiatement : « Ralph et moi on s’était croisés ici et là sans jamais vraiment parler de travail. Un jour, alors que j’écrivais Moonrise Kingdom (son précédent film),  je me suis dit que j’avais un personnage pour Ralph Fiennes. Personne d’autre ne pouvait jouer ce rôle. Sauf que dans le scénario final il n’apparaissait plus. Je me voyais mal l’appeler pour lui dire « j’avais un rôle pour toi mais il a disparu »! ».  Un humour certain se traduit dans la relation des deux hommes qui ne cessent de rebondir sur l’histoire, leurs échanges et anecdotes.  D’ailleurs une question sur la relation de Wes Anderson avec ses comédiens ne tarde pas à apparaitre. Il est vrai que Wes Anderson ne cesse de réunir des castings plus impressionnants à chacun de ses longs métrages, et que la plupart des interprètes qui passent chez lui apparaissent plus d’une fois dans sa filmographie : « Je suis fan de chacun des acteurs avec lesquels je travaille. Je sais que j’ai beaucoup de chance ! ».

Pourtant, lorsque l’on aborde le sujet du déroulement des tournages, on se demande presque comment cela se fait que chez Wes Anderson tout le monde veuille revenir. Le réalisateur explique: «  Sur le plateau il y a un sentiment de chaos! J’ai passé des mois à préparer le film et une fois sur le tournage, je suis transporté par la vague et je change tout. Je n’ai alors qu’une obsession : le détail du cadre. ». Ralph Fiennes se souvient : « Comme mon personnage, j’avais une véritable obsession du contrôle sur le plateau. Je m’inquiétais de tout et pour tout, et notamment pour mon nœud papillon. Est ce qu’il est bien droit ? Mais cette forme de contrôle exacerbée laisse place à une grande liberté créative presque chaotique ou anarchique bienvenue. Nous avons créé un environnement très contrôlé au sein duquel nous sommes libres d’agir totalement différemment. Ceci peut être déroutant pour certains, mais au fond c’est très libérateur ».  On se demanderait presque si ce film n’est pas régit par un hasard tout puissant où tout ne découle que d’une relation de causes à effets hasardeux ? Ce à quoi Wes Anderson hésite avant de répondre : « Probablement! Ralph et les autres acteurs ont besoin de sentir que leurs personnages sont de vraies êtres! Ainsi tout comme dans la vie, il y a une forme de spontanéité dû à une espèce de causes à effets! « .

La conférence s’attarde alors sur le personnage de Gustave H. interprété par Ralph Fiennes, et son symbolisme. Celui-ci n’est-il pas un obstacle contre la barbarie ambiante ? Wes Anderson se stabilise et répond sérieusement : « Je me suis inspiré de Stefan Zweig pour ce personnage, sur ses écrits, mais surtout sur l’homme qu’il était. Ses mémoires m’ont particulièrement marquées. Je dirais simplement que Gustave est un personnage du vieux monde et qu’il a du mal à participer à ce bassement qu’est son époque où le monde est en perpétuel changement! ». Pour Ralph Fiennes par contre  » C’est une question difficile pour un acteur. La façon dont on perçoit un personnage n’est pas forcément la même que celle du spectateur. Je ne sais pas ce que je dois dire ou ne pas dire. C’est quelqu’un de vaniteux, plein de péchés mais habité par des principes profonds. D’ailleurs il se fait un point d’honneur à mener à bien sa mission envers son protégé, Zéro. C’est un héros non habituel. »  On a aussi osé demandé à Ralph Fiennes quel était le premier film qu’il avait vu de Wes Anderson :  » La Famille Tenenbaum ! Bizarrement cette histoire de douleur et de famille dysfonctionnelle me mets de très bonne humeur ».

La conférence prend ensuite un tournant pour se concentrer sur la « manière Anderson ». Le réalisateur travaille-t-il comme Jean-Pierre Jeunet avec une « boîte à idées« ? L’intéressé n’est pas avare en informations : « J’ai une méthode un peu similaire, bien que j’écrive d’abord une histoire,  je voyage ensuite pour trouver les idées qui me manquait ». 

On s’est également attardés sur la pléiade d’acteurs qui veulent travailler chez Wes Anderson : « Vous savez, l’intrigue a besoin de personnages. Et j’ai toujours de la chance car, en plus d’être fan de mes acteurs, pour The Grand Budapest Hotel le casting final ressemble « presque » à l’ idéal que j’avais en tête ! Je dis « presque » parce qu’au départ j’avais contacté une actrice de 85 ans qui n’a pas pu se présenter au dernier moment. Cependant maintenant que le film est fini, qui d’autre que Tilda Swinton aurait pu jouer ce rôle ?! » Après visionnage du nouveau chef d’œuvre, difficile de lui donner tort. Après coup, Wes Anderson explique presque comme une blague : « Si vous voyez mon appartement New-Yorkais, il est très simple avec peu de couleur, juste du contreplaqué beige partout. C’est un peu loin de l’image qu’on se fait de Wes Anderson… Enfin, mon appartement à Paris est beaucoup plus coloré ! »

En fin de conférence Wes Anderson a même lancé, alors qu’il était pressé par le temps et l’attaché de presse, un « C’est tout ? » très sympathique !

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