#31 Émilie of Gravity

- 26/03/13 17:27

gravity

À quel âge avez-vous commencé à chanter ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

En fait je crois que je chante depuis toujours, mais j’ai commencé à faire ça de façon sérieuse vers mes 13ans. Les deux premières années (de mes 13 à mes 15 ans) j’ai appris le lyrique en horaires aménagés, c’est à dire qu’en parallèle de mes cours j’étais en « classe maitrisienne de lyrique » 9h par semaine (ça veut pas dire grand chose comme ça, mais ça m’a beaucoup appris). Ensuite j’ai arrêté les cours de lyrique classique pour continuer en autodidacte et c’est là que j’ai décidé de me mettre au growl (inutile de dire que j’ai moins pratiqué le lyrique à partir de ce moment là).

La première fois que j’ai écouté du métal j’avais 13ans et ça a été un coup de coeur. Je me souviens m’être juste assise sur mon lit en faisant « Oh Ouaw… », donc quelque part j’étais un peu prédestinée. Le growl me semblait être un cri du coeur, un exutoire avec la part de rage que ne m’avait jamais apporté le lyrique. J’écoutais du métal depuis un petit moment déjà le jour où je me suis dit « pourquoi pas moi ». À l’époque j’écoutais des groupes comme Watcha, Psykup ou encore Korn et je ne connaissais pas du tout les groupes de « métal à chanteuse » comme Eths ou Arch Enemy mais à vrai dire, je ne me suis pas vraiment posé la question de savoir si le fait d’être une fille serait un problème ou pas. Je suis donc allée me perdre dans les champs autour de mon patelin pommé pour apprendre à crier. L’anecdote marrante c’est que j’ai fais fuir les vaches. J’ai essayé plusieurs fois avant d’arriver à quelque chose de potable, mais l’apprentissage du lyrique m’as permis de vite trouver le bon placement vocal. La première fois où j’ai réussi à crier pour de vrai à été une libération. (Bon après réécoute de ce que je faisais à l’époque, c’était vraiment très nul, mais faut bien commencer un jour! *rire*). Puis c’est devenu un peu comme une dépendance et parfois aujourd’hui encore, j’attend la prochaine repet’ ou le prochain concert comme un besoin vital.

Avec le chant vient l’écriture, écrivez-vous vos propres textes ? Si oui, sur quoi aimez-vous écrire ?

Oui j’écris mes propres textes. Je n’écris pas que pour Gravity d’ailleurs, j’écris aussi beaucoup de choses pour moi. Sur Eutheria, il n’y a que « Circences » et « Le 13ème cercle » que je n’ai pas écrit car Alex écrit lui aussi (je les ai juste un peu retouché pour me les approprier mais rien de plus). Je n’ai pas vraiment de thèmes de prédilection, c’est vrai que j’écris pas mal de choses assez noires, pessimistes ou qui se finissent mal mais il m’arrive aussi parfois de faire des fins heureuses. Bref, il suffit que je trouve un sujet qui m’inspire ou me touche et c’est partie. Concernant Eutheria, l’ensemble parle quand même de pas mal de sujets qui me tiennent à coeur et de choses qui trainaient depuis un petit moment dans ma tête.

Comment choisissez-vous les titres de vos morceaux ?

En général, je pars du thème développé dans le morceau, je trouve un mot en rapport avec le sujet qui englobe tout ou qui illustre comme il faut la thématique et je regarde si ça sonne bien (et si ça sonne pas j’en cherche autre). Par exemple « Inlandsis » parle du froid et d’une nouvelle ère glacière, je lui ai donc donné le deuxième nom attribué aux calottes glacières.

Quels sont vos chanteurs modèles ?

Au niveau du cri je dirais Randy Blythe (Lamb of God), Milka (MOPA, Psykup), Mark Hunter (Chimaira) quand j’ai commencé le growl en tout cas, Samuel Bourreau (Hacride), Dez Fafara (Devil Driver, Coal Chamber même si j’aime moins), Anders Fridén (In Flames), Jens Kidman (Messhugah) et Ronnie Canizaro (Born of Osiris).

Au niveau du chant clair je dirais Maynard James Keenan (Tool, A Perfect Circle), Daniel De Jongh (Textures) et beaucoup de chanteurs ou chanteuses qui ne sont pas du milieu du métal tel que Ella Fitzgerald, Nina Simone, Yma Sumac, Janis Joplin, Tom Yorke (Radiohead) ou encore David Gilmour (Pink Floyd). (Bref la liste est longue ! *Rire*)

Quel est celui qui sort le plus du lot dans la scène française ?

Ca, c’est une question bien difficile à laquelle il est dur de donner une réponse unique! Donc je vais répondre sans aucune certitude. Je dirais Milka de My Own Private Alaska et Samuel Bourreau de Hacride.

Quel est l’album qui vous a le plus marqué d’un point de vue chant ?

Ah, là aussi il y en a beaucoup! Donc je vais mettre le premier qui me vient en tête (et ma réponse ne va pas être métal du tout) : Kozmic Blues de Janis Joplin.

Quel frontman vous a le plus impressionné sur scène ?

Il y en a beaucoup qui m’ont impressionné par leurs charisme ou même leur voix. Donc je vais donner le dernier en date qui m’a mit une bonne claque niveau charisme : c’est Aaron de Betraying the Martyrs. Autant avant que l’on joue avec eux je n’adhérais pas plus que ça à leur musique, autant une fois que je les ai vu sur scène, j’ai vraiment trouvé que ça envoyait le bois et qu’Aaron était un frontman de folie.

À qui vous a-t-on déjà comparé vocalement (en bien ou en mal) ?

On me compare majoritairement à des chanteuses du genre Angela Gossow de Arch Enemy, Candice de Eths ou Alissa White Gluz de The Agonist. Pourtant, aucune d’elles ne fait vraiment partie de mes influences, donc je ne sais pas si la comparaison est objective ou si ça vient juste du fait que je suis une fille aussi. Après, elles sont toutes vraiment fortes, donc c’est plutôt flatteur même si je pense être loin du niveau d’Angela Gossow, Candice ou Alissa White Gluz !

Quel a été le compliment le plus marquant que l’on a fait sur votre voix ?

Il y en a eu deux. Le premier vient d’une fille qui m’a dit que normalement elle n’écoutait pas de métal mais que pourtant, notre album tournait en boucle chez elle et quelle était vraiment fan.

Le deuxième a été à la sortie d’un concert quand une fille est venue me dire que je l’avais émue aux larmes, et quelle s’était retenue de pleurer plusieurs fois pendant le concert. Je crois que j’étais encore plus émue quelle !

Est-ce que vous ressentez une quelconque disparité ou un handicap d’être une femme qui chante/gueule dans la scène métal ?

Ca dépend des fois. Au niveau de ma relation avec les autres groupes il n’y a aucun problème et on ne me traite pas comme « la seule fille ». Si il y a une réflexion misogyne qui survient les choses sont remises à leur place tout de suite et tout se passe bien. D’autant plus que je ne pense vraiment pas être une petite princesse prude, que je ne veux pas qu’on me ménage pour ça et que j’aime les critiques constructives et franches où il n’y a pas le bon vieux « bon après comme tu es une fille… ».

Le handicap vient souvent du fait que certains vont parfois plus s’attarder sur le fait que je sois une nana, que sur la musique que je fais ou le message que j’ai à faire passer. Même si j’essaie de tout faire pour que la musique reste asexuée et qu’on la prenne pour ce qu’elle est et non pas pour qui l’a fait (d’où mon partie pris de venir sur scène en jean/basket/t-shirt), mais beaucoup n’arrive pas à passer au dessus de ça. Bref, heureusement ça ne représente qu’une minorité de gens, ceux dont je parle là! La plupart du temps on ne m’embête pas avec ça et les choses se font d’égal à égal.

Avec qui aimeriez-vous faire un featuring ?

Probablement avec Milka de My Own Private Alaska.

Quel est le morceau de votre groupe où vous vous sentez à votre paroxysme ? Celui qui vous rend le plus fière ?

Je pense que ce sont les morceaux « Arkham (part 2) » et « Inlandsis« .

Donnez-vous un traitement spécial à votre voix avant un concert ? Quel est votre pire souvenir de concert ?

Non non il n’y a pas de traitement spécial, juste des échauffements vocaux basiques comme des vocalises ou de « blblblblblbbl » (un peu ridicule c’est clair) et quelques raclements de gorge. Je n’ai pas vraiment de mauvais souvenir de concerts, parfois il y a des salles moins réceptives que d’autres, avec plus ou moins de monde, mais globalement les concerts restent tous de véritables moments de bonheur. Ah quoi qu’en y repensant… A notre release party pour la sortie d’Eutheria à Victoire 2 à Montpellier, Richy (batteur) a lancé le mauvais sample sur « Asphalte« , du coup ça a donné une grande bouillie irrattrapable. C’était désagréable. Je crois que quand on a finit le morceau j’ai dû m’empêché de rire à cause des nerfs pendant au moins 10min, d’autant plus que nos potes qui étaient dans la salle et connaissent les morceaux l’on vu tout de suite et se sont bien payés nos tronches. Mais en y repensant, c’était quand même marrant =).

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes qui veulent s’aventurer comme frontman ?

Je dirais surtout de persévérer. Au début c’est pas facile, d’autant plus qu’on se prend des réflexions, des critiques parfois très dures, mais il ne faut pas abandonner. En plus, une fois qu’on arrive à quelque chose d’écoutable ou de bien on est encore plus fier.

Je dirais ensuite qu’il ne faut jamais rester entièrement satisfait trop longtemps de ce qu’on a créé. Je pense que la remise en question c’est la clef de la progression et qu’il ne faut surtout pas oublier qu’il y a toujours bien meilleur que soi.

Ensuite il faut faire attention à sa voix, et ne pas utiliser n’importe quelle technique sous prétexte que « ça rend bien ». La voix c’est un organe fragile que l’on a parfois tendance à malmener dans le milieu du métal, et auquel il faut faire vraiment attention. Si l’on commence à avoir mal c’est que c’est pas bon signe. Donc prenez soin de vous!

Pour finir, je leur dirais de foncer, l’expérience de la scène est incomparable, et une fois qu’on y est on ne peut souvent plus s’en passer et j’espère un jour partager la scène avec les frontmen qui sommeillent en vous ! *rire*

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