#46 Damien of The Brutal Deceiver

- 26/03/13 17:43

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À quel âge avez-vous commencé à chanter ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

J’ai toujours plus ou moins chanté depuis gamin, mais pour mes premiers ‘cris’ je devais avoir dans les 15 ans, c’était au Lycée. On avait décidé avec quelques potes de monter un groupe, inspiré par les Korn, Deftones et Cie.
Pour tout dire j’ai pris le poste de chanteur parce que j’avais la flemme d’apprendre à jouer d’un instru; 
mais j’étais tellement motivé par l’idée de faire partie d’un groupe que je me suis mis à bosser ce que je pensais maîtriser le mieux : ma voix.
Et puis écouter des mecs qui arrivent à transcrire leur rage et leur passion en gueulant m’a fait me dire : « Si je fais de la musique, c’est comme ça que je veux la faire ! »

Avec le chant vient l’écriture, écrivez-vous vos propres textes ? Si oui, sur quoi aimez-vous écrire ?

C’est en effet moi qui écrit les textes dans le groupe, avec un petit coup de main des gars. Pour moi l’interprétation prend tout son sens que sur des textes qui me concernent, qui me touchent de près ou de loin. Alors j’écris énormément sur mon vécu, sur mes dégouts, sur ce qui m’entoure et qui m’exaspère : ça peut aller du mec que tu veux plus voir à la connerie humaine dans son ensemble.

Quels sont les textes que vous appréciez le plus ?

Tout ce qui rappelle le vécu et qui pue la sincérité et la colère à 15000 !

Comment choisissez-vous les titres de vos morceaux ?

Pour moi le titre d’une chanson doit condenser en quelques mots le thème de la chanson. J’écris les textes d’abord et j’essaye d’en sortir une accroche qui te donne envie de l’écouter. Ceci dit c’est pas toujours une franche réussite mais on fait ce qu’on peut !

Quels sont les chanteurs que vous appréciez le plus ?

Vaste question que celle-là ! Il y a énormément de chanteurs talentueux dans la scène Extrème ! Pour rester dans l’univers Metal/Hardcore, mes idoles en matière de chant clair/saturé sont clairement Phil Anselmo et Rob Flynn : ces mecs ont une voix qui impose. Pour l’énergie et la hargne, Scott Vogel de Terror, le duo Erian et Marois de Despised Icon. Pour les frenchies, sans hésiter KK de Trepalium et Julien de Benighted. Mais y a encore Brent Hinds de Mastodon, et pas mal d’oubliés…

Quel est celui qui sort le plus du lot dans la scène française ?

Comme je dis plus haut, Julien de Benighted est pour moi le chanteur le plus polyvalent de la scène française : il fait ce qu’il veut, il a une technique vocale impressionnante et une énergie communicative. Et en plus, il le fait avec le sourire !

Quel est l’album qui vous a le plus marqué d’un point de vue chant ?

The Healing Process de Despised Icon : quand j’ai écouté cet album pour la première fois, ce qui m’a sauté aux oreilles c’est ces 2 voix complètement différentes et à la voix si complémentaires. Tout était là, le Pig Squeal, le saturé aggressif du HxC, le côté plus growl guttural du Death. C’était la première fois que j’entendais autant de techniques différentes en une seule chanson sans pour autant faire ‘joyeux bordel’. Je trouve que s’il y avait un groupe de Deathcore à retenir, ce serait eux. A cette période, ce style n’était pas encore défini par un look mèche lissée et des slims, mais par un sincère mélange entre du blast et du groove beatdown.

Quel frontman vous a le plus impressionné sur scène ?

Si je devais vraiment en retenir qu’un seul, j’avancerai sans hésiter le nom de Jens Kidman de Meshuggah. Je suis resté bouche bée de voir un charisme aussi imposant, qui te fout mal à l’aise. Un mec qui braille en te regardant droit dans les yeux et sans bouger un sourcil. Là où beaucoup de chanteurs partent dans tous les sens, lui te balance sa haine en plein visage, statique et froid.

À qui vous a-t-on déjà comparé vocalement (en bien ou en mal) ?

Je crois que j’ai jamais été comparé à quelqu’un en particulier, et je crois que c’est tant mieux. Je pense que t’as envie de faire passer autre chose quand tu joues que de rappeler tel ou tel chanteur !J’ai dû avoir le droit une fois ou deux au ‘débouche chiottes’, ou au ‘vomi de cochon’…

Quel a été le compliment le plus marquant que l’on a fait sur votre voix ?

Je me rappelle une fois où après un concert un gars est venu me voir pour me dire ‘Mais comment tu fais ça ? C’est monstrueux !’ en parlant des pig squeals expirés. Ca parait pas tellement être un compliment, mais ça m’a vraiment touché de voir que certaines personnes sont attentifs à ce que tu fais, et y portent une attention particulière. Un pote ingé son (Bises à toi Ben Roux) m’a aussi dit après un show : ‘Oh toi, t’étais pas content ! Ca puait la haine !’. C’est con, mais c’est la meilleure chose qu’on ait pu me dire : chanter c’est le meilleur exutoire que j’ai, et j’essaie d’être le plus sincère possible.

Quel est le morceau de votre groupe où vous vous sentez à votre paroxysme ? Celui qui vous rend le plus fier ?

Je crois que c’est « J.S.T.F.U » sur notre premier album (à paraitre au printemps !) qui me rend vraiment le plus fier. Cette chanson parle de tous les gens qui te pourrissent la vie, et que tu envoies gratuitement et royalement balader. La chanson est un condensé de colère, le chant y est rapide et varié, et je dois avouer qu’elle me met à rude épreuve : Faut que je m’arrache encore plus que sur les autres compos si je veux qu’elle sonne comme je l’entends.

Donnez-vous un traitement spécial à votre voix avant un concert ? Quel est votre pire souvenir de concert ?

Je fais surtout des petits exercices pour la chauffer en douceur avant les hostilités ; et j’avale rien à part de l’eau environ 1h avant de jouer. Sinon rien en particulier, j’ai pas de techniques secrètes, de trucs ou de rituels. S’il y a un truc que je fais avant de jouer, c’est me concentrer et faire que je me sorte les tripes le moment venu. Mon pire souvenir de concert, je dirai que c’est une date où j’avais méchamment la crève, gorge en feu, rhume carabiné…Je me sentais en état d’assurer le show, mais ça a été interminable. Je savais plus où j’habitais ! Ce soir là j’étais possédé… Je crois que la soirée c’est au final bien passée, mais j’ai mis du temps à m’en remettre.

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes qui veulent s’aventurer comme frontman ?

Qu’ils s’embarquent pas dans l’aventure la fleur au fusil. L’envie, la motivation sont de bonnes choses, mais il faut bosser tout le temps et de manière régulière. La voix c’est un instrument qu’on peut travailler un peu n’importe où, n’importe quand, mais pas n’importe comment. Faut pas hésiter à lire, écouter, partager des expériences. Et surtout, se faire plaisir : y a pas meilleure méthode pour s’investir et se donner à fond.

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