#48 Nicolas/Robin/Maxime of Branson Hollis

- 05/05/13 10:30

Branson Hollis

À quel âge avez-vous commencé à chanter ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

Nicolas : Je crois avoir commencé à chanter à l’âge de 13 ou 14 ans. Je faisais de la guitare depuis 7 ou 8 ans à ce moment-là et le chant est venu naturellement. J’écoutais déjà beaucoup de musique, en grande partie car j’ai la chance d’avoir un grand frère qui m’a collé à l’époque ce qu’il fallait dans les oreilles, puis à mesure que je découvrais de vastes et divers univers musicaux, l’envie de jouer ces musiques m’a poussé à chanter sans me poser de question.

Robin : J’ai commencé à chanter vers l’âge de 13/14 ans. Je ne sais pas trop comment expliquer, l’envie de chanter est venue naturellement. J’écoutais beaucoup la radio et de nombreux morceaux tournaient en boucle, du coup je connaissais les textes de chaque chanson par cœur et j’ai commencé à chanter dessus. Ca a été ma première approche du chant.

Maxime : C’était dans un groupe de reprises fourre-tout, vers 2005. Au départ, c’était un groupe de potes pour s’amuser et surtout parce que j’avais envie de le faire. Et puis en a découlé l’envie de faire ça bien et donc cours de chant et surtout beaucoup de travail personnel.

 

Avec le chant vient l’écriture, écrivez-vous vos propres textes ? Si oui, sur quoi aimez-vous écrire ?

Nicolas : J’écris tout pour Branson Hollis. Pour Diving Suits Drying et Dyad, j’avais une approche sensiblement plus abstraite de l’écriture. Je transformais des impressions, des réflexions, des analyses en histoires porteuses de messages ou de morales ou simplement de « mise en lumière » propres à ces réflexions. J’ai par la suite appris à traiter de choses plus personnelles, même si je fonctionne toujours bien souvent sur un mode de double sens et de dualité en général.

Pour l’album, j’ai eu besoin de partir environ un mois à l’étranger pour faire le point sur la direction que prendraient ces 12 titres et pour simplement aller chercher, que ce soit au fond de moi ou à droite à gauche à des milliers de kilomètres, ces petits éléments, ces petites prises de départ qui te permettent d’explorer davantage et d’aller plus loin dans l’écriture. J’ai besoin de ça. Fuir un moment ce que je connais le mieux pour aller vivre autre chose et me retrouver finalement. Et trouver les autres au passage.

Ce qui a aussi changé par rapport à Dyad et DSD, c’est le fait que je sollicite le reste du groupe. J’ai tenu à prendre de l’histoire de certains des membres pour que l’on puisse vivre d’autant plus cet album tous ensemble. C’est pourquoi quelques titres évoquent l’histoire de certains d’entres eux, une partie d’eux-mêmes ou une émotion, un vécu qui leurs sont propres. Pour le reste, la plupart sont autant de récits souvent dualistes tournés en histoires singulières mais ils évoquent tous des vécus, des ressentis qui me sont personnels, mais toujours dans une direction qui respecte le contexte et les grandes lignes de l’album, que je fixe dès le départ.

 

Comment choisissez-vous les titres de vos morceaux ?

Nicolas : Je vais répondre à cette question en expliquant ce qu’est pour moi un titre de morceau.

Selon moi, même s’il est souvent question de rapport direct avec le texte, il n’est pas rare que le titre corresponde à l’état qui précède ou qui suit, ou à une image récurrente que l’on garde en tête au fil de l’écriture. Un lieu, un environnement particulier qui nourrit l’inspiration. Il peut aussi s’agir d’une fausse piste qui masque le réel sens du texte, et faire la lumière sur la partie soit obscure, soit évidente. C’est un peu la « pochette » du titre. C’est en même temps, selon moi, tellement décisif et tout aussi important que le texte lui-même. Tout commence par un nom d’album (de groupe, même), tout commence par un titre de chanson. Et ce qui est génial c’est que, de manière égale, tout peut y finir.

J’avoue que c’est un peu étrange pour moi de parler de tout ça. De devoir tout analyser du dehors et d’essayer de peindre une mécanique que je vis de l’intérieur mais surtout que je n’ai pas mis au point. C’est un peu comme si tu sortais de ton corps pour t’observer et ensuite expliquer comment tu mets un pied devant l’autre, comment tu gesticules, déglutis, parles, vis. Bien souvent, tu peux dire pourquoi, mais pas comment. C’est compliqué! Du coup je m’en sors comme je peux, et je dis ce que je peux surtout haha.

 

Quels sont vos chanteurs modèles ?

Robin : Chino Moreno (Deftones), Nate Barcalow (Finch), Ed Macfarlane (Friendly Fires), 
Jerry Roush (ex Sky Eats Airplane), Samuel David Carter (Architects), Yannis Philippakis (Foals), Ernest Greene (Washed Out).

Maxime : Ils sont nombreux… Je dirais Mike Patton, Dustin Kensrue, Daryl Palumbo, Josh Scogin et particulièrement Maynard James Keenan et Chino Moreno, qui sont impressionnants juste par leur voix, peu importe la musique derrière. Ils ont tous des voix uniques et reconnaissables entre mille.

Nicolas : Pour n’en citer que quelques-uns sans ordre particulier et brut de pomme je dirais Cory Brandan, Greg Puciato, Chino Moreno, Lynn Strait, James Keenan Maynard,Dennis Lyxzén, Bradley Nowell, Andy Hull, Elvis Presley, Dustin Kensrue, Ani Difranco, Thom Yorke, Johnny Cash, Ray Lamontagne, Josh Scogin, Mark Oliver Everett, Sage Francis.

 

Quel est celui qui sort le plus du lot dans la scène française ?

Maxime : Sans aucun doute Hendrick, des défunts Admiral’s Arms. C’est le genre de mec qui ne calcule rien, qui chante avec ses tripes, ça se voit et c’est ce qui fait que ça marche instantanément. Après, je ne sais pas si on peut encore considérer Gojira comme faisant partie de la scène française, mais Joe Duplantier se démarque évidemment des chanteurs français.

Robin : Malheureusement je n’écoute pas assez la scène française pour vous donner un nom précis. Cela dit des groupes comme Admiral’s Arms, The Prestige, General Lee ou As we Draw sont pour moi des espoirs pour la scène musicale à laquelle nous appartenons.

Nicolas : Alex de The Prestige. Une telle énergie et un tel talent ça cache quelque chose.

 

Quel est l’album qui vous a le plus marqué d’un point de vue chant ?

Robin : Si je vous dis Say Hello To Sunshine de Finch ou Thirteenth Step de A Perfect Circle?

Nicolas : Il y en a bien trop. Le premier qui me vient serait un album de Tool et je dirais Aenima que j’ai écouté pour la première fois peu après sa sortie il y bien 15 ans. Du génie. Ca, plus l’album éponyme de Sublime aussi. Il ne m’en a pas fallu plus à l’époque pour comprendre que la musique était ce que je voulais faire de ma vie. Get Some de Snot aussi! Y en a trop.

Maxime : Il y en a quelques-uns qui m’ont marqué récemment au niveau de l’évolution de leur voix, genre Option Paralysis de Dillinger Escape Plan. Mais ma référence est sans conteste Lateralus de Tool. On a l’impression que tout est facile pour lui, que ça soit pour des cris à rallonge comme pour l’écriture des textes.

 

Quel frontman vous a le plus impressionné sur scène ?

Maxime : Au risque de passer pour un fan inconditionnel, ce que je suis de toute façon, Maynard est absolument incroyable sur scène, même sans être à proprement parler un frontman dans le sens classique du terme. Sinon, si tu cherches un vrai mec qui assure au chant et qui en plus fout le bordel sur scène, je te dirais Greg Pucciato.

Nicolas : Je dirais Greg Puciato, Maynard, Chino Moreno et Josh Scogin (désolé ça fait 4). Après, dans un registre tout autre, je me souviens avoir été scotché par Ben Howard en 2009 au Café De La Danse. Ce petit mec tout seul avec sa guitare en première partie de Brett Dennen m’a tout simplement fait préférer son show à celui de Dennen. A l’instant où il a gratté ses cordes et ouvert la bouche il m’a collé des frissons et bien, bien fait fermer ma gueule.

Robin : Première claque de Tom Lacey (The Ghost Of A Thousand) à L’Elysée Montmartre et seconde de Chino Moreno (Deftones) au Trianon.

 

À qui vous a-t-on déjà comparé vocalement (en bien ou en mal) ?

Nicolas : Lors d’une soirée après une date en Hollande où l’on a d’ailleurs joué pas mal de titres de l’album, un mec m’a tendu un joint en me disant que ma voix lui rappelait parfois celle d’Anthony Green. Etant donné que ce dernier aurait très bien pu faire partie de la liste précédemment établie, inutile de dire que j’ai été extrêmement flatté de la comparaison.

En mal je ne vois pas. Une fois, quelqu’un m’a dit qu’il avait cru à une voix féminine lorsqu’il avait entendu Visions Of Chandra (DSD). Mais je ne l’ai absolument pas mal pris haha.

Robin : Je ne crois pas, ou je ne m’en souviens plus! Alors si quelqu’un à une comparaison, qu’il se prononce sur le Facebook ou le Twitter du groupe!

Maxime : Ça m’a fait marrer, mais on m’a déjà comparé à Lemmy de Motorhead. Je l’ai bien pris parce que ce mec est une légende, mais ce n’est pas vraiment le type de voix que j’espère donner.

 

Quel a été le compliment le plus marquant que l’on a fait sur votre voix ?

Nicolas : Une fois, quelqu’un m’a confié, après un show acoustique, avoir dû quitter la salle au bord des larmes pendant ma prestation car c’était « trop beau et insoutenable de tristesse ». Cette personne avait peut-être un problème de sensibilité ce jour-là mais je crois tout de même qu’à ce jour c’est une des choses qui m’a le plus touché et qui me pousse à continuer.

 

Avec qui aimeriez-vous faire un featuring ?

Maxime : Chino Moreno ça serait un bel achievement déjà.

Robin : J’aimerais beaucoup avec Chino Moreno ou Laura Darlington.

Nicolas : Pour Branson Hollis je pense à Chino Moreno, Maynard James Keenan, Cory Brandan, Josh Scogin.

 

Quel est le morceau de votre groupe où vous vous sentez à votre paroxysme ? Celui qui vous rend le plus fier ?

Nicolas : Si je devais en choisir un et puisque c’est ce qu’on me demande ici, ce serait un morceau qui se trouve sur l’album qui va bientôt sortir. Mais ma fierté réside dans autre chose que dans une sensation de paroxysme personnel. J’en suis très fier pour une simple raison. Mais je ne suis pas cette raison.

Robin : Je vous dirais The Jar pour ne pas spoiler un titre de l’album , car c’était le morceau le plus énergique que nous avions composé jusqu’à ce dernier.

Maxime : C’est un des morceaux de l’album qui va sortir bientôt. C’est une des chansons qui me rend fier d’être dans Branson Hollis pour plein de raisons, autant sur ma prestation vocale que le résultat final.

 

Donnez-vous un traitement spécial à votre voix avant un concert ? Quel est votre pire souvenir de concert ?

Maxime : Je m’échauffe forcément avant de chanter quoi que ce soit en live, mais j’essaye d’axer ça sur la respiration et la relaxation. Je privilégie la détente à l’échauffement des cordes vocales pures. Si tu parles toute la journée, tes cordes sont éveillées, le reste n’est qu’une question de souffle.

Niveau pire souvenir, je me suis jamais pété la voix en live ni eu de gros bobos. J’ai plus une situation stressante qui me vient à l’esprit et fout en l’air ma préparation : c’est quand on doit limite finir les balances sur scène quand le public est déjà là et enchainer direct avec le set.

Nicolas : J’ai testé toutes sortes de techniques pour forcer l’expérience et je crois que le mieux reste un bon échauffement, une bonne préparation tant physique que mentale et des boissons chaudes.

Je garde un souvenir horrible d’une date dans le sud de la France. Le pauvre ingé son n’avait aucune expérience du style, on se prenait coup de bourre sur coup de bourre et des larsens de fous alors qu’on parlait juste au public. L’horreur.

Robin : Un bon échauffement, tout le corps et surtout bien se décontracter car plus vous serez tendu, plus votre prestation sera difficile! Le stress (négatif) m’a déjà provoqué une extinction de voix juste avant un concert, c’était l’enfer.

 

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes qui veulent s’aventurer comme frontman ?

Nicolas : Chez les Branson il n’y a pas vraiment de Frontman (et puis notre projet est encore jeune on ne peut pas encore parler comme des papas!) mais je peux toujours donner un humble conseil aussi cliché et tout con que, je pense, pertinent : Travaillez. A fond. Parce que même en travaillant dur vous risquez fort de ne pas vous faire la place que vous méritez. Travaillez dur et, plus que tout, appliquez-vous. Faites honneur à votre musique jusqu’au bout.

Maxime : Le problème c’est que dans le groupe il n’y a pas vraiment de frontman comme on est trois à chanter et qu’on joue tous aussi d’un instrument en même temps. Le seul conseil que je peux donner, c’est juste de rester soi-même et ne pas essayer de faire semblant pour coller à un registre. Stay true.

 

 

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