Interview / When Icarus Falls

- 24/11/12 17:04

When Icarus Falls

Au moment où je me suis dit que ce serait quand même sympa d’interviewer mon coup de coeur de cette fin d’année When Icarus Falls, je tombe sur deux interviews d’eux plutôt conséquentes (dont une très intéressante de notre confrère du Dico de l’emo), ce qui me laissait un choix restreint de questions pour ne pas faire doublon. Ainsi l’interview est assez courte mais néanmoins très intéressante, et à lire avec le track-by-track de leur opus Aegean ici. Pour accompagnez ce texte vous pouvez écouter un de leur son plus bas, ou relire notre chronique.

Tout d’abord bonjour et merci de nous accorder cet interview, pouvez-vous présenter le groupe.

Xavier: Formé en 2007, WIF c’est cinq dépressifs Lausannois réunis pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire d’ailleurs, et avec un seul but commun: rendre les auditeurs aussi dépressifs qu’eux-mêmes. Je le vend bien là? Diego, tu souhaites ajouter quelque chose?

Diego: Xavier a toujours eu un sens de la présentation qui laisse à désirer. Depuis 2007, à part déprimer on a quand même composé quelques trucs comme Over The Frozen Seas qui est sorti en 2009 sur Get A Life! Records, fait aussi quelques concerts en Europe dont quelques uns assez mémorable avec des groupes comme Red Sparowes, If These Trees Could Talk et Celeste entre autres. Nous avons eu par ailleurs l’opportunité de participer à la Falling Down Compilation II et on revient en 2012 vous présenter Aegean.

En quoi le nom de votre groupe vous représente le mieux ? Surtout qu’il ne s’agit pas là de la chute d’Icare, mais du moment où il chute. Êtes-vous plus intéressé par ce qui se passe après la chute plutôt que sur les rêves insensés sur lesquels a été bâti l’ascension ?

Xavier: Le moment de la chute est inévitablement associé à pas mal d’émotions et de sentiments: ce rêve accompli au dénouement tragique, teinté de rage et de désespoir. En ce sens, le nom du groupe est particulièrement représentatif des émotions que notre musique essaie de transmettre. De manière générale, la mythologie est un thème récurrent et une source d’inspiration pour WIF, nous ne nous limitons donc pas uniquement à ce chapitre de la vie d’Icare. Mais il a bien fallu se décider pour un nom de groupe…

De quels artistes vous sentez-vous proche musicalement ? Et quels sont ceux dont la réussite vous fait envie ?

Xavier: Je pense qu’il est inutile d’essayer de cacher notre proximité avec le groupe de post-hardcore originaire d’Umea dont le nom commence par Cult et fini par Luna… Mais nous avons beaucoup d’autres influences qui sont plus personnelles et pas forcément partagées par tous les membres du groupe. Quant à la réussite, ce n’est pas quelque chose que nous idéalisons. Nous gardons un côté très réaliste et très critique par rapport à la vie d’artiste. Nous avons tous une vie à côté du groupe qui ne nous permettrait pas de tourner six mois par an. En ce sens, je trouve que nous avons un bon équilibre avec WIF, qui nous permet de partager notre univers musical mais demeure une passion non exclusive.

L’univers d’Aegean est très influencé par la mythologie grecque, qu’est-ce qui vous intéresse à propos de cet univers ? Qu’est-ce qui a fait que vous vous imprégnez de cette marque dans votre musique ?

Xavier: C’est à cause du nom du groupe: une fois choisi, impossible de s’en défaire…

Diego: Pas mal de lectures et surtout une fascination pour les mites et le baygon.

Comment décririez-vous l’évolution entre vos deux galettes ?

Xavier: Les deux opus sont très différents. Je trouve que nous avons apporté dans notre écriture beaucoup plus de variations, de dynamique. Les titres sont plus condensés, ce qui les rend en un certain sens plus intéressants. Musicalement, Aegean est bien plus sombre et puissant, et pour employer ces étiquettes que nous détestons, il est plus post-hardcore que post-rock. Pour nous, il est important qu’il y ait une évolution entre deux albums, nous n’aimons pas être confinés dans un unique univers musical. Vous voilà prévenus pour le prochain album…

Les critiques de votre premier EP vous ont-elles poussé à plus travailler vos compositions ? Est-ce quelque chose qui entre en compte lorsque vous écrivez ?

Xavier: Au risque de décevoir tous les chroniqueurs qui ont eu notre EP ou notre album entre les mains, pas du tout! Nous acceptons les compliments et rejetons toute forme de critique, nous sommes tous ultra-narcissiques chroniques.

Qu’aimez-vous faire ressentir via vos morceaux ? Quelle est l’émotion qui vous habite lorsque vous composez ?

Xavier: sur Aegean, nous avons cherché à faire ressentir dans chacun de nos titres l’une des étapes énoncées par Elisabeth Kübler-Ross dans l’acceptation de la mort, à savoir le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Mais lorsque l’on compose l’état d’esprit est tout autre: cela passe des moments d’euphorie (oué on tient un riff trop cool!) à la pure déprime (de toute façon le post-hardcore c’est de la merde, on arrête tout et on se met à l’électro). Il nous faut beaucoup de temps avant de pouvoir vraiment insuffler l’émotion dans nos chansons.

Comment composez-vous de sorte à avoir des morceaux de dix minutes et d’autres de quatre ?

Xavier: C’est très simple. Quand on a un riff mais qu’on ne trouve pas de suite ça donne une chanson de 4 minutes. Si par chance on trouve une transition pour enchaîner deux riffs, on tient probablement un titre de 8 minutes, auquel on essaiera encore d’ajouter une intro et deux-trois larsens à la fin pour atteindre les dix minutes…

Le morceau « The Asphodel (pt1) » a-t-il été pensé en corrélation avec une hypothétique partie 2 ?

Xavier: Je crois que personne ne le sait vraiment, hormis le chanteur.

Diego: Je crois que personne ne le sait vraiment, à part moi.

Comment concevez-vous le rôle de parolier dans votre musique ? Et quel est le morceau dont vous êtes le plus fier de ce point de vue ?

Xavier: Pour moi c’est indéniablement « The Asphodel Meadows (part I)« .

Diego: Les textes apportent une dimension particulière au processus de composition mais sans vraiment l’enserrer dans un carcan. En gros, je sers à rien.

Comment vous sentez-vous au sein de la scène suisse ? Y a-t-il de bons groupes dont nous n’aurions pas entendu parler ?

Xavier: Tu connais Gotthard?

On vous laisse le mot de la fin.

Xavier: Merci à toi pour l’interview et surtout pour la chronique magnifique dont on s’est délecté. Tu nous fileras tes coordonnées bancaires pour le versement, comme convenu…

Diego: Vends Mazda 121. Peu de kilométrages. Expertisée en 2012.

Interview par Tommy

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