The Devil Wears Prada – ’8:18′

- 06/10/13 19:00

Eight_Eighteen

Aussi étrange que cela puisse paraître pour un fan du groupe, je n’attendais pas 8:18 tant que cela, et je veux dire par là que j’aurai volontiers attendu un an de plus pour qu’il voit le jour, afin de faire grandir l’impatience au fond de moi. 8:18 fait suite à Dead Throne et est le cinquième LP du crew de Dayton, OH; une perle entre renouveau du genre et retour à la recette efficace du « critically acclaimed » With Roots Above and Branches Below, bref du grand The Devil Wears Prada. 8:18 est un verset des épitres aux romains disant «  For I consider that the sufferings of this present time nare not worth comparing with the glory that is to be revealed to us » (soit en français: « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. »). Cette phrase je l’avais déjà vu sur l’ancien blog de Mike Hranica (chant) il y a deux ou trois ans et elle m’avait particulièrement marqué. Je pense donc que c’est un excellent choix de titre, contrairement à son affreusement banale cover, pour laquelle ils ne se sont vraiment pas foulés (ceci dit hormis l’artwork de Zombie aucun n’est réellement beau dans leur discographie).

Cette galette recrée les liens forts que j’avais avec TDWP et que j’avais légèrement mis de côté avec Dead Throne. J’y retrouve la passion dans la voix de Mike et la créativité dans les riffs de Chris Rubey, car avant de revenir aux sources de leur son il faut tout de même dénoter d’un vrai désir d’expérimentation et d’évolution vers quelque chose de profondément plus sombre, de plus triste, de plus viscéral; ce qui ne va pas réellement dans le sens du thème « global » de l’opus: retrouver l’amour qui avait été perdu dans DT. Je ne vais cependant pas m’attarder sur les paroles puisqu’elles feront l’objet d’un article propre comme pour Defeater. Sachez juste qu’elles sont très personnelles et assez bluffantes lorsqu’elles entrent dans le domaine de l’introspection pure.

Ce côté plus sombre disais-je se retrouve dans la grande majorité des morceaux: l’intro « Gloom », le single « Martyrs« , la très intéressante « War« , « 8:18« , « Care More » ou encore la phénoménale « Transgress« . Cette dernière est probablement mon plus gros coup de coeur – même si il pourrait y en avoir cinq ou six autres – à cause de cette infinie tristesse, sincérité et tout simplement sa force émotionnelle. Entendre Mike hurler « I am an apparition and that’s all I ever wanted » est vraiment puissant. L’autre côté intéressant est cette propension à inclure de nouvelles influences pas forcément évidente dans leur univers; Massive Attack pour « Care More » ou La Dispute pour « 8:18 » par exemple. Tout cela en n’oubliant pas de nous créer quelques uns des meilleurs refrains au chant clair qu’ils aient pu nous faire jusque là (« Sailor’s Prayer« , « Black & Blue« …). Il n’y a finalement que très peu de pistes ‘génériques’ comme « Rumors » ou « Number Eleven« , tant chacune se créer son propre univers et sa propre force. Même les plus metalcore-ike que sont « Home For Grave » et « First Sight » passent toutes seules grâce à la créativité musicales dont elles s’imprègnent (le « dead and gone » final de « Home For Grave » est terrible).

Le dernier point que j’ai envie d’aborder concerne la très judicieuse façon d’utiliser le synthé qui avait été un peu délaissé sur DT. Il apporte une nouvelle profondeur sur certains passages et s’exporte au delà du rôle « ambiant » auquel il était cantonné sur le reste de leur discographie. Enfin (et c’est le vrai dernier point), je suis totalement partisan de la nouvelle façon ‘émotionnelle’ de chanter de Mike, où il se laisse aller là où sa rage, sa passion, sa tristesse le porte, et qui se fiche que sa voix parte n’importe comment. C’est un parti pris qu’il est difficile de défendre, et je comprends que l’on s’en plaigne, mais personnellement j’adore.

En tant qu’immense fan du groupe je ne peux que me féliciter de cet opus vraiment impressionnant à bien des égards. Ce qui ma fascine le plus c’est que de toutes les personnes avec qui j’en ai discuté, pas deux avaient la même piste favorite; preuve en est que l’univers du groupe s’étend au delà des plates-bandes génériques de la vague actuelle.

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