The Devil Wears Prada – « Dead Throne »

- 21/09/11 23:52

tdwp

Depuis leur succès considérable avec « With Roots Above » and « Branches Below » (AP Band of the Year en 2009), le moindre mouvement de The Devil Wears Prada est attendu par la scène metalcore mondiale. D’abord il y a eu ce superbe album précité, qui mêlait avec perfection mélodies et violence, ensuite il y a eu l’EP « Zombie », un cinq titres qui redoublait d’intensité et qui avait laissé sur la carreau n’importe qu’elle autre production deathcore/metalcore tant la puissance et la force des morceaux écrasait tout sur son passage. Enfin il y a ce quatrième LP qui s’intitule « Death Throne », symbole des cultes ridicules que l’on voue à des idoles bidons. Il a bénéficié d’une promo hyper maitrisée, où l’on a vu se révéler très lentement les ingrédients jour après jour, des studios updates au nouveau logo pour finalement en arrivé à la diffusion de l’album en streaming. Cette review intervient assez tard puisque pour l’écouter en profondeur je ne voulais pas avoir du streaming.

La classe façon Prada c’est de ne jamais nous resservir deux fois la même robe, quand bien même cela augmenterait les ventes et/ou leur popularité. Comme ils ne font jamais deux fois la même chose ils commencent par une véritable introduction (ce qui n’était pas arrivé depuis « Dear Love : a Beautiful Discord »). Titre éponyme, il est celui qui du point de vue des lyrics représente le plus l’album et le message qu’il nous transmet. Il est lourd et agressif, une parfaite mise en matière. Pour la suite, DWP va copieusement dérouler sa musique jusqu’à ce que l’album tourne à la véritable démonstration. On a droit a des morceaux très lourds et puissants tels que « Mammoth » ; l’un des meilleurs morceaux portant la nouvelle maxime du groupe « it all comes back full circle », c’est clairement l’un des plus costaud et lourd ; « Untidaled » ou encore « R.I.T. » Le premier se situe en deuxième position sur la tracklist, il commence avec la phrase « back for the fourth time around », ce qui aurait pu servir d’introduction. Mike nous démontre à quel point ses parties vocales sont adaptable, sa voix a beaucoup évoluée mais on voit également apparaître un nouveau style de scream (il le prononce sur « bring restoration »). Les chants clair de Depoyster ont également changés, moins aériens ils auront moins tendances à partir en vrille en live, mais son timbre est toujours aussi bon et efficace. Une belle évolution pour les deux frontmen même si sur ce morceau les autres musiciens – batteur spécifiquement – ne sont pas en reste. Le deuxième morceau précité – « R.I.T » – est l’un des deux morceaux estampillés ADTR (et non SPQR) avec « Vengeance ». Le morceau – qui a été nommé par McKinnon lui même (« Rest in Trouble ») – est un morceau très lourd, sans clean voice, avec des riffs terrible sur le refrain. Il était rare de voir Mike chanter seul sur le refrain, c’est chose faite et réussi, en un mot : groovy sans en perdre son impact. Quant à « Vengeance » c’est surtout dans des guitares – sensationnelles – que l’on retrouve la ADTR touch avec également un refrain très chantant et quelques breaks bien lourds.

La dynamique est cassée avec « Kansas », une véritable interlude qui à le même rôle que « Louder than Thunder ». Cependant comme je l’expliquais DWP n’est pas du genre à faire des choses uniquement parce qu’elles ont bien marchés, du coup « Kansas » se retrouve être un morceau instrumental, extrêmement bien ficelée mais qui est paradoxalement le deuxième morceau le plus long de l’album (3min37, la plupart de l’album tournant autour des 3min). Ensuite le groupe nous sort des morceaux plus classique de son répertoire comme le très heavy metal « Forever Decay », le teigneux « Pretenders » ou encore « My Questions » ; le morceau le plus volontairement émotionnel, les riffs sont plus « post-hardcoriens » et les parties de Depoyster sonnent véritablement low hardcore. Ce morceau me fait penser à l’album « Plague ». Mike n’en oublie cependant pas de placer des screams très lourds et puissants en fin de morceau. Je vais passer maintenant aux morceaux qui ont une petite histoire derrière eux. « Born to Lose » d’abord ; Le premier extrait qui était apparu et qui avait étrangement déçu quelques personnes (au grand dam de Mike) alors qu’il est une parfaite combinaison entre les matériaux de « Zombie » (vocalement) et « With Roots Above ».. (musicalement). Le « I’d give it up, I’d give it up » new style de Hranica fait parti des perles vocales de cet album. L’un des treize morceaux a été pré-enregistré pendant l’EP « Zombie », il s’agit de « Constance ». C’est ce qui explique sa lourdeur tant physique que psychologique (il parle de l’incapacité à trouver le sommeil). Les variations dans la dernière phrase de depoyster (« this is bound to fail ») sont très savoureuses. Puis c’est aussi le troisième morceau de Devil Wears Prada avec un guest (le premier étant Craig Owens dans « You Can’t Spell Crap Without C » sur « Plague » et le deuxième Trevor Wentworth de Our Last Night dans »Danger : Wildman sur With Roots Above »…), en la personne de Tim Lambesis, frontman de As I Lay Dying. Deuxième morceau dédié à un point spatial après « Kansas » (en référence à l’un des deux lieux d’enregistrement de l’album : Lawrence) : « Chicago ». Probablement mon morceau préféré ; très lent et démesurément émotionnel. Il commence par « I have composed our final song » (god I hope not) ce qui en dit long sur l’intensité des lyrics qui suivront. Le morceau le plus expérimental, tant sur le plan musical que vocal. Je pourrai parlé de ce qu’il me fait ressentir pendant environ deux-trois heures mais ce ne serait pas raisonnable. Enfin l’album s’achève sur « Holdfast », qui sonne un peu comme une chanson d’adieu avec tout ses « We will not be forgotten ». Il apporte une touche d’espoir dans une production massivement pessimiste et dépressive qui nous parle de déclins, de peurs, d’échecs et de désillusions. Tout s’achève dans un chaos vocal des plus impressionnant.

La production de Adam Dutkiewicz sur cet opus est parfaite (notamment sur les claviers et la structures des morceaux et pointilleuse), elle a permis à DWP d’offrir ce que le metal moderne fait de mieux, des avalanche de riffs à nous écraser la tête associé à des rythmes implacables. De plus, Mike a donné à ses cris une dimension encore plus vengeresse et destructrice, oui, c’était possible. Faits à noter : plus de noms de morceaux amusant comme ce fut le cas avec « This Song is Called » ou « Html Rulez D00d » par exemple. C’est l’album de 2011 (avec « Leveler » d’August Burns Red) mais pas le meilleur de DWP. Une qualité hors norme et une capacité à se reconfigurer là où on ne les attends pas forcément, tout cela ajouté à un sens musical proche du sacré et on tient entre nos mains non plus un CD ou un Ipod mais une machine à créer de l’émotion. Un nouveau matériel, un nouveau Prada, une nouvelle ère. Bienvenue.

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