The Holiday Chronicles: Greenfield Day Two; Ricola, Big Foot, de la batterie et une claque

- 29/06/13 17:30

Greenfield Flyers

-T’as bien dormi ?

-Bien évidemment que non

-C’est probablement l’une des pires nuits de ma vie

-Pareil, on bouge ?

-On bouge

 

Avant de décoller j’ai été témoin d’une nouvelle manière de faire du stop, la manière suisse : une fille marche sur le bas côté pendant que tout le monde a le pouce levé, elle regarde notre plaque d’immatriculation, s’esclaffe « ah ils sont français ! » (mais avec l’accent suisse), passe sa tête à l’intérieur de la voiture – sans même nous adresser la parole je le rappelle – et dit désespérée « non c’est mort ils ont pas de place derrière »…..DAFUQ ! Cela aurait été sympathique, avant toute chose de nous demander notre avis mademoiselle.

 

Bref, pour justifier un peu le fait que sur les 17 groupes présents ce deuxième jour nous n’en avons vu que 5, ce prélude sur la dure nuit de sommeil passée était plus que nécessaire. Histoire de retrouver une hygiène corporelle décente et une nuit acceptable, on avait décidé pour le vendredi soir de se prendre une chambre d’hôtel à 20 minutes du festival, le problème est qu’il fallait se faire enregistrer entre 14h et 19h pour avoir les clés de l’hôtel, en plein milieu du festival donc. Petite visite de la région des lacs aux alentours et des paysages prodigieux que nous offrait la bourgade où se situait l’hôtel, durant laquelle d’autres « l’imposant le dispute à la majesté » furent de bon aloi pour faire passer le temps. Ce qui nous a aussi montré l’incapacité chronique de mon collègue à s’exprimer par un autre langage que le français, et qui donna une scène hilarante avec un autochtone. 14H a sonné et hop, nous voilà devant le sosie de Otto dans Malcolm avec ce léger détail qu’il avait un œil qui jouait au bowling et l’autre qui regardait le score. Inutile de vous dire que les « Francis » avec l’accent allemand de la version française du sitcom ont fusé. Arrivé dans la chambre vers 14h10 et étant donné que les premiers groupes intéressants n’arrivaient qu’aux alentours de 16h, une petite sieste s’imposait pour récupérer de cette horrible nuit sur les sièges robustes d’une clio.

« St. Paul Missionary Baptist Church Blues » de La Dispute retentit, c’est le réveil de 16h. Un rapide coup d’oeil à mon comparse, qui n’ouvre qu’un seul de ses deux yeux, et parvient à bout de force à me faire un signe de la tête signifiant que non, c’est mort, il était dans l’incapacité de se lever.

18h, merde, ça fait un peu tard, et ce trou de balle m’assure qu’il n’a aucun souvenir de ce gigotement de tête qui nous a fait nous rendormir pendant deux heures. C’est donc dans une trombe contrôlée qu’on file vers les plaines d’Interlaken pour voir ce qu’il reste de cette journée du vendredi. Déjà – et ce sera mon seul regret de ce séjour – pour Bleed From Within c’est rappé.

 

 

Armé d’une bière chacun, on se pose devant NOFX, le groupe keupon mythique. Je ne suis pas un de leurs grands fans mais je sais que leurs lives sont toujours teintés d’humour et de bonne humeur et c’est un peu ce qui me donna foi en ce show : passer un bon moment. Déjà je trouve assez drôle que comparé à tous les groupes qui avaient une immense bannière derrière eux, eux se sont contenté d’une petite affichette jaune estampillée au nom du groupe, probablement la même depuis 10ans. C’est beau.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il savent faire la fête et qu’ils étaient tout bonnement hilarants, petit condensé : ils ont comparé quelqu’un à une troll doll, on dit qu’ils logeaient dans un hôtel muslim et qu’il était un peu bizarre, qu’ils n’aimaient pas les juifs, qu’une personne qui avait allumé un fumigène essayait de gazer ces mêmes juifs, que la chanson locale suisse était le « yololé hihou » ou le générique de Ricola, et ont soupçonné que les suisses n’étaient en fait que des sous-français. Oui bon hilarants peut-être pas mais ils étaient de bonne humeur et moi qui suis réceptif à toute sorte d’humour, j’étais gavé.

Je ne suis pas un connaisseur du punk, mais ils sont parfaitement l’image que je m’en fais, ils chantent mal (mon dieu cette reprise des Champs Élysées était affreusement drôle pour des francophones), ils jouent n’importe comment, ils passent plus de temps à boire leurs tequila qu’à jouer mais ils sont contents, et nous aussi. On aura droit à un flemmard « thank you, danke, thank you in french, thank you in italian… » et également un sympathique « qui veut que l’on joue moins et Slayer plus ? ». Bref ce n’était pas le meilleur show, mais c’est celui sur lequel j’ai le plus ri, et il en faut bien un. On a aussi vu un homme se faire momifier avec du papier toilette, ce qui est pas mal.

 

Setlist :
60% / We Called It America
Murder the Government / Dinosaurs Will Die
Fuck the Kids
Linoleum
Louise
72 Hookers
Radio 
(Rancid cover)
Seeing Double at the Triple Rock
My Orphan Year
Mattersville
I Believe in Goddess
Eyeball
Eat the Meek
Cell Out
Straight Edge 
(Minor Threat cover)
Perfect Government 
(Mark Curry cover)
All His Suits Are Torn
New Herb
The Separation of Church and Skate
The Moron Brothers
Champs Elysées 
(Joe Dassin cover)
Franco Un-American
Bottles to the Ground
Kill All The White Man

 

 

À peine le temps de lorgner sur un homme qui buvait sa bière dans une corne de brume que l’on se lance chez Turbonegro, groupe fantasque que je découvrais et qui m’a littéralement bluffé. Ces mecs dégagent une patate incroyable, et leur univers visuel est vraiment attirant. À vrai dire je connaissais un peu de part quelques covers qui ont été faites de leurs morceaux et de leur réputation (et également le déguisement du frontman) mais je ne m’étais jamais attardé sur leur son : j’ai eu tort. Hélas on ne passera qu’une demie-heure devant eux à cause du set de Slayer qui commençait, mais ils ont gagné un auditeur. LA bonne surprise.

 

Setlist :
The Age of Pamparius
Get It On
All My Friends Are Dead
Just Flesh
I Got A Knife
Turbonegro Must Be Destroyed
Mister Sister
Dude Without A Face
TNA (The Nihilistic Army)
Prince Of The Rodeo
Wasted Again
I Got Erection

 

 

Depuis le temps que j’attendais de les voir, c’est fait, je peux enfin dire que j’ai vu Slayer, et ça fait tout de même plaisir. Même si il n’y aura pas d’hommage pour leur récent membre disparu, le groupe est apparu très sobre, respectueux, jamais hautain (ce que l’on pourrait craindre pour un groupe de cet acabit), nous époustouflant pendant plus d’une heure de leurs meilleurs titres. C’était aussi l’occasion pour moi de voir enfin Kerry King en vrai, véritable figure emblématique du groupe, même si c’est Paul Bostaph (le remplaçant officiel de Dave Lombardo à la batterie) qui m’a le plus dominé. Quelle puissance !

J’aurai aimé être un poil plus près de la scène mais pendant la première partie du show un espèce de Golem indéboulonnable me cachait la vue, puis je fus fasciné par un type visiblement ivre mort mais qui faisait mine de ne pas l’être en lâchant deux ou trois onomatopées dans la conversation de son groupe avant de re-sombrer dans le coma. Ce n’est pourtant pas ce manque de proximité qui m’a empêché de m’auto-mimer tenant le guidon d’un bon vieux chopper sur les riffs de la plupart de leurs morceaux. Clairement ils montrent qu’ils sont les patrons, et j’ai particulièrement attendu « Raining Blood » pour pouvoir placer un logique « j’y étais ». Une belle expérience.

 

Setlist :
World Painted Blood
Hallowed Point
War Ensemble
Hate Worldwide
At Dawn They Sleep
Stain of Mind
Disciple
Bloodline
Mandatory Suicide
Chemical Warfare
The Antichrist
Payback
Seasons in the Abyss
Hell Awaits
Dead Skin Mask
Raining Blood

 

 

Les malheureux Coheed And Cambria auront le même traitement que Turbonegro puisque nous ne les avons vu que pendant moins d’une demie heure afin de ne pas rater une miette du groupe suivant. Néanmoins entendre leur son au clair de Lune fut une expérience enrichissante et enivrante. J’aime vraiment bien le groupe et comme avec les norvégiens je me suis dit que je me replongerai dans leur son à tête reposée. Dommage donc qu’ils aient été programmé à cheval sur Prodigy. Entre temps il avait recommencé à pleuvoir un petit peu.

 

 

Du coup forcément on arrive en avance pour le seul groupe un peu hors-sujet du festival (puisqu’il n’y avait pas vraiment d’autres groupes à tendances electro), et cela a donné lieu à une conversation des plus étranges ayant pour objet la forêt en amont de la Main Stage.

-Ce serait cool qu’un immense oiseau sorte de la montagne, prenne des mecs et retourne dedans pour les bouffer

-Ce serait carrément plus cool si c’était Big Foot

-Pourquoi ?

-Bah Big Foot il vient de la forêt alors qu’un oiseau aussi géant soit-il n’aurait rien à y foutre. Ou alors Big Foot arrive, il choppe des mecs, en revenant dans sa tanière il se fait choper par un immense Artikodin, qui lui même se fait bouffer par un Dragon surgissant de nul part. Ça ça aurait de la gueule.

-Et ensuite y’a ta mère qui les bouffe

-…

-Bah on parlait d’animaux de plus en plus gros…

 

Autant le dire tout de suite, si vous avez déjà vu The Prodigy en live, la simple évocation de ce nom vous donnera logiquement la chair de poule. Quelle claque, mais quelle claque ! J’ai assisté à assez peu de concerts electro dans ma vie mais celui là était l’un des plus magnifiques, et je ne parle pas uniquement des classiques « Omen » ou « Smack My Bitch Up » mais bel et bien de l’entièreté de la prestation. Même si leur système à deux frontmen qui sont plus là pour être un relai entre les djs et le public est un peu étrange et peu déstabiliser, il y a une classe d’écart entre eux et le reste. Même les zicos dont on n’aperçoit que les silhouettes en contrejour se déplacent dans l’espace avec une grâce sans nom.

Une fois n’est pas coutume un connard me pourrira les oreilles et les sur-excités sous acides commenceront à pulluler ; mais ce n’est pas ce qui a ternit l’expérience. D’ailleurs si on fait un parallèle avec le Rammstein de la veille, leur approche d’un show fut radicalement différente. Pourtant ici aussi il s’agit d’un spectacle sons et lumières, d’un divertissement pur et simple, mais c’est cette absence de chant qui va pousser les deux frontmen à dialoguer constamment avec la foule, en leur demandant de participer activement à la prestation, et qui va également les pousser – pour combler le risque de vide – à ajouter des morceaux de phrases en guise de parole. Personnellement j’ai pris mon pied pour un style de show diamétralement opposé à celui de la veille, mais tout aussi plaisant.

 

Setlist :
Voodoo People
Jetfighter
Breathe
Omen
Poison
Thunder
AWOL
Firestarter
Run with the Wolves
Spitfast
Omen (Reprise)
Invaders Must Die
Smack My Bitch Up
Take Me to the Hospital
Their Law
Hyperspeed (G-Force Part 2)

 

 

Malgré nos heures de siestes c’est exténué que l’on quitte le festival à 1h du matin pour rejoindre notre petite chambre d’hôtel au milieu des montagnes. L’occasion de couper à travers un champs trempé, de manquer l’ablation d’une testicule en escaladant une barrière, d’entendre la phrase « l’érosion ça se conjugue ? » et de se demander ce que donnerait cette phrase prononcée par un slameur géologue. Demain c’est le dernier jour, et on devrait finir en beauté.

 

Le point sosie : On a croisé un Zack Galifianakis maigre, Chris Esker en scooter, une fille ayant le faciès de Jamel Debouzze mais un menton incroyablement disproportionné, Ron Perlman, Natoo en moins séduisante, John Slattery, et enfin un homme mi Bruce Willis, mi Wade Williams (Brad Bellick dans Prison Break.

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