Interview / Eths

MT - 05/04/12 10:56

- Bonjour Eths ! Tout d’abord, comment ça va ?

Candice : Ca va merci!

Staif : très bien !

- III est un nom très sobre contrairement au précédent album Tératologie, quelle est l’origine de ce nom, souhaitiez-vous entourer cet album de mystère d’avantage que les autres ?

Candice : Le côté graphique a été très important, nous avions déjà tous les titres en Latins et Grecs et nous ne voulions pas d’un titre d’album encore trop compliqué, III s’est donc imposé à nous.

- Comment avez-vous analysé le succès public (concerts) et critique de Tératologie ?

Candice : Nous avons fait une analyse de nos morceaux, le ressenti a été assez unanime dans le sens ou nous avons voulu mettre toutes nos idées sans trop les canaliser c’était la porte ouverte à la créativité. On s’est vraiment amusé mais après réflexion et un autre album composé, on se dit que c’était vraiment trop fourni. Mais en même temps on s’est donné les moyens de faire ce que l’on désirait et c’est le plus important.

Staif : Avant, nous avions ce besoin de mettre beaucoup de choses et pousser l’expérience musicale vraiment loin ; aujourd’hui, nous pouvons revenir sur des formats de chanson plus habituels parce que que nous avons pût expérimenter toutes ces choses, on est tous fans de gros refrains qui se chantent en choeurs donc on leur a apporté un soin particulier. Maintenant nous avons une vision plus claire et lucide de notre musique grâce à l’expérience passée, mais nous sommes toujours avides d’expériences et de mises en danger.

- Revenons sur le processus de création : depuis quand travaillez-vous sur ce nouvel album ?

Candice : Depuis la fin de la tournée Tératologie avec des pauses entre temps. Parfois quand l’inspiration ne vient pas il vaut mieux attendre et se focaliser sur autre chose et puiser son inspiration autre part.

Staif : La composition de III a commencé plus calmement, des soucis de santé m’ont contraint à limiter mon temps de jeu de guitare au début, puis c’est monté en puissance. Sur cet album , l’idée était d’essayer de nouvelles choses tout en retrouvant nos basiques; lors de la composition je voulais que chaque titre ait son propre univers ( en étant intraitable sur les riffs et bases de chaque morceau) et son petit truc en plus, ainsi il y a des parties orchestrales , des beats electro et divers synthé, des choeurs classiques… l’expérience de Tératologie a permis de moins se perdre et de plus aller à l’essentiel, chaque arrangement a été finement réfléchi et réduit à son essence. Au niveau du chant, nous avons essayer aussi de nouvelles combinaisons des divers voix de Candice pour avoir de nouvelles couleurs sur certaines parties.

- Vous accordez à chaque fois beaucoup d’importance aux visuels et à l’artwork. Est- ce que ce travail d’ambiance se fait au préalable ?

Candice : Non pas vraiment nous avons des idées au préalable mais le gros du travail est fait par le graphiste qui retranscrit notre univers et celui des textes. Merci encore à Nicolas Senegas qui a réalisé la pochette.

Staif : L’artwork découle toujours de la musique, et jamais l’inverse pour nous. Nicolas Senegas a tellement bien saisi ce qu’on l’on voulait qu’on a vraiment été bluffé quand on a découvert l’artwork pour la première fois.

- Justement, quelles ont été les inspirations majeures pour élaborer l’ambiance et le visuel de III ? Et pouvez-vous nous expliquer la symbolique de l’artwork ?

Candice : III reflète un constat de la vie et une envie de changement, de renouveau pour l’humanité. Nous parlons beaucoup de 2012 en général mais je me suis inspirée surtout des différentes ères de notre terre en approfondissant son calendrier. L’intelligence et les prédictions des anciennes civilisations disparurent figurent nécessairement dans l’élaboration de l’écriture. La planète a subit plusieurs apocalypses, nous en sommes le fruit… cela permet de se poser de nombreuses questions comme la naissance et mort.

− Comment avez-vous envisagé la relation entre Tératologie et III ? Y’avait-il un désir de continuité ou, au contraire, de partir dans une toute autre direction ?

Staif : Nous sommes toujours tels que nous sommes dans nos disques, sur Tératologie nous voulions faire quelque chose de vraiment différent. Les morceaux de III sont plus au format chanson, mais l’ensemble et la production sont vraiment plus violents que ce que nous avons jamais fait, ce qui ne nous a pas empêché d’y adjoindre certains morceaux beaucoup plus « consensuel » car nous aimons les 2 aspects , notre musique évolue avec nous, aujourd’hui nous aimons beaucoup de choses très pop mais aussi d’autres beaucoup plus extrêmes. Le but s’est donc imposé de lui même, un album qui reste dans la continuité de ce que nous avons fait tout en évoluant vers de nouvelles choses en repoussant les deux extrèmes.

- La maternité de Candice a-t-elle eu un impact sur les paroles de ce nouvel album? Plus généralement, vos vies personnelles influence-t-elle la composition de vos opus ?

Candice : On va dire que les thèmes principaux abordent une dimension post apocalyptique avec paradoxalement tout le côté maternel que j’ai pu connaître. Cette dualité a été un vrai choc émotionnel lors de l’écriture puisque il régnait un sentiment de fin alors que j’enfantais. Nous sommes fascinés par l’histoire des civilisations et le mystère de leur disparition ce qui fait le lien avec la notre et la période dans laquelle nous nous trouvons. Aujourd’hui nous sommes dans l’expectative d’un renouveau d’une vie meilleure en passant par la douleur et sans tomber dans les clichées de fin du monde actuels, nous décrivons ce que pourrait être le déchirement de la perte des êtres chers pendant cette ère de transition. Nous avons besoin d’une période creuse ou nous nous inspirons de nos vies pour pouvoir raconter autre chose.

Staif : C’est ce que nous vivons qui nourrit notre musique, elle a vraiment évolué avec nous et nos vies.

− Musicalement, quelles ont été vos sources d’inspiration pour la composition de cet album ?

Staif : Beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec le metal, j’écoutais pas mal de soul et de vieux morceaux jazz. Mais en règle générale je suis autant influencé par des images, des peintures, parfois des films ou même les sons de la nature que par la musique. Pour III , le déclic s’est déroulé lors d’un voyage en Toscane , l’art de la renaissance m’a touché profondément, c’est ce qui m’a permis de prendre une certaine direction et y voir beaucoup plus clair dans ce que nous voulions faire.

- L’album est beaucoup plus court que les deux autres. Cette caractéristique décrit-elle une sorte d’urgence entourant ce disque ? Y’avait-il un souhait de dire les choses plus directement ?

Candice : Oui nous avions d’autres possibilités dont un morceau qui ne s’inscrivait pas dans la continuité de III donc il était évident qu’il fallait élaguer pour ne garder que le meilleur.

Staif : Nous voulions absolument faire un album court cette fois pour permettre à l’auditeur de rester dedans de A à Z , nous avons apporté un soin particulier à chaque note présente sur le disque, afin qu’il n’y ait aucune « face B » sur l’album et que chaque titre puisse s’imposer de lui même.

- Guillaume a-t-il pris part à la composition de cet album ?

Candice : Oui il a posé ses batteries et donc apporté sa personnalité sur les morceaux; la frappe de Guillaume est quelque chose qui nous a manqué.

− Est-ce que son retour dans le groupe a influencé l’univers musical des compositions ? A-t-il provoqué une sorte de retour aux premières compositions d’Eths ?

Staif : En fait , nous avions déjà prit cette direction avant qu’il revienne , mais il est clair que les batteries rageuses qu’il a posé sur les premiers titres ont donné envie de pousser le bouchon encore plus loin sur les autres titres, ainsi nous avons décidé de vraiment mettre la batterie en avant sur certaines parties. Guillaume est un très bon batteur et son groove s’accorde parfaitement avec nos morceaux.

- Concernant la tournée, vous avez toujours choisis de ne pas renoncer aux titres présents sur l’EP Samantha. Avec l’ajout des chansons du nouvel album, est ce que cet EP sera-t-il toujours présent dans les setlists ?

Candice : Oui nous savons quels morceaux fonctionnent et nous les jouons naturellement, le public attend les titres les plus connus donc nous nous devons de les jouer même si parfois nous préfèrerions jouer de nouveaux morceaux.

Staif : Il nous est même arrivé de rejouer « Pourquoi », nous sommes conscients que les fans aiment nos anciens titres et même si nous aimerions jouer un majorité de nouveaux morceaux, c’est toujours bon de se rejouer un bon vieux morceau.

- Justement la tournée. Les concerts d’Eths sont toujours très intenses. Est-ce que le contenu émotionnel très fort des chansons aide à toujours donner le meilleur de vous-même sur scène ?

Candice : Oui ça aide, quand je suis fatiguée et que je me relâche je pense souvent aux textes et ça me redonne l’énergie qu’il me faut .

Staif : Oui , nous vivons notre musique avec nos tripes et sur scène nous donnons tout ce qu’on peut à chaque fois, c’est vraiment un exutoire.

- A quoi les fans doivent-ils s’attendre pour les prochains concerts ?

Candice : Nous jouons des nouveaux morceaux donc l’atmosphère est bien plus différente des précédant albums c’est plus lourd, plus massif. Les nouveaux morceaux sont beaucoup plus pesants donc j’ai plus l’occasion de vivre les textes et de moins m’épuiser.

Staif : Nous jouons actuellement 7 nouveaux titres sur scène, certaines parties sont aussi beaucoup plus violentes qu’avant, il y a donc certains passages vraiment intenses, on a déjà eu droit à plusieurs « braveheart » et pogos de l’enfer, çà fait vraiment plaisir.

- Eths a joué quelques concerts hors de l’Europe lors de la dernière tournée. Avez-vous des contacts pour réitérer cette expérience ?

Candice : Oui bien sur mais nous nous focalisons sur la France pour l’instant, après plusieurs années d’absence il faut reconquérir un peu le cœur des français.

Staif : Il y a pas mal de demandes en Amérique Latine, mais nous préférons d’abord nous focaliser sur la France et l’Europe avant de repartir loin.

- En quoi cette expérience mondiale a-t-elle influencé le groupe ?

Candice : Le résultat est 4 titres traduits en anglais car nous désirons exporter le disque à l’étranger, les voyages accomplis sur la tournée Tératologie nous ont poussé à faire cette concession mais honnêtement tu as toujours deux avis qui s’affrontent ceux des fans qui t’aiment comme tu es et celui des labels qui essaient de vendre leur produit donc ce n’est pas facile. Même nos fans étrangers ne souhaitent pas tous nous voir changer de langue donc le choix de faire des titres en anglais s’est fait en demi teinte. On a opté pour 4 titres pour la version étrangère en gardant le reste en français. Je ne pense pas que le français soit une barrière pour l’export mais autant essayer et se prouver qu’on peut le faire.

Staif : On s’est rendu compte que notre musique pouvait plaire au plus grand nombre, y compris à des personnes non francophones, çà nous a énormément motivé, on a ainsi tenté l’anglais sur certains titres pour élargir encore ce spectre; on a vraiment hâte de réitérer çà.

- Si vous deviez transmettre un message aux gens qui vous suivent et qui attendent III de pied ferme, quel serait-il ?

Candice : Patience des surprises vous attendent à la sortie =)

Staif : Nous sommes impatients de partager tout ces nouveaux titres avec vous, nous sommes actuellement en tournée, n’hésitez pas à venir nous rejoindre sur scène !

 

Propos recueillis par Nathan Le Solliec et Alex’ Nortier pour All The Rage TV

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