Interview : The Dukes

MT - 28/12/11 12:50

Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous présenter un peu le groupe et votre nouvel opus ?

Shanka : The Dukes est un projet né en 2010. Il regroupe Greg Jacks (drums), Gaspard Murphy (guitare/chœurs), Steven Galtera (basse/chœurs) et moi. C’est un projet dont le but est de composer des chansons pop avec un son et une attitude « raw power »! Ce premier album est un mix de tout ce qu’on aime, on retrouve nos influences rock, punk, post rock, blues… On l’a composé et enregistré sans aucune velléité de signature, je pense que cela s’entend! C’est l’enthousiasme autour de nous qui nous a poussés a le faire sortir…

Un mot sur l’artwork que je trouve, personnellement, magnifique ?
C’est l’œuvre de Laurent Seroussi. Il nous a fait l’honneur de réaliser notre pochette… Je le connais via No One car c’est lui qui fait les pochettes de ce groupe depuis le début.
Il a su synthétiser l’esprit des Dukes : a la fois avenant et menaçant! Pour la petite histoire, ce sont les deux filles de Laurent sur la cover, il a pris la photo pendant ses vacances l’été dernier.

Si vous deviez définir un cadre d’écoute idéal pour votre album Victory, quel serait t-il (Lieux, temps, saison etc…) ?
Je dirais que l’idéal serait de l’écouter au volant d’une Ford Mustang quelque part entre Albuquerque et Santa Fe… En même temps, on ressent à mon sens beaucoup le côté post-apocalyptique des prises que l’on a faites en hiver en Suède, donc je suppose que cet album passe bien si on l’écoute en vacances a Tchernobyl.

On a coutume de dire que les chansons les plus « surfaites » sont les plus entêtantes. Vous semblez être l’une des exceptions qui confirment la règle en montrant qu’il faut surtout posséder un savoir-faire pour rendre un morceau véritablement efficace…
Je te remercie de parler de cela. J’ai l’impression qu’en ce moment, beaucoup de gens méprisent la musique « accessible », préférant se retrancher dans sa petite niche en toisant les autres. Personnellement, je trouve que le vrai défi pour un artiste et d’arriver à raconter une histoire sans que son audience soit limitée à une poignée de connaisseurs, disons que la figure du griot a une portée particulière dans mon approche de la musique. Il faut un certain culot pour oser faire simple à notre époque. En effet lorsqu’on se débarasse de l’esbrouffe cela recentre le débat sur une question douloureuse mais essentielle : qu’est-ce-qu’on a à dire! Ma rencontre avec Elliott Murphy il y a des années n’y est pas étrangère. Au delà de tout cela, je trouve que la quête la plus excitante pour un compositeur reste le couple grille d’accord / gimmick vocal. Il reste encore des pépites à trouver, quoi qu’en disent les rabat-joie!

Victory se distingue par son obsession farouche du bruit et sa recherche constante de saturation, faut-il y déceler un parti pris vis-à-vis d’une certaine timidité, d’un certain polissage du rock aujourd’hui ou non ?
L’overdrive, c’est la vie! Je suis un passionné de guitare et la saturation est l’un de mes terrains de jeu préférés. Un de mes albums référence en termes de production reste L Ron de Barkmarket : savoir rendre le bruit et la fureur esthétique et poétique est un défi qui me parle…

 

Ce qui est frappant à l’écoute de votre disque, c’est cette permanente efficacité des refrains. On se surprend d’ailleurs à chanter chacun de vos morceaux dans la seconde qui suit l’écoute. The Dukes envisage t-il chacun de ses titres comme un potentiel single pendant la phase de composition ?
Je reviens à ce que je disais précédemment, le défi le plus difficile reste la recherche de l’efficacité. Quand on a une certaine aisance technique avec son instrument, c’est facile de noyer le poisson dans de la débauche de mesures composées, c’est plus difficile d’essayer de raconter une histoire et de l’incarner intensément. Ce qui n’empêche pas que faire des riffs tordus est super amusant! Mais on essaye de garder une ligne directrice forte histoire de ne pas trop s’égarer dans des délires hermétiques. Après tout, plus j’y pense, plus je trouve qu’une bonne chanson c’est vraiment plus difficile à faire que ce qu’on pourrait penser a priori… Pour répondre a ta question initiale, on ne pense pas « single », on pense « bonne chanson »!

Vous n’hésitez pas à nommer bon nombre de vos influences dans votre biographie. N’est-il pas dangereux d’afficher celles-ci trop ouvertement ? Ne craignez vous pas qu’elles obligent public et chroniqueurs à adopter un angle disons…très comparatif pendant l’écoute ?
Tout à fait, je ne le referai plus, c’était une erreur car les gens comparent directement ces références avec la musique des dukes alors que ce ne sont que des influences et des sources d’inspiration plus ou moins palpables… A l’avenir je me concentrerai plus sur la définition précise de notre style! Mais cela n’est jamais facile de décrire ce qu’on fait, surtout sur un premier album…

Le plaisir pris par le groupe pendant l’enregistrement est presque « palpable » à l’écoute. Mais rassurez-nous, The Dukes n’est pas juste un « coup comme ça » ? Qu’envisagez-vous pour le groupe en regardant l’horizon et que peux-ton vous souhaiter pour 2012 ?
On veut construire ce groupe sur plusieurs albums, c’est une hérésie de tout miser sur un « one shot ». Pour l’heure, on attend de voir comment est accueilli l’album afin de préparer la tournée du printemps 2012… Après la tournée commune avec The Subways, on a super envie de repartir a la conquête de l’Europe!

Avec le recul sur la sortie de votre disque, êtes vous satisfaits des retours, du public et des médias, jusqu’ici ? Si l’enregistrement était à refaire, referiez-vous exactement la même chose ?
Bien évidemment! Les regrets n’ont pas leur place dans un groupe de rock, il faut aller de l’avant en permanence… L’accueil est excellent globalement, surtout en Allemagne.

Si je devais résumer The Dukes en une phrase, pour un ami qui cherche à en savoir plus mais qui n’a que très peu de temps pour m’écouter par exemple… que me conseillerais-tu de lui dire ?
Si tu veux des chansons rock avec un son qui tabasse, va voir chez les Duchesses!

Je te laisse le mot de la fin !
Vous aimez ce qu’on fait? Allez acheter l’album physique. On n’a pas encore trouvé de meilleur moyen de soutenir un projet. Les sites de streaming (déesse spotify etc) enfilent ouvertement les artistes (avec un million d’écoutes tu peux t’acheter un bretzel), et il faut arrêter de dire que les disques sont chers, je trouve ça plus honteux une paire de Nike à 150€ faite par des Indiens sous-payés qu’un album à 12€ qui représente 2 ans de travail et 20000€ d’investissement personnel pour que l’album sonne comme il faut (eh oui, le bon son rock ça ne se fait pas dans sa chambre avec une soundblaster, il faut du bon matos et du savoir-faire, et ça a un prix, même d’ami!).
Bref, ok on a la foi, mais on n’y arrivera pas sans vous! Support your indie scene!!

 

Interview par Kévin Dufrenoy

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