INTERVIEW / Headcharger

MT - 08/02/12 00:45

C’est à l’occasion da la sortie de leur nouvel opus Slow Motion Disease (XIII BIS Records)  que Seb et Antony d’Headcharger ont répondu à nos questions afin d’en savoir un peu plus sur les origines de cet album ainsi que les nouveaux objectifs du groupe.

 

Votre nouvel album, Slow Motion Disease, est sorti le 30 Janvier. Avez-vous eu l’occasion de jouer certains titres de cet album en live ? Comment a réagi le public ?

Seb : Oui quelques uns. C’est intéressant de voir les réactions spontanées du public. Pour le moment ça semble plutôt bien marcher. Après, c’est notre 4ème album, nous n’allons pas uniquement jouer les titres de Slow Motion Disease sur cette tournée. Nous allons essayer d’équilibrer au maximum la setlist en piochant dans chacun d’entre eux. Nous voulons varier les ambiances et créer un show assez vivant.  Rien n’est figé, tout cela évoluera forcément au fur et à mesure des dates.

Antony : On a fait que quelques dates de décrassage après le studio, on en a profité pour essayer quelques titres, comme «Should Be Running» ou «Using People As One Of The Fine Arts». À l’heure où je te parle on est en train de préparer la nouvelle tournée, et c’est vraiment à ce moment là qu’on va intégrer les nouveaux titres.

Dans le titre de l’album il y a le terme « Slow Motion », qui est issu du vocabulaire cinématographique. À quel point le cinéma vous a influencé pour ce nouvel opus ?

Seb : Beaucoup, comme d’habitude. Après comme pour la zik, ce sont des univers divers et variés.

On se sert souvent du cinéma non seulement dans l’écriture des textes mais aussi dans la manière de construire nos tracklists un peu comme des séquences qui posent des univers. C’est aussi pour ça que les visuels sont importants pour nous.

Antony : Les influences cinématographiques sont beaucoup moins présentes que sur The End Starts Here. On a cassé la « tradition » qu’on avait jusqu’ici de faire des titres avec des noms d’acteurs, comme Harvey Keitel sur The End Starts Here ou Bill Murray sur Watch The Sun. En ce qui me concerne, à titre personnel, le cinéma m’influence surtout sur l’écriture des textes. La majorité des textes que j’écris, à l’inverse de ceux de Seb par exemple, sont très imagés, voire abstraits. En fait j’ai souvent des images en tête qui pourrait être tirées d’un film, comme pour «Spain Summer Sun» ou des séquences complètes d’un potentiel film, comme le morceau titre «Slow Motion Disease»… En fait, disons que les textes pourraient être une sorte de voix off de bande annonce !

Pour quel genre de film rêveriez-vous d’écrire la musique ?

Seb : Je pense que ça dépend vraiment de la manière dont seraient traités les sujets. Pour ma part, !a serait un bon vieux « road trip » style The Straight Story de Lynch.

Antony : Dans la vie de tous les jours, en plus de mon travail de musicien, je suis ingénieur du son, et pour moi la meilleure manière d’exploiter ces deux facettes serait de faire de la musique de film. J’ai déjà participé à plusieurs petits courts métrages, avec des musiques un peu à la Sergio Leone, ou sinon des trucs plus « ambiants ». Sinon là j’attaque ma première vraie expérience sérieuse dans le domaine, sur un film, un truc un peu sombre et désabusé. Je me sens très à l’aise dans ce genre de musique, ça fait partie intégrante de la musique que j’écoute au jour le jour.

Donc pour répondre à ta question, je me verrais plutôt écrire de la musique à contre-pied de ce que je fais dans Headcharger.  Par exemple pour Darren Aronofsky ou un des films sombres de Takeshi  Kitano, plutôt qu’un film d’action où on pourrait faire du bon vieux big rock à l’ancienne.

Votre dernier clip en date, pour « Intoxicated », présentait les fameux Jay & Silent Bob, issus du « Askewniverse » de Kevin Smith. Pourrons-nous retrouver d’autres références cinémas dans votre prochain clip pour « All Night Long » ?

Antony : Les réalisateurs du clip sont plutôt taquins ! Disons que notre participation au clip s’est limité à venir jouer notre morceau mille fois sur toute une journée, filmés de tous les cotés par plein de caméras, mais on a eu beau les supplier pour voir des rush de la partie fiction, ils n’ont rien voulu nous montrer !  Déjà pour «Intoxicated», ils nous ont fait le coup. Quand j’ai reçu par mail le premier montage, j’ai failli me pisser dessus de rire, tellement je m’attendais pas à ça ! Surtout je ne m’attendais pas à voir Jay & Silent bob !

Racontez-nous le processus d’écriture de Slow Motion Disease ? A-t-il été lent comme pourrait l’indiquait le titre ?

Seb : « Lent », non, pas vraiment. Nous avons privilégié le côté instinctif. On voulait un album plus direct. Les contraintes de temps qui nous étaient imposées nous ont conforté dans ce processus. C’était très important d’aller à l’essentiel et il semble que cela nous ait pas trop mal réussi. En gros nous avons écrit les titres pendant la tournée de The End Starts Here et nous nous sommes lancés en studio. Le revers de la médaille a été de passer plus de temps sur les prises et cet album fût pour moi le plus compliqué à mettre en boîte.

Antony : On a fait pas mal de dates sur la tournée The End Starts Here, du coup on a eu beaucoup moins le temps que sur les albums précédents de composer plein de chansons, plein de riffs, et de faire le tri après, ou de revenir 10 fois en arrière sur les morceaux. Le mot d’ordre un peu « imposé » pour cet album c’était plutôt rapidité ,efficacité, simplicité, spontanéité !

Une fois de plus, c’est Antony qui a enregistré les prises, à l’enregistrement, et Alan Douches a travaillé sur le mastering. Ces deux noms sont-ils la « dream team » des albums de Headcharger ?

Antony : Non, je me permettrais pas de me lancer des fleurs en disant que je fais partie d’une Dream Team ! Le fait que j’enregistre les disques de Headcharger est avant tout une question pratique. Ce serait con d’aller enregistrer à 1.000 bornes de chez nous dans un studio où on n’aura pas le temps qu’on veut, alors que dans mon studio, on est pas loin de chez nous, et évidemment on dispose (presque) d’un temps infini !

Seb : N’oublions pas Guillaume DOUSSAUD au mix’. Ce sont donc en effet exactement les mêmes personnes que pour The End …. Nous avions besoin de garder quelques repères dans cet état d’urgence. Je pense vraiment que pour cet album c’était nécessaire. Nous sommes attachés au son à la source et je pense sans trop me tromper que les prises sons avaient déjà une direction bien tracée. Il semble que nos choix de prod’ aient été les bons pour ce « Slow Motion Disease » mais il n’en sera peut être pas de même pour un autre. Je n’en sais rien, c’est encore trop tôt pour le dire.

Comptez-vous travailler également avec eux sur un prochain disque ?

Antony : On y réfléchit pas encore vraiment, parce qu’on en est pas là, mais c’est vrai que la question a déjà été un peu abordé pour celui-ci. Je ne remets pas en cause mes capacités à faire ce boulot, mais j’aimerais bien un jour passer le relais à quelqu’un pour voir ce que, en bossant à deux par exemple, on peut améliorer dans la manière de produire notre musique. Le problème c’est de trouver le mec avec qui tu es sûr d’être sur la même longueur d’onde, que tu vas vers le même horizon.

Selon-vous, quel titre de l’album représente le mieux Headcharger dans son état d’esprit actuel ?

Seb : Pour le matin « Spain Summer Sun », le midi « Dusty Dream », la soirée « All Night Long » et juste avant de se coucher « Slow Motion Disease »

Antony : Pour moi ce serait «Don’t Need You». C’est un morceau typique Headcharger, un groove shuffle très rock avec un bon gros riff métal. Ce qui en fait un morceau à part, c’est que, pour moi, j’y sens une saveur particulière parce qu’il a une mélodie très majeure, très rock à l’ancienne. En plus, on a rajouté des petites guitares d’arrangements qui lorgne vers Keith Richards, même si c’est assez discret. Disons que ça représente Headcharger parce que c’est vers là que le groupe se dirige je crois.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la pochette de l’album ? Si le mont représenté est bien Golgotha, ne manquerait-il pas une croix ?

Seb : Ce sont de nouveaux les frangins Pequ’ (Elvis dead) qui nous ont proposé leur travail. Je trouve pour ma part que c’est notre pochette la plus aboutie. En ce qui concerne les croix, il faudrait leur demander directement. On leur envoi du son de nos pré maquettes et ils arrivent toujours à nous proposer un visuel qui tue. Des fois c’est même une source d’inspiration pour nous.

Antony : En tout cas, dans le choix du titre et le choix de la pochette, il ne faut forcément y voir une connotation religieuse… C’est un sujet qu’on aborde dans quelques textes de cet album, mais pas de manière directe et évidente. C’est pas un truc qu’on met en avant, parce qu’on est pas un groupe contestataire, on n’est pas du genre à scander des slogans dans nos textes, genre « Croire en dieu c’est de la merde ! », on préfère dire les choses de manière plus «subtile ».

Revenons sur un évènement marquant pour Headcharger l’année dernière, le Hellfest. Quel souvenir en gardez-vous ?

Antony : Ce qui est marrant c’est de voir l’impact que ce festival a sur les gens en France. Par exemple en ce moment on nous en parle dans chaque interview, alors qu’on a fait des trucs plus gros avant. Ce que je veux dire par là, c’est que le coté vraiment cool du Hellfest c’est que c’est un peu « sainte marie de la mer pour les gitans » aurait dit Poelvoorde ! Une sorte de grosse communion de tous les fans de rock français, dans la bonne humeur, avec de la bonne musique, et vraiment avec un esprit de « confrérie » très marrant à voir ! Je dis souvent la même chose, mais quand on voit comment tout le monde est à la cool là-bas, comment les gens sont relax, détendus, on peut encore qu’être plus abasourdis par les conneries que les détracteurs du festival peuvent inventer…

Quels sont vos plus étranges souvenirs de 2011, les plus marquants, les plus joyeux, les plus arrosés, les plus improbables ? À moins qu’il y ait une journée où il vous soit arrivé toutes ces choses à la fois ?

Antony : Dans une tournée t’as un peu tout à la fois…plus marquants, je te dirais le premier Sonisphere (en Espagne) qui était vraiment un grand moment pour nous. Plus joyeux, la tournée en Angleterre, parce qu’on en a profité à fond, et on s’est marré 24/24 ! Les plus arrosés, je peux pas te dire, en général, les soirées où on abuse, on ne s’en rappelle plus! Le plus improbable, j’hésite entre Rodolphe (notre ingé son) qui grille la place au chanteur de Prodigy dans une station service ou notre rencontre avec le fils de Daniel Balavoine !

Côté tournée, plus d’une dizaine de date sont annoncées dont 5 avec Nashville Pussy ! Comment-vous préparez-vous pour jouer aux côtés ces «monster trucks» du rock ?

Seb : Nous nous préparons du mieux que nous pouvons. Nous n’y allons pas pour faire de la figuration. Ca va être super intéressant de nous frotter à ce type de groupe. Dans les tournées d’Headcharger nous jouons autant avec des groupes de metal que des groupes de rock n’ roll. Il y a un peu de nous dans tout ça.

Antony : On se prépare comme pour n’importe quelle tournée. On répète les nouveaux morceaux à fond dans notre local, et là on s’apprête à s’enfermer 3 jours dans le Big Band Café, une des salles Rock de l’agglomération caennaise, pour vraiment peaufiner les arrangements, et la globalité du set. Jouer avec les Nashville c’est vraiment une super opportunité mais on va pas se mettre la pression, on sait qu’on va jouer devant leurs fans à eux, on a tout à prouver !

La seconde partie de l’année sera-t-elle aussi chargée en concerts ?

Antony : Il y en aura espérons même plus ! La tournée The End Starts Here avait commencé tranquillement, mais une fois l’album sorti, les choses se sont accélérées. On a déjà de belles opportunités qui se profilent.

Seb : Nous allons vite arriver à la saison des festivals après cette première vague de tournée. Je peux déjà te dire que certaines dates sont confirmées en France comme à l’étranger mais nous ne pouvons pas en parler pour l’instant par respect pour les organisateurs.

En vous remerciant d’avoir répondu à nos questions, avez-vous un message quelconque (n’importe lequel, lâchez-vous !) à passer à vos fans ainsi qu’à ceux qui pourront vous découvrir à travers ces mots ?

Seb : Merci à tous et à toutes et on se dit à bientôt sur la route. Le rock se vit sur scène ne l’oubliez jamais…

 

Propos recueillis par Enarox pour ATR.

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