Report: OTB Fest: Celeste + General Lee + LE DEAD PROJET + MNMNTS + Anteater @La Flèche D’or (06.07.13)
-10/07/13 20:30
Première date de l’asso Old Town Bicyclette (OTB) à laquelle j’assiste et elle se présente sous la forme d’un petit festival de cinq groupes de qualité, pour une soirée qui s’annonce chargée et longue puisque quatre des cinq attractions jouent pendant environ une heure. L’affiche qui a évolué à plusieurs reprises (la première date annonçait Jungbluth et Comity) nous offre deux groupes de nos voisins allemands : MNMNTS et Anteater ; puis trois groupes locaux mais pas des moindres : Le DEAD PROJET, General Lee et enfin les inénarrables Celeste. Retour sur cette journée en tout point superbe, en ce qu’elle rassemble un road trip, du soleil, de bonnes bières et enfin ce qui nous intéresse : un bon concert.
C’est dans une flèche d’or plutôt vide que le set d’Anteater commence. Je les ai tout d’abord pris pour MNMNTS, mais en même temps c’est ce qui était tagué sur un des amplis donc qui êtes vous pour me juger ? Leur petite particularité c’est qu’ils ont une fille au chant (et quelle fille btw !) ce qui force à faire le rapprochement/la comparaison avec d’autres groupes de hardcore où la gueulante est poussée par une femme (Code Orange Kids, Circle Takes the Square, Vales etc..). En tout cas je me suis pris une sacré claque dans la tronche, car même si le son était un peu brouillon on ressentait plutôt bien la puissance du combo. Ce qui est intéressant avec les frontgirls de hxc, c’est qu’elles peuvent apporter la douceur, le côté atmosphérique et flottant inhérent aux voix fluettes, puis basculer dans un grain acide la seconde d’après (quelques pistes de Oxygen utilisent ce procédé, ce qui est plutôt cool). Ça crie bien, ça bouge bien, il y a à la rigueur un léger manque de vivacité scénique mais pour la globalité du show il n’y a rien à redire. De plus leurs deux albums sont dorénavant disponibles gratuitement sur bandcamp donc pourquoi se priver ?
Deuxième round, les « vrais » MNMNTS succèdent à leurs compatriotes. Quelques mots en français incompréhensibles pour se présenter, puis ils lancent une introduction crescendo entièrement instrumentale avant d’envoyer véritablement la sauce. Leur hardcore bien pêchu leur permet de bouger frénétiquement sur scène sans avoir l’air totalement ridicule, et à vrai dire la petite foule amassée devant la scène semble réceptive et commence à faire de même (à plusieurs reprises il nous alpaguera pour que l’on se rapproche). J’ai préféré Anteater mais il faut avouer que leur son paraît plus travaillé et leur jeu de scène est infiniment meilleur. Un peu long sur la fin, les a capella du chanteur (qui me rappelleront les concerts de Touché Amoré) et son crowd surfing micro en mains aideront à faire passer les dernières minutes. Il nous prouvera même via des remerciements chaleureux et respectables pour l’asso et les groupes, qu’il manie la langue de Molière avec une certaine aisance. Dorénavant, place aux français.
Le premier groupe à passer n’est pas des moindres, et c’est un groupe qui fera majoritairement des déçus ce soir. Surtout pas pour leur prestation scénique non, c’était vraiment très bon, mais parce qu’entre ceux qui savaient qu’il s’agissait de l’avant-dernier concert du groupe et qui n’ont pu s’empêcher de les savourer avec un goût amer, et ceux qui découvraient un groupe génial avant quelques secondes plus tard d’apprendre qu’ils splittaient dans les semaines à venir ; et bien il y avait dans l’air ce je ne sais quoi de tristesse. Pour ma part je connaissais déjà le groupe mais je ne les avais jamais vu sur une scène, et je dois avouer qu’il me tardait de cocher cette case sur ma to do list. Le set du DEAD PROJET fut long et intense, histoire de faire le tour de Keep on Living ainsi que de certains morceaux qui seront probablement publiés par le groupe avant l’officialisation du split. Ce qui m’a le plus impressionné ce ne sont pas les compos en elles-mêmes car je les connaissais déjà, mais la puissance vocale de Ben, c’était scotchant et réellement ahurissant. C’est surement le groupe qui fera le plus bouger les gens et qui communiquera le plus avec le public durant la soirée, car avec l’énergie qu’ils ont déployé il y avait de quoi faire trembler les murs. Grosse satisfaction pour moi, tout en espérant que les quatre membres se reconvertiront dans des side projects qu’il me tardera de découvrir.
Eux ils commencent à pas mal tourner, et leur dernier album commence aussi à calmer un peu tout le monde, c’était ce soir l’occasion de voir ce que vaut General Lee sur scène. Ils étaient un peu à part du reste de la soirée, en tout cas par rapport aux trois premiers groupes puisqu’ils jouent un hardcore plus mélodique (mais pas trop) et moins brusque. Ce qui ne fait pas d’eux des modèles de douceur non plus, comme en ont témoigné les deux premiers morceaux joués coup sur coup, dont mon petit coup de cœur « Medusa Howls With Wolves ». Ils ont une bonne patate et même si l’énergie du public s’est un peu estompée sur la fin ils ont réussi à garder une certaine cohérence et une continuité qui a permis de tenir une bonne partie de l’assemblée captivée. J’en place une spécialement pour « LVCRFT » que j’avais hâte de voir en live et qui m’a bien plu (à moins qu’ils aient une autre piste ambiante comme celle-ci, puisque je ne connais d’eux que leur dernier bébé Raiders of the Evil Eye). J’ai été convaincu par ce groupe sur scène comme sur cd, et je les suivrais d’encore plus prêt dorénavant. Je suis d’ailleurs sûr qu’ils sont repartis de la soirée avec quelques fans en plus.
Nous voilà face au gros morceau de la soirée, l’un des meilleurs groupes français et probablement l’un des plus intriguant également : Celeste. Je ne vais pas la jouer gros suspense, je pense clairement que sur le long terme ce concert va changer ma vision de la vie. Ce n’est pas le meilleur que j’ai vu cette année (il y en eût tellement de magiques : Periphery, Birds In Row, Amenra, A Lot Like Birds, Cult of Luna, Our Ceasing Voice, Deftones….) mais c’est certainement le plus troublant, le plus intense, et le plus fascinant jusqu’alors.
La nuit est enfin tombée sur la capitale, les vitres de la Flèche d’Or ne laissent donc plus passer les rayons du soleil car ils ont fui. Les lumières des spots aussi se sont tues. Une épaisse fumée envahit le local avec une vitesse presque dérangeante tant l’aura dégagée ne nous donne pas le temps de s’adapter à cette nouvelle atmosphère. Trois boules rouges s’illuminent alors, c’est l’univers scénique du groupe qui s’installe et c’est à la fois flippant et transcendant. Leur musique, je l’adore, je la vénère et je la ressens dans chacune de mes particules, et pourtant je ne pourrais pas vous citer avec certitude un seul des morceaux qu’ils ont joué ce soir. À partir d’un certain temps, tu oublies qu’il y a une lampe frontale derrière ces points rouges, tu oublies qu’il y a un homme derrière cette lampe frontale, et tu oublies que tu es à un concert. À un moment tu es tellement captivé par ces yeux rouges qui bougent frénétiquement mais en rythme que tu as le sentiment malsain d’être en Enfer, face à Minos, Rhadamanthe et Éaque, ses trois juges. Seulement derrière eux ce ne sont pas les Champs Élysées non, mais bel et bien cet endroit sec, aride, vidé de tout espoir qui t’y attends.
Je ne me suis toujours pas remis du premier morceau que le groupe en est à 45 minutes de jeu. Merde déjà ! Honnêtement je ne sais pas ce qui était le plus terrifiant, les passages neutres à voir des lumières rouges bouger de haut en bas dans l’épaisse fumée blanche, ou les passages de blasts au stroboscope. Pour ce qui est des membres du groupes, je ne peux que m’allonger face au batteur, et laisser ma langue pendante face à Johan au chant (qui est passé à la basse). Sa voix vraiment unique, est tellement viscérale que chacun de ses cris reste en vous pendant plusieurs secondes pour finalement vous laisser en état de choc. Il devrait y avoir des thérapies de groupes après les concerts de Celeste. Le fait de ne pas avoir vu leur visage a pu en déranger quelques uns mais ce ne fut pas mon cas, pareil pour le surplus de fumée qui a même dégueulé sur le trottoir. Rien, non rien n’a gâché cette journée, tout était classe, tout était énorme.
C’était grandiose, merci messieurs, merci OTB.
Tracklist:
01. nouveau titre
02. nouveau titre
03. nouveau titre
04. nouveau titre
05. nouveau titre
06. nouveau titre
07. Ces belles de rêve aux verres embués
08. Toucher ce vide béant attise ma fascination