Interview The Rodeo Idiot Engine

- 03/01/14 11:39

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En association avec le TCPC et à l’occasion de leur passage à Troyes pour le Consequences Tour, nous sommes allés à la rencontre des basques de The Rodeo Idiot Engine afin de leur poser quelques questions sur la tournée ainsi que sur leur très acclamé nouvel opus.

 

Tout d’abord qu’avez-vous pensé du concert d’hier soir et des groupes qui ont joué avec vous ?

On a tous passé une très très bonne soirée autant au niveau des conditions, du public ou du show en lui même. Ca nous a fait très plaisir de rejouer avec Nesseria et surtout de les voir avec ce nouveau line-up. Bref, on est reparti très contents de notre première à Troyes.

 

Sur toute votre tournée vous êtes accompagnés par pas mal de groupes différents, que pensez-vous de cette scène française émergente dans laquelle vous évoluez ?

Avant de parler de scène pour nous c’est surtout un tas de copains. On est hyper contents de jouer chaque soir avec des potes qui en plus comptent parmi les meilleurs groupes français. Cela peut paraitre fou mais je pense que dans mes 20 groupes préférés la moitié sont des potes. Les mêmes noms reviennent souvent mais ce n’est pas pour rien. Je pense notamment à toute la scène toulousaine (Selenites, I Pilot Daemon, Plebeian Grandstand) ou encore Lavalloise (As We Draw, Birds In Row, Brutal Deceiver) qui comptent beaucoup de groupes talentueux.

 

Est-ce que ce n’est pas un peu difficile pour une tournée d’une quinzaine de dates de changer de premières parties pratiquement tous les jours et de ne pas avoir le temps de créer des liens avec tout le monde ?

Franchement pour avoir fait des tournées entières avec le même groupe ou d’autres par nous même, il y a des aspects cools dans chacune des deux options. C’est sûr que tu tisses des liens hyper forts quand tu vis 24/24 avec les mêmes personnes surtout que tu partages souvent des moments forts (bons ou difficiles) du coup ça rapproche c’est évident, mais c’est aussi très cool de voir des nouvelles têtes chaque soir et de se prendre des claques imprévues par un groupe dont tu n’as jamais entendu parler.

 

Comment ressentez-vous l’accueil que le public fait à votre dernier opus sur scène ?

Par rapport à l’ancien, la chose la plus évidente maintenant c’est que plus de personnes connaissent les titres. Ce qui veut dire qu’ils ont écouté le disque et qu’ils viennent car ils kiffent notre album. Notre première date après la sortie de l’album, à Paris, nous a vraiment surpris sur ce point. Voir des gens reconnaitre tes morceaux aux premières notes ça fait bizarre.

 

Il me semble que vous ne jouez qu’une seule piste de votre précédent album, vous le reniez en bloc ou c’est juste que vous voulez tout donner pour Consequences ?

Tout simplement car on trouve le nouvel album milles fois meilleur que le précédent et que mis à part « Past Acts » les autres titres ne collent plus trop à l’ambiance qu’on veut exprimer maintenant.

 

Vous avez enregistré Consequences avec Amaury Sauvé. Avec le temps qu’avez vous pensé de votre collaboration?

On est hyper contents de ce choix, Amo est l’une des personnes les plus douées que j’ai eu la chance de côtoyer dans ce domaine et qui plus est, un musicien hors pair. C’est juste un plaisir d’échanger avec lui sur tes envies ou tes craintes. Il comprend très vite et nous a beaucoup apporté sur tous les plans. Son seul souci c’est qu’il parle trop !! <3

 

Vous avez enregistré les pistes en live, parlez nous de ce choix

On y avait déjà pensé par le passé mais on avait un peu peur de ne pas être à la hauteur car tu as moins le droit à l’erreur et qu’il faut arriver ultra prêts en studio. Du coup il n’a pas fallu longtemps à Amo pour nous convaincre de faire le pas.

Dans ce genre de musiques le résultat obtenu en live est à mon gout meilleur, plus sincère, plus vivant et puis surtout quand tu joues du hardcore c’est que pour toi l’énergie prime avant tout. Certes c’est moins précis mais bon on s’en fout un peu je pense.

 

Quelles ont été les retombées médiatiques de votre nouvel album? Quelles sont les critiques (positives et négatives) qui vous ont particulièrement marqué? 

Je ne sais pas trop, écoutes. Je pourrais pas te dire actuellement s’il y a plus ou moins de « buzz » que sur le précédent, peut être aussi parce qu’au fur et à mesure des années je fais de moins en moins attention à tout ça. Je suis moins les zines, la presse etc… On n’a pas eut trop de mauvaises critiques mais pour le coup ça m’a presque manqué de pas lire des belles pages de haine gratuite.

 

Sur Consequences, on trouve des morceaux courts qui dépassent à peine une minute et d’autres plus expérimentaux qui franchissent les cinq minutes. Quel format vous convient le plus? Et qu’auriez-vous envie d’expérimenter dans le futur ?

Je pense aucun et les deux à la fois. On est du genre à vite s’ennuyer et détester utiliser les mêmes formules plusieurs fois, du coup on ne sait pas trop vers quoi on ira dans le futur. Je ne pense pas qu’on se limitera à un format plus qu’à un autre, ça dépendra surtout de nos envies du moment.

 

Un clip magnifique au concept visuel assez fou est récemment sorti pour le morceau éponyme, dites nous tout sur cette vidéo ?

C’est un peu un aboutissement en soi ce clip. C’est un truc qui nous tenait à coeur et pour lequel on a fourni beaucoup d’efforts.

J’ai rencontré Greg Orio (As Human Pattern), le réalisateur, sur Toulouse il y a plus d’un an lors du concert de reformation de Daïtro au travers de potes en commun (toute la bande I Pilot Daemon, Selenites…). Je ne connaissais pas du tout son travail à l’époque, j’ai découvert tout ça par la suite et j’ai de suite accroché à son univers. C’est exactement ce qu’on cherchait avec Rodeo.

On ne voulait absolument pas tomber dans les caricatures ou clichés sinon c’était hors de question de faire un clip. On voulait du flou, du mystique, du fou, et après une première discussion avec Greg, on est de suite tombés d’accord. Ca nous a pris plus de 6 mois afin d’organiser ça, lui étant basé à Paris et nous au Pays Basque c’était déjà pas facile, en plus il a fallu s’occuper de la logistique, trouver un bateau, une figurante, un parking inondable… et tout ça gratuitement car autant te dire qu’on pouvait pas se permettre de louer quoi que ce soit. On a fait marcher les connaissances ! Le tournage s’est déroulé sur 3 jours au mois de Juillet dernier. Un jour de repérage, un pour les prises en mer et sous l’eau et un dernier pour les plans du groupe. C’était intense et il a fallu jongler avec pas mal d’impératifs mais c’était juste génial. Une belle expérience qui a permis en plus à notre skeud de se diffuser plus largement.

 

Considérez-vous le morceau « Masks » comme une interlude ou comme un morceau à part entière ? Ce genre de pistes qui permettent de respirer un peu dans un album aussi énergique sont elles pour vous une nécessité en live ?

C’était à la base une outro d’une autre track de l’album mais il s’est révélé au cours de l’enregistrement comme un morceau à part entière, on l’a donc séparé de ce dernier. On n’avait jamais eut ce genre d’ambiance et encore moins en live où on a toujours joué à 2000km/h sans se soucier de faire respirer les gens. On a donc tenté le coup et cela a plutôt bien marché.

Un peu de nuance c’est pas mal de temps en temps.

 

Le morceau « Behind The Scars » fait vraiment office de dénouement de l’album, est ce pour vous un moyen de clore un chapitre?

Pour pouvoir répondre à ça encore faudrait-il que je sache à quoi ressemble le prochain. On vient tout juste de commencer à écrire de nouveaux titres mais on n’a pas encore les idées assez claires pour savoir si ça sera dans la continuité de Consequences ou si on empruntera de nouvelles voies.

Pour le moment je dirais que je vois plus « Behind The Scars » comme un entracte.

 

Quel morceau de Consequences avez-vous pour l’instant préféré jouer en live ?

C’est dur de répondre pour tout le monde et surtout je pense que ce n’est pas figé comme sensation. Perso je change d’avis assez souvent, selon mon humeur ou selon le déroulement de la soirée.

 

Entre les albums de The Phantom Carriage, Cowards, Death Engine, Eibon, et ceux à venir de Death Mercedes ou encore Calvaiire, il y a de quoi faire quelques bonnes grosses tournées rien qu’avec le roster de throatruiner, c’est quelque chose qui vous ferait envie de tourner avec tous ces groupes ?

Pour avoir déjà joué avec certains d’entre eux, je dirais oui car ce sont tous de très bons groupes et pour certains de bons potes du coup quoi de mieux que d’avoir tous les soirs droit à de bons concerts et de bonnes rigolades entre copains.

 

Quel est pour vous le meilleur album de 2013 ?

J’écoute vraiment de tout du coup faut pas s’étonner si dans mes tops 2013 je cite du Oathbreaker, Deafheaven, du Jon Hopkins, du The National ou Sigur Ros. A ces derniers je rajouterais surement Jungbluth, The Wooden Wolf, Darkside, Mount Kimbie, Russian Circles ou encore Disclosure qui ont tous tourné à fond sur ma platine.

 

Que pensez-vous de la place relativement nouvelle du support cd/vinyle comme un véritable objet de collection et par extension du téléchargement et de la dématérialisation de la musique ?

Je suis très content que le vinyle en tant que support physique d’écoute et/ou de collection fasse son grand retour. C’est un bel objet mais c’est surtout un rituel. Mettre un vinyle sur sa platine c’est pas qu’écouter de la musique, on la consomme différemment, plus attentivement je trouve. Après je te cache pas que j’écoute beaucoup plus de musique sur mon ordi/iphone car c’est beaucoup plus pratique surtout qu’on a toujours tout à portée de main grâce à des trucs comme Spotify. Après faut arrêter de dire que ça dessert les artistes par contre, ok on touche pas du pognon sur toutes les écoutes mais la portée que cela nous permet d’avoir n’a pas de prix.

Dans le futur on stockera surement de moins en moins de musique dématérialisée, le risque c’est donc d’accentuer encore plus ce coté « kleenex ». On écoute beaucoup plus qu’avant, trop peut être mais on retient moins. C’est un problème qui ne regarde pas que la musique, cette tendance au trop d’informations. Ça oblige les groupes à trouver milles moyens de sortir du lot et ce n’est pas toujours au service de la musique en elle même.

 

Et enfin, si vous n’aviez qu’un seul conseil « de vie » à donner à quelqu’un, lequel ce serait ?

Surtout n’écoute jamais ce que les groupes racontent.

 

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