Adept : Death Dealers

- 26/03/11 14:59

Un deuxième album, c’est toujours un défi de taille pour un groupe, surtout lorsqu’il n’est pas passé par la très répandue étape EP et autres demo, n’étant alors connu (et jugé) que par son seul et unique bébé. Pour leur premier opus, Another Year Of Disaster, sorti en 2009, les suédois d’Adept nous avaient livré une ribambelle de très bons morceaux dans un style post-hardcore assez traditionnel, mais dont on pouvait retenir certains ingrédients qui leur étaient déjà caractéristiques – les chœurs très présents ou le mélange voix mélodique/screams aigus. Un très bon début, donc. Reste à voir si leur nouvel album, Death Dealers, est à la hauteur de leur réputation naissante.

Le premier morceau (« First Round, First Minute ») porte bien son nom et nous annonce d’emblée la couleur de ce qui suivra : le nouvel Adept sera plus brutal, plus percutant. En effet, si ce n’est pas un tournant majeur (comment parler de tournant après un seul album, de toute façon ?), il semblerait en tout cas que le groupe ait quitté son « gentil » son post-hardcore pour un metalcore plus agressif, sur lequel les passages mélodiques de Robert Ljung (chanteur) se feront donc beaucoup plus rares. Les screams eux-mêmes sont beaucoup plus graves (on passe de Denis Lee d’Alesana à Cory Brandan Putman de Norma Jean, pour prendre un exemple grossier) – chacun ses goûts, dira-t-on sur ce point.

Les parties mélodiques chantées ne disparaissent pas totalement pour autant, elles font de brèves apparitions sur certains titres, donnant un petit twist à un refrain ou un bridge par-ci par là ; on pense par exemple à « No Guts, No Glory  ou « If I’m A Failure, You’re A Tragedy », ou encore « Hope », sur lesquels la voix mélodiques se marie avec une bonne partie mélodique à la guitare aussi, souvent sur les refrains, en opposition aux couplets, plus violents.

Mais justement, si la formule équilibrée mélodique/agressif sur refrain/couplet marche bien sur une, deux, voire trois chansons, elle devient quelque peu lassante lorsqu’elle est répétée sur quasiment les trois quart de l’album. Et puis… il faut bien avouer que ce genre de son et de composition a été entendu, entendu et ré-entendu des centaines de milliers de fois, et qu’il faut un énorme potentiel créatif pour s’en démarquer. Adept n’en est qu’un parmi une longue liste, et cela peut paraître relever d’une attitude blasée, mais pourquoi écouter ces jeunes suédois qui sont, c’est vrai, bons, quand d’autres font la même chose, voire la même chose en mieux ? The Devil Wears Prada, Architects, Hopes Die Last par exemple. Bien sûr il est facile de sortir des grands noms, et de comparer. Mais le fait est qu’avec Death Dealers, à trop tendre vers cette catégorie de groupe, Adept a perdu une partie de ce qui faisait son charme en 2009.

Arrivé à la courte « By The Wrath Of Akakabuto » qui fait office d’interlude à mi-chemin de notre écoute, on pourrait presque se demander s’il est bien utile de poursuivre la découverte de l’album, tant les chansons se ressemblent toutes. Certes, la présence de chœurs fait toujours plaisir à entendre, notamment sur « Lost Boys » l’une des chansons les plus accrocheuses du cd, comme un hymne, un slogan, que l’on imagine déjà très bien repris par une salle de concert pleine de kids (« We are the misfits of the world ! »)… mais on en veut plus. Il manque quelque chose.

Mais les gars d’Adept sont malins. Ils nous gardent le meilleur pour la fin. Si la majorité des chansons sentent le réchauffé, « The Ivory Tower » en revanche vaut son pesant d’or. On y trouve des élans épiques, un air de révolution presque, en partie dû aux chœurs du refrains (« We are the children who still can believe, e have faith, we have hope, we have answers ») mêlée à une partie vocale portée à sa meilleure performance. Les guitares, bien que basiques, n’en sont pas moins efficaces, et soutiennent magnifiquement les screams, nous tirant vers des sommets, à l’image des paroles (« these anchors won’t pull us down…»). Bref, cette chanson est un vrai bijou.

Un peu plus loin, « This Ends Tonight » clôture l’album dans un mix réussi de cris, de chants, de chœurs, de guitares et percu rapides, de distorsions, de… piano ? Le bridge est très accrocheur, croissant en beauté, et nous mène doucement vers la fin du morceau (et donc de l’album) qu’achèvent quelques secondes de clavier, avec un doux violon en fond. Secondes qui semblent être une évidence, comme si ces quelques notes tombaient exactement là où elles devaient être. Le calme après la tempête. C’est si beau et si court qu’on en demande encore. Frustration.

En résumé, les Adept nous livrent pour la deuxième fois un album plutôt réussi. Manquant de variété, voire même d’originalité parfois, c’est certain ; mais Death Dealers reste un bon album à écouter pour se faire plaisir dans nos petites faims de metalcore. Pas transcendant. Mais très chouette. Et si l’on pouvait leur donner un conseil pour l’avenir : qu’ils engagent un pianiste à plein temps !

Charlene Vinh

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