Blessed By A Broken Heart – « Feel The Power »

Blessed By A Broken Heart et moi, ça n’a jamais été une histoire d’amour… ni d’animosité d’ailleurs. Mes contacts avec la formation originaire de Montréal ont été rares, pour ne pas dire inexistants, réduits, par la force des choses, et l’abondance de formations du même genre, à de simples « coups d’oreilles » fugaces et égarés. Il me fallait donc prendre le train en marche pour chroniquer ce nouvel opus intitulé Feel the power et me découvrir des talents de casse-cou.

Rancardé sur les influences et les effluves métalcore du combo à sa souche, le premier constat qui s’est imposé à mes oreilles est le suivant : Blessed By A Broken Heart ne s’étend plus sur le sujet, convertissant et synthétisant ses premiers amours à quelques breakdowns maladroits saupoudrés de quelques screams tout aussi gauches. Grand bien leur fasse, la formation s’apprécie surtout quand elle balance son pop-glam-métal aussi exubérant qu’attractif. Car l’efficacité est bien le leitmotiv du groupe et du disque : « Shut up and Rock », le single « Forever », « Skate or die » et ses gangs vocals tonitruants, les gars enquillent les tubes aux lyrics aussi insipides qu’entêtants. Mais qu’importe, BBABH n’a pas la prétention de surclasser ses collègues à la dictée mais bien d’offrir un easy-métal divertissant. Vocalement, le timbre de Tony Gambino se rapproche de celui du frontman des Avenged Sevenfold avec un peu moins de charisme et de cachet. Et derrière, ça riff à tout va, soutenu par une batterie métronomique qui sait jouer de la double quand c’est nécessaire.

Dans un autre registre, « I’ve got you » séduit en ballade du disque, avec son piano plus délicat, ses chœurs et en dépit d’un chant très « Jonas Brothers » par moment. Il est suivi de « Rockin’ all night », très typé sleaze-rock, à la production très propre. « Deathwish » est un peu plus sombre avec ses allures de métal symphonique, il est dommage que ses quelques screams soient dispensables. Les quelques séquences de métalcore très A Day To Remember de « Love Nightmare » ne s’intègrent qu’avec peine dans le squelette de chaque morceau, une difformité remarquée sur « Holdin’ Back for nothin’ ». A vouloir trop jouer les durs sur certaines séquences, BBABH finit par nous pondre du mauvais Atreyu.

Feel the power, pour être compris, doit s’apprécier pour ce qu’il est vraiment : le manifeste d’une bande de musiciens qui n’ont d’autres dogmes que celui de l’Entertaining, avec un E majuscule de circonstance. Le divertissement et encore le divertissement. Plus proche de la grandiloquence costumée d’un Black Veil Brides que du « true band » heavy métal des 80’s, il serait tout de même fallacieux d’affirmer que le groupe ne cache rien sous cet emballage sucré qui le recouvre. Car chaque titre est soigné, chaque refrain est efficace, et cette science du chorus bien senti ne fait pas d’un Artiste, l’esclave de son succès mais bien un musicien attentif aux émotions qu’il souhaite transmettre à son public. Pour polir un peu plus son rock,  Blessed By A Broken Heart doit se débarrasser des derniers relents métalcore qui tâchent sa formule. Un album fort en sucre qui ne ménagera pas votre cholestérol mais qui fait du bien par où il passe.

Tracklist:

01. Deathwish

02. Shut Up and Rock

03. Love Nightmare

04. Forever

05. Thunder Dome

06. Holdin’ Back For Nothin’

07. I’ve Got You

08. Rockin’ All Night

09. Scream It Like You Mean It

10. Skate or Die

11. Innocent Blood

12. Sleepless Nights

Kevin Dufrenoy