Cave Of The Moron – « Kids On The Run »

Sans mécanique promotionnelle excessive ni outrecuidance relative à bon nombre de formations qui versent dans le revival punk-hardcore, Cave Of The Moron, issu des cendres des mort-nés Orphans, nous présente Kids on the run, son premier EP. Plus qu’un EP même : un concept, la formation s’amusant à nous emballer le dît objet sous l’étiquette « Cave of the Moron a joué 1 concert et a enregistré 1 EP ». Une épithète, en forme d’épitaphe, insolite mais propice à générer le buzz et la curiosité, apposé sur une aussi étrange que sympathique.

Mais quid du contenu sous cellophane ? Le disque débute avec « Waste », sorte d’introduction à la séance d’écoute, caractérisée par ses riffs très lourds, ses séquences dissonantes en background, et ses screams à la limite de la rupture. Le substantif « Waste » est répété de manière métronomique avec autant de flegme que de rage. Le concis « God is idle » débarque dans la foulée et, immédiatement, les influences old school du groupe se font sentir. Point de breakdown et de thug part ici, Cave Of The Moron lorgne surtout du côté du bon vieux hardcore new-yorkais avec un timbre de voix proche de celui d’un Frank Carter, ex frontman des Gallows.

A mesure qu’avance l’écoute, les guitares s’épaississent, affichant parfois un surprenant accent métal dans la reverbe tandis que le spectre de Minor Threat hante les vociférations du frontman. Ajoutez à cela un peu de gang vocal et l’écoute s’en trouve encore sublimée. « Cheap Witch » est à mon sens le meilleur titre de cette galette. Un morceau aux allures de « single » avec ses lyrics faciles à retenir, et l’entêtant scandé « Kids on the run ! », et ses séquences voix doublées en fin de titre. « Cheap Witch » synthétise véritablement l’essence de Cave of the Moron. « Fudge Princess » à tendance à se noyer un peu dans l’ensemble, qui manque parfois d’originalité. Le disque se conclut sur « Cock locker » et son intro en toute délicatesse. Ce qui semble être un harmonica surgit, très en retrait, sous une nappe de guitare grattée avec nonchalance. Le titre revient aux muscles dans la foulée, alternant screams et spoken words punk, avec quelques séquences dissonantes reconnaissables.

Certes, Cave Of The Moron n’aura pas su écarter les écueils inhérents au registre pratiqué : relative facilité du riff ou redondance des lignes de voix. Un ou deux bémols vite compensés par une tripotée de points forts : la formation ne verse pas dans le hardcore « Tough Guys » new school, devenu une véritable lubie musicale depuis deux ou trois ans, et a su trouver l’équilibre entre hommage au hardcore des 80’s typé Youth Crew par moments, et relents de modernité perceptible dans l’épaisseur des guitares et sa production très propre. Un opus décomplexé et de qualité, que je taxerais bien de « très prometteur » pour la suite, mais est-ce que suite il y aura ? C’est une autre histoire…

Tracklist :

1.Waste

2.God is Idle

3.The Barber

4. Cheap Witch

5. Fudge Princess

6. Cock Locker

Kevin Dufrenoy