Coldplay – « Mylo Xyloto »

- 17/11/11 22:00

Coldplay n’est plus à présenter et affiche des statistiques de vente si vertigineuses qu’elles vous retournent l’estomac. Il n’est donc pas étonnant de voir les chroniqueurs s’adonner à un entrainement littéraire et stylistique soutenu avant de livrer leur avis sur chaque nouvelle sortie de la formation. Mon angle sera le suivant : je ne suis absolument pas fan du groupe et pour être tout à fait honnête : je n’ai jamais véritablement souhaité m’y intéresser avant aujourd’hui. Je voyage donc en terre – presque – inconnue et, sans prétention aucune, je pense que ce « statut » confère une objectivité intéressante à mon analyse.

Mylo Xyloto débute par une courte intro d’un peu moins d’une minute qui ouvre le titre « Hurts like Heaven » et ses belles guitares accompagnées de quelques incursions électroniques. Un opening délicieux qui met sur orbite le titre « Paradise ». Peu convaincu à première écoute, je suis finalement tombé amoureux de ce titre presque organique sublimé par son refrain au gimmick terriblement entêtant. La qualité et l’efficacité de ses orchestrations tend plus du côté de Moby – même si je n’apprécie pas du tout celui-ci – que de U2, souvent cité comme mentor du groupe. La beauté de ses chœurs renforce le génie de ce titre. La suite n’est pas avare de réjouissances avec ses incitations à frapper dans les mains comme sur « Charlie Brown » et « Don’t Let it Break Your Heart » avec leur ambiance de stade. Mais Coldplay sait aussi de jouer des cadences et ralentir ses compos. « Us Against The World » et ses airs de ballade au coin du feu et le très acoustique « U.F.O » parviennent à me convaincre à l’inverse de « Up in Flames » qui m’agace avec la voix suraiguë et presque fausse de Chris Martin ou « Up With the Birds » qui s’avère malheureusement dispensable à mes oreilles.

Plus atypique : les titres « Princess Of China » et « Major Minus ». Le premier est un anecdotique duo avec la chanteuse Rihanna. On retiendra davantage le rythme épais et la forte inclinaison électro du morceau que la participation de la demoiselle. Le second, s’il manque foncièrement d’efficacité, séduit par son côté « Beatles sophistiqué ». C’est en tout cas l’impression qu’il me donne avec sa voix masquée et sa rythmique facétieuse à la « Come Together ». « Every Teardrop is a Waterfall », autre single du disque, n’a rien de très convaincant et se montre presque choquant tant il « se laisse vivre » avec sa ligne de voix simpliste – calquée sur la mélodie qui plus est – et son final cafouilleux malgré quelques séquences de guitares inspirées. Un mot sur les quelques interludes de l’album dont le liant est parfois trop implicite et qui peinent à dépasser le statut de simples introductions au titre suivant.

J’ai donc bavardé avec Mylo Xyloto, le nouveau Coldplay, et laissez-moi vous résumer ce qu’il m’a révélé : « Mes auteurs sont de véritables funambules. Avec une adresse qui confine à l’insolence, ils délivrent une pop subtile qui, sur un fil, oscille entre musique de stade et récital intimiste. Trop alambiqué pour être résolument mainstream mais suffisamment formaté pour charmer les radios, je suis une œuvre envoûtante, parfois laxiste, mais qui honore la carrière de mes fondateurs ». Ami lecteur, libre à toi d’établir une correspondance, ou pas, avec les précédentes sorties du quatuor. En ce qui me concerne, l’expérience aura été concluante même si je regrette les absences passagères d’énergie dans les compos, et le laisser aller de certains titres, le groupe semblant sacrifier son côté « rock » au profit d’une inclinaison plus sirupeuse. Une promenade intéressante cela dit.

Tracklist :

01. Mylo Xyloto

02. Hurts Like Heaven

03. Paradise

04. Charlie Brown

05. Us Against The World

06. M.M.I.X.

07. Every Teardrop Is A Waterfall

08. Major Minus

09. U.F.O.

10. Princess of China

11. Up In Flames