Deaf Havana – « Fools and Worthless Liars »

Deaf Havana a changé. Mouvements de line-up importants et surtout nouvelle direction musicale. En quelques années d’existence et à force de remous, le combo britannique à fini par abandonner son costume de groupe post-hardcore ludique pour désormais se concentrer sur l’essentiel : la musique. Et ce n’est pas moi qui le dit mais bel et bien le groupe qui l’exprime dès la première piste de ce Fools and Worthless Liars explicitement intitulée « The past six years ». Un titre acoustique véritablement poignant. Le chant, désormais assurée par le guitariste James Veck-Gilodi, est on ne peut plus maîtrisé et juste avec ce timbre très Brandon Boyd qu’on ne lui connaissait pas. Deaf Havana livre un constat presque plaintif sur son passé et sa naïveté qu’il n’hésite pas à mettre en exergue. Ajoutez à cela un tempo presque Country et des guitares sèches mais puissantes et vous obtenez, d’entrée, le meilleur titre de cette galette. A noter que le titre « Huntington Pier » emprunte le même chemin pour se conclure sur une note plus électrique.

La reste est un peu plus convenu sans être dénué d’intérêt, le groupe empruntant une direction plus pop-punk avec quelques envolées emo-rock, preuve que Deaf Havana à tout de même gardé quelques restes de ce passé qu’il s’évertue à renier aujourd’hui. « Youth in Retrospect » me rappelle les grandes heures de The Audition. « I Will Try » ne respire pas la joie et manque d’efficacité, mais le morceau s’en tire grâce à ses chœurs fédérateurs, pratique désormais courante en Grande-Bretagne depuis l’avènement des Lostprophets et autre The Blackout. « Little white lies » emploie des guitares très U2 et le groupe essai, encore une fois, de faire table rase du passé. Oui, sauf que le refrain sonne très « Friends like these » dans sa ligne de voix. Ces guitares, vous les retrouverez sur le single « I’m a bore mostly » et son pop-rock engagé très Four Letter Lie dans l’esprit. La jeune chanteuse pop Portia Conn rejoindra la formation en guest vocal sur ce titre. « Filth rotten scoundrel » déploie une certaine épaisseur et verse plus dans le Kids in Glass Houses tandis que « Fifty Four » renoue avec l’acoustique avant de se terminer sur une intéressante envolée emo-rock.

Malgré ses quelques défauts notables dont un manque cruel d’efficacité par moment, la formation nous livre une œuvre introspective, sombre et parfois touchante calée entre rock alternatif et Pop-Punk. Ce Fools and Worthless Liars, sublimée par la voix attachante de James Veck-Gilodi, devrait permettre à Deaf Havana de s’ouvrir à un public plus adulte mais risque de décevoir les premiers fans de la formation qui s’attendaient, probablement, à retrouver le post-hardcore juvénile et boute-en-train de leurs débuts. Une démarche plus mûre et plus honnête mais pas encore un gage de succès.

Tracklist :

01. The Past Six Years

02. Youth in Retrospect

03. I Will Try

04. Little White Lies

05. Anemophobia

06. I’m a Bore, Mostly…

07. Hunstanton Pier

08. Filthy Rotten Scoundrel

09. Things Change, Friends Leave and Life Doesn’t Stop for Anybody

10. Leeches

11. The World or Nothing

12. Nelson’s County

13. Fifty Four

Kevin Dufrenoy