Diapsiquir – A.N.T.I.

- 08/08/11 17:58

Diapsiquir.

Un nom qui n’évoquera rien aux nouveaux venus, mais un nom, une éclaboussure d’acide qui pulvérisera ceux qui ont déjà tenté l’expérience. Rejeton bâtard et orphelin d’Arkhon Infaustus (black death de Paris), Diapsiquir cristallise en quelques albums studio tous les travers de la société. Après avoir décrassé quelques oreilles à partir de 2003 avec le bien nommé « LSD » (je passerai sous silence les démos excellentes qui remontent jusqu’en 99), Diapsiquir remet le couvert et prend tout le monde de court en 2005 avec le rouleau compresseur nommé « Virus STN« . Virus qui m’avait alors fait penser que le stupre et la luxure avait enfin trouvé leur chemin et leur représentant musical. La production était meilleure que « LSD » et la décadence encore plus épaisse et subversive. Ecouter Diapsiquir, c’est comme se prendre une grosse mandale dans les gencives, cracher ses dents et se rincer la bouche à la Javel.

6 ans s’écoulent jusqu’à la sortie tant attendue d’ »ANTI« , nouvel opus bouillant, puant le souffre, éructé par Toxic H, ancien gratteux d’Arkhon Infaustus, apportant actuellement son groove malsain chez Kickback.   »ANTI » tout, anti toi, anti moi. La dépravation est de retour sur ma platine. On débute l’album directement par « Ωlow » (savoureux jeu de mots).
Un titre sérieux qui tabasse sans fioriture, et qui pose les bases de ce que sera cet album. Un concentré de haine, de dégout, de fiel, de drogues dures, de prostituées, mâtiné d’inceste. Une belle descente musicale aux enfers. Une plaque de gerbe bileuse âpre et puant la mort. « Ωlow » débute à peine (NOUS REVOILA ! gueulent ils !) que le père Toxic H surprend son monde avec un revirement qu’on croirait tout droit sorti d’un album de Cypress Hill. QUOI du rap ! oseront hurler certains puritains bien trop ancrés dans leur idéal black metal. Car n’en déplaisent à certains, Diapsiquir n’est pas, n’a jamais été et ne sera JAMAIS du black metal ! Preuve en est ce passage totalement déglingué à la gratte sèche accompagné d’un synthé quasi BONTEMPI accompagné d’une voix très Gainsbarrienne. Fort d’une personnalité puisant à la fois dans le black metal, la chanson française, le punk, l’électro minimaliste, le rock mais aussi le rap, le hip hop, la guitare manouche et autres expérimentations progressistes musicales, Diapsiquir mêle tous ces mouvements, dans une insalubrité musicale extrêmement bordélique à première écoute, mais tellement bien organisée au fur et à mesure des écoutes. Diapsiquir est la diversité même. Le point fort du gang est de nouveau présent : des lyrics en français, vomis à notre face de belle manière, audible et suffisamment intelligible pour pouvoir se passer du livret (qui de toute manière ne les contient pas.)

Diapsiquir de quoi ça parle ?  Dégoût de tout, perversion, perversité, Satan, les putes, la coke, les gamins métalleux qui se la racontent derrière l’écran mais qui sont totalement effacés IRL, sans oublier une petite couche de pédophilie, le tout saupoudré de haine, de solitude, et d’une bonne dose d’amertume. Diapsiquir déverse sa bile amère au travers d’une poésie morbide et décadente. Triste allégorie d’une société en plein déclin. Musicalement, Diapsiquir fait des bonds en avant à chaque album. L’écart se creuse considérablement entre « STN » et « ANTI« . Tout est ici bien plus propre, bien plus pro. Paradoxalement, cette amélioration au niveau de la production, de la propreté du son, ne sert qu’à mettre en exergue un univers crasse et morose, cradingue au possible. Les grattes dissonantes et distordues, une basse mortelle et présente assénant lignes sur lignes, une alternance de boite à rythme, batterie, programmation, des loops en veux tu en voilà, des samples, du classique, du chant hurlé, déclamé, gémit, dégueulé, bavé, rapé. Diapsiquir se permet de belles envolées et de majestueux écarts musicaux. Faut être sacrément gonflé pour coller de la mandoline au milieu d’un morceau (« Ennui« ), du clavecin (« Outro« ), ou des lyrics complètement barrés et bavés comme des cinglés (« Fais-le« ).

« ANTI » est un bloc de granit, un monument qui s’écoute d’une traite. Chaque morceau assemblé aux autres forme un tout indissociable qu’il vous faudra appréhender au travers d’un long processus d’écoutes répétées afin d’en saisir toutes les subtilités. Diapsiquir, rafraichissant comme un coup de poing dans la gueule. Diapsiquir. Le mal musical avec un grand S. Toujours plus bas, vers lui et pour lui.
Diapsiquir. Tout est dit.

 

Tracklist :

1. Ωlow
2. Peste
3. Fuel
4. A.N.T.I.
5. Ennui
6. Avant
7. Fais-Le
8. Seul
9. Jet
10. Kmkz
11. Абcoлютний
12. A.M.A.C.C.

 

-Rejiik-

 

Reagir a cette chronique :
16318_400x400
Engel
Chevelle
Gérard Way - Hesitant Alien
Finch-Back-To-Oblivion
Cover July Talk
save the nation
62. Fourth Quarter Comeback - The Only Way We Know EP
58. Chronographs - Nausea EP