I Became The Hero – « Long Forgotten »

Jeune formation New Yorkaise fraîchement propulsée dans la foule interminable et dense des groupes de Métalcore à tendance mélodique, I Became The Hero n’a pas ménagé ses efforts pour parvenir à nous offrir cet EP intitulé Long Forgotten. Après avoir essuyé plusieurs changements de patronymes et de line-up, le combo s’avance désormais solide en se tient prêt à défier la plume des chroniqueurs qui frisent l’indigestion de breakdowns et de growls.

Mais point de trouble stomacal ici, puisque I Became The Hero nous offre un extended-play coloré et maîtrisé. L’écoute débute véritablement avec « Turning back » puisque « Soliloquy » fait malheureusement parti de ces intros dispensables qu’on aimerait ne plus voir prendre la tête des disques. « Turning back » donc, et sa section rythmique musclée. Un titre mené tambour battant alternant chant clair et scream gras, à résonance hardcore par moments, avec son lot de gangs vocals. La grosse satisfaction ici, c’est de sentir un groupe capable de créer de véritables atmosphères et séquences mélodiques sans faire intervenir de claviers. Un fait suffisamment rare en ces temps de « mécanisation » du rock pour être souligné et, de surcroît, apprécié. Les guitares virevoltent et s’imposent totalement décomplexées, rappelant au passage un certain Scary Kids Scaring Kids lors de l’insertion du chant clair.

« Pressing On » suit les traces de son prédécesseur, dépassant même le statut de simple plage de métalcore mélodique, cherchant inlassablement l’harmonie entre tous les ingrédients de sa formule. « Long Forgotten » s’affiche comme le titre le plus heavy de ce maxi, et la présence de Scott Jarzombek de Tripface n’y est pas étrangère, avec sa fin épique et surtout ses vociférations hardcore qui jouent avec un scream parfois plus empâté et convenu. « Travels » conclut cet EP avec brio, en maniant les poncifs certes : double-pédale, courts breakdowns et reverbe obligatoire, mais quelle efficacité ! Les agencements guitares-séquences rythmiques sont impressionnants de maturité et les chœurs en fin de titre, quoiqu’un peu discrets et mixés en deçà de la puissance sonore adéquate, ajoutent encore à l’intensité du morceau et à sa mélodie. Le chant clair est propre, très emocore par moments mais pas sirupeux pour autant. Je ne dirais pas non à quelques compos qui lui feraient la part belle, quitte à passer provisoirement le scream à la trappe.

Moi qui n’hésite pas à pointer du doigt le manque d’indulgence des médias spé vis-à-vis de la scène rock française, je vais, une fois n’est pas coutume, faire une entorse à ce principe. Je m’explique : ce qui fait la force de I Became The Hero c’est cette prédisposition à nous offrir des ritournelles impeccables ou le chant clair sait facilement trouver sa place autour du noyau mélodique du morceau et ses parties plus heavy et criées. Une harmonie difficilement décelable chez la plupart de nos représentants dans l’hexagone, un peu plus poussifs et maladroits dans les enchaînements. La jeune formation américaine peut sereinement regarder vers le haut pourvu qu’elle maintienne ce niveau d’engagement et d’intelligence.

Tracklist:

1. Soliloquy

2. Turning Back

3. Pressing On (feat. Randy Pasquarella of If I Were You)

4. Long Forgotten (feat. Scott Jarzombek of Tripface)

5. Travels

Kevin Dufrenoy