Mondo Generator – « Hell Comes To Your Heart »

- 01/08/12 20:38

Voilà deux ans qu’on attendait la sortie de ce quatrième véritable album de Mondo Generator annoncé pour une sortie fin 2010. Il faut dire que les évènements ont pas mal chamboulé les plans du charismatique leader Nick Oliveri : pendant plus d’un an il a écumé les routes avec ses anciens collègues de Kyuss et en Juin 2011, une soirée qui finit mal et le voilà inculpé pour détention d’armes, refus d’obtempérer et détention (et usage ?) de stupéfiants. C’est donc sans grandes surprises que cet album fut très largement retardé. A dire vrai, je n’y croyais même plus. Mais Nick Oliveri a toujours aimé surprendre et tandis que ses ennuis judiciaires semblent s’arranger, il nous avertit en début d’année qu’il quitte Kyuss Lives avant la sortie d’un hypothétique album et juste à temps pour échapper à un autre procès qui cette fois-ci met en cause John Garcia et Brant Bjork de Kyuss Lives, attaqués par Josh Homme (Kyuss, Queens Of The Stone Age, Them Crooked Vultures, etc.) et Scott Reeder (Kyuss, The Obsessed) pour utilisation frauduleuse du nom et de la marque Kyuss. Alors que le climat actuel autour de Nick Oliveri rappelle étrangement Santa Barbara, celui-ci nous présente Hell Comes To Your Heart premier véritable album de Mondo Generator depuis Dead Planet dont la première version date de 2006. Précisons le, cet album a été enregistré en 3 jours seulement et contient des guests absolument jubilatoires, on y reviendra plus tard.

Malgré le revival stoner plus qu’à la mode ces temps-ci, Nick est resté fidèle à son punk d’origine à la fois tranchant et rock n’roll à souhait. On sent cette envie de rock qui tâche dès les premiers accords. On est en terrain connu, rien de neuf sous le soleil mais les morceaux s’avèrent d’une rare efficacité. Certains regretteront le mixage très basique et ce côté presque amateur mais cela donne un certain charme à l’ensemble. On retrouvera donc tout au long de l’album une production rugueuse et vintage au possible. La voix de Nick est très majoritairement criée et rares sont les accalmies alors même que l’on sait M. Oliveri capable de jolies prouesses vocales comme en attestent certains de ses titres de l’époque Qotsa (Auto Pilot en haut de liste) ou sa récente collaboration avec Rescue Rangers (sur le fameux « Creeper, The One Who Creeps »).

L’album oscille naturellement entre les titres speed, violents, presque hardcore n’roll comme « Dead Silence », « The Way I Let You Down », « The Dirt Beneath » ou « Night calls » et d’un autre côté des titres plus lents, hommage aux influences Sabbathiennes de Mondo Generator. Un gros coup de cœur pour le très noisy « Burn The Bridge » qui réconcilie Nick avec les saturations grasses et sales, l’un des rares titres où sa voix arrive à se poser pour plus d’émotions. On retrouvera des relans presque stoner et en tous cas très proches du premier album sur « The Last Train ». Il convient de revenir un peu plus sur ce titre puisque Nick Oliveri réussit le pari fou de réunir Josh Homme et John Garcia au chant ! Leur dernière production commune remonte a plus de 10 ans et vu leur procès en cours, on doute fort que d’autres collaborations voient le jour. Parmi les autres invités de luxe de cet album, citons CJ Ramone (doit on préciser dans quel groupe il officiait ?) ou encore Black Dhalia (The Dwarves).

S’il ne devait rester qu’un seul titre, ce serait assurément « Won’t let Go ». Il s’agit là du titre le plus original, le plus barré et le plus réussit de l’album. Rien à jeter. C’est du grand Mondo Generator comme on l’aime, un style unique et indéfinissable, perdu entre punk, stoner, hardcore, rock n’roll et noise. Sur Hell Comes To Your Heart, la personnalité du groupe est évidente, seul un versant très noisy, efficace et speed du punk/stoner est mis en avant. Les compositions rappellent sans aucun doute possible Wretch de Kyuss et on sent que l’année passée sur les routes avec ses anciens compères a donné envie à Nick de redonner dans la ligne de basse grasse et puissante. Si l’album met assez peu en avant les capacités vocales d’Oliveri, son talent de bassiste lui est plus audible que jamais. Malgré cela, on ressent pour la première fois tout l’apport de Ian Taylor à la guitare qui ne se contente plus d’accompagner Nick mais clairement d’apporter sa touche et sa vision musicale aux morceaux. Il s’éloigne au maximum du jeu de Josh Homme en prenant une direction très rock n’noisy des plus agréables. Rajoutons que les fans retrouveront sur cet album un titre déjà connu depuis un bail : « Like The Sky » anciennement enregistré en version acoustique il y a quelques années. Mention spéciale à la lead guitare des refrains qui apporte un plus indispensable à la chanson qui passe de « bon titre » au statut de « petite perle ». Ils reconnaitront aussi les compositions parues sur l’EP Hell Comes To Your Heart l’an dernier, sorte de teaser de l’album dans sa version finale.

Le premier maillon faible de l’album sera le très pop punk « This Isn’t Love » qui ne doit son salut qu’à une très bonne piste de chant car pour le reste, soyons honnête, le titre est plutôt fade. Il faut attendre le break pour voir une once originalité faire son entrée et très franchement ça n’a guère le goût que l’on attendait. On notera aussi certains titres pseudo ratés surfant sur cette envie de pop punk rock comme Central « Nervous High School » ou dans une bien moindre mesure « Smashed Appart ». Pourquoi pseudo ratés ? Et bien parce qu’il y a de vraies bonnes idées, des passages particulièrement jouissifs mais que la sauce ne prend jamais tout le long du titre. Dommage.

Du haut de ses 37 minutes, Hell Comes To Your Heart offre ce que tout fan de Mondo Generator cherche à entendre et rien de plus. Comme d’habitude il fera des frustrés qui détesteront cordialement cet énième album décidant que rien au monde ne vaut Cocaïne Rodeo ou que Mondo Generator s’est décidément bien trop éloigné de Qotsa pour avoir un quelconque intérêt. Je ne fais pas parti de ceux là. Plus que jamais à la croisée des genres et avec un son plus personnel et homogène, cet album satisfait amplement. Nick Oliveri semble enfin avoir trouvé la formule qui manquait ces dernières années à Mondo Generator. Sans chercher à écrire des masterpieces ou à faire plaisir à une partie précise de son public, on sent que cet album est sincère et ça, ça n’a pas de prix.

 

Tracklist :

01. Dead Silence

02. The Way I Let You Down

03. Burn the Bridge

04. Won’t Let Go

05. Like The Sky

06. This Isn’t Love

07. The Dirt Beneath

08. Hang ‘em High

09. Central Nervous System High School

10. Smashed Apart

11. Night Calls

12. The Last Train

 

Matthieu Giordano aka Cellar Door.

 

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